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Le Soutien de l’Iran aux Milices de l’Armée et l’Intervention au Soudan

 Le soutien de l'Iran aux milices armées et son intervention au Soudan font du coût de l'armée soudanaise la cinquième milice pour l'Iran dans la région, après ses mandataires au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen 


L’incident des drones iraniens pénétrant au cœur du conflit au Soudan révèle l’ouverture d’al-Burhan et de son gouvernement à des relations avancées avec l’Iran, profitant de l’atmosphère de détente instaurée dans les relations entre les pays arabes comme l’Arabie saoudite et l’Égypte avec Téhéran. En d’autres termes, l’environnement arabe qui s’opposait à la nature des relations de Khartoum avec Téhéran à l’époque de Bachir pourrait théoriquement ne pas s’opposer à une forme de relations entre le Soudan et l’Iran.

Alors que des rapports et des accusations des Forces de soutien rapide et des Forces pour la liberté et le changement évoquent le retour de la tendance islamiste pour exercer une large influence au sein du système politique dirigé par al-Burhan, l’option iranienne choisie par ce dernier pourrait puiser dans une justification idéologique islamique qui aligne les islamistes soudanais sur le système de la République islamique à Téhéran. D’autant plus que les Frères musulmans dans la région, à l’exception de la branche syrienne, avaient cultivé des relations étroites avec Téhéran qui ont reculé à certaines étapes sans se transformer en éloignement absolu. Cependant, l’incitation principale pour al-Burhan de renouer avec l’Iran réside dans le besoin de l’armée en armes capables de faire une différence qualitative dans les batailles en cours contre les Forces de soutien rapide.

L’armée soudanaise s’appuie sur des drones iraniens qui se sont avérés efficaces dans diverses zones de conflit, notamment en Ukraine au profit de l’armée russe. En plus de l’incitation militaire, al-Burhan cherche à s’ouvrir à une alliance politique avec les partisans de l’Iran comme la Chine, la Russie et d’autres pays. Cela fait de l’armée soudanaise la cinquième milice pour l’Iran dans la région, suivant ses mandataires au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen.

Il n’est pas surprenant que l’Iran se précipite pour intervenir à travers ses drones et d’autres types d’armes dans la guerre au Soudan. Cela fait partie de l’abc de la politique étrangère iranienne, qui bénéficie toujours des conflits internes et des divisions de l’Irak au Yémen, en passant par la Syrie et le Liban, pour trouver sa place et son statut au sein des pays de la région. De plus, Téhéran reprend des relations qu’il savait investir et gérer auparavant pendant l’ère de Bachir, et il est facile de les réactiver, notamment avec la demande du Soudan cette fois-ci.

Pour l’Iran, le Soudan représente une opportunité de concurrence géostratégique au sein d’un pays d’une grande importance en termes d’emplacement, de ressources, de rôle et de fonction en Afrique et dans le monde. Certes, les pays régionaux et internationaux travaillent depuis des décennies à renforcer leurs intérêts au Soudan et avec chaque régime politique qui a dirigé le pays depuis son indépendance. Cependant, le pays représente également une opportunité supplémentaire pour l’Iran d’avoir une autre présence en Afrique d’une part, et dans la mer Rouge d’autre part, notamment au milieu du débat sur son influence sur la mer et ses passages par le biais du groupe des Houthis au Yémen.

Cependant, les ambitions de l’Iran au Soudan et dans la mer Rouge sont également liées aux possibilités militaires et de règlement du conflit actuel. Alors que les options de paix reculent en raison de la complexité de tenir une réunion entre al-Burhan et Hemeti et de l’annonce le mois dernier du ministère soudanais des Affaires étrangères gelant l’adhésion du Soudan à l’organisation de l’IGAD parrainant les pourparlers de paix, affirmant que « Khartoum n’est pas liée ni concernée par tout ce qui émane de l’organisation concernant le Soudan, » cela ouvre un large espace pour les armes iraniennes à intervenir largement dans les batailles des combattants.

L’intervention de l’Iran pourrait contribuer à motiver les parties au conflit, les puissances régionales et les forces internationales à développer des outils pour parvenir à un règlement politique. Cependant, l’intervention ajoute une complexité supplémentaire à la crise soudanaise, car elle provoque les pays voisins ou intéressés par les affaires soudanaises, et elle pourrait attirer davantage d’interventions militaires étrangères dans le conflit soudanais. Cependant, le facteur iranien au Soudan soutenant l’armée contredit les positions occidentales, en particulier américaines et britanniques, qui ont toujours exprimé leur soutien aux Forces pour la liberté et le changement pour établir la démocratie au Soudan.

Il est à noter que Téhéran et Khartoum n’ont pas révélé directement et explicitement la nature et le niveau de leur coopération, ni l’Iran n’a divulgué de position officielle sur le conflit au Soudan. Il est évident que Téhéran, qui a conclu un accord avec Riyad en mars 2023 et qui est en train de développer ses relations avec Le Caire, aborde le dossier soudanais avec prudence, sagesse et sensibilité pour ne pas provoquer les pays de la mer Rouge ou susciter des inquiétudes pour l’Arabie saoudite et l’Égypte, toutes deux dominant la mer Rouge, et toutes deux ayant adopté une position neutre dans le conflit actuel avec les Houthis au Yémen. Le mystère de la présence irano-soudanaise soulèvera des questions sur ses transformations potentielles concernant Israël de la part d’un État qui a adhéré aux accords d’Abraham et permet à l’Iran d’apparaître après le Yémen sur la mer Rouge.

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