Exclusif

Les Forces de Soutien Rapide redessinent une nouvelle réalité au Soudan


Une nouvelle réalité militaire et politique est en train de se dessiner au Soudan, alors que les Forces de Soutien Rapide remportent des victoires sur le terrain, incitant des forces hésitantes ou celles qui avaient initialement montré leur soutien à l’armée à reconsidérer leurs calculs. Ces derniers jours, les Forces de Soutien Rapide ont réussi à étendre leur influence sur plusieurs fronts et ont pris le contrôle de bases de l’armée dans les régions du Darfour, du Kordofan et de Khartoum. Elles se préparent actuellement à se diriger vers El Fasher, la capitale de l’État du Nord-Darfour.

Des sources soudanaises ont révélé que les positions des mouvements armés sont fluctuantes. Certains se sont ouvertement rangés du côté des Forces de Soutien Rapide, tandis que d’autres restent encore hésitants dans leur soutien. Certains mouvements qui semblaient initialement proches de l’armée tentent désormais de s’en distancer après avoir réalisé qu’ils étaient dans le même sac que les vestiges du régime d’Omar al-Bachir. Ils pourraient perdre leurs acquis après la chute de son régime et se retrouver dans un scénario répétitif si les vestiges remportent une victoire militaire, ce qui est peu probable compte tenu de la réalité sur le terrain actuelle.

Les mêmes sources ont souligné que certains mouvements armés originaires de la région du Darfour, qui sont restés neutres depuis le début de la guerre, pourraient faire face à un dilemme politique si les Forces de Soutien Rapide parviennent à imposer leur plein contrôle sur la région après leurs victoires militaires. Ils pourraient être soumis à des pressions ou à des confrontations avec les Forces de Soutien Rapide s’ils ne parviennent pas à changer leur position.

Les sources ont anticipé des changements dans les positions de certains mouvements armés, ce qui pourrait conduire à davantage de défections au sein d’entre eux. Cela est dû aux positions variables à l’égard de l’armée et des Forces de Soutien Rapide. Il y a des dirigeants qui souhaitent miser sur ces dernières après leur succès militaire au Darfour. Avec un règlement politique, les Forces de Soutien Rapide deviendront une force importante au Soudan, contrairement au leadership de l’armée, dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhan, dont l’avenir militaire et politique reste incertain.

 

Il convient de noter qu’il y a eu récemment des prises de position significatives de la part de certains mouvements armés, notamment dans la région du Darfour, tels que le Mouvement de Libération du Soudan, dont le leader et le gouverneur de la région, Minni Minnawi, a confirmé son contact continu avec les « frères » des Forces de Soutien Rapide. Quelques jours plus tôt, le Mouvement de Libération du Soudan, une faction dirigée par Minni Minnawi, et le Mouvement pour la Justice et l’Égalité, dirigé par Jibril Ibrahim, se sont distanciés d’une déclaration des mouvements armés signataires de l’accord de paix, qualifiant les Forces de Soutien Rapide de « milices rebelles » et appelant à leur « responsabilité. »

Le communiqué des deux mouvements souligne que la déclaration commune des mouvements participant au Forum consultatif de Djouba n’a pas été discutée et élaborée par l’ensemble des organisations mentionnées. Ils affirment que la déclaration a été publiée à un moment inapproprié et ne soutient pas les efforts visant à résoudre la crise nationale et à mettre fin à l’effusion de sang. Les mouvements précisent que la déclaration ne les représente pas et profitent de l’occasion pour appeler à promouvoir l’esprit de travail organisationnel, à renforcer les alliances et à favoriser les pratiques politiques en cette période cruciale de l’histoire du Soudan.

Les observateurs estiment que ces positions reflètent le début d’un changement par rapport aux développements en cours au Soudan, et les mouvements armés surveillent de près la situation sur le terrain, car elle façonnera leurs orientations futures.

Les forces civiles semblent adopter une approche moins prudente, et certains de leurs dirigeants sont ouvertement en désaccord avec les Forces de Soutien Rapide. Cela s’est manifesté dans les déclarations récentes de personnalités éminentes de l’Alliance pour la Liberté et le Changement, comme Yasser Arman, qui a exprimé l’espoir que les Forces de Soutien Rapide utilisent leurs réalisations pour des objectifs stratégiques à long terme, indiquant la neutralisation des vestiges de l’ancien régime.

Les forces civiles sont en accord avec les Forces de Soutien Rapide en ce qui concerne les vestiges du régime précédent. Les deux parties considèrent que les vestiges sont responsables de l’ignition de la guerre en cours depuis le 15 avril, dans le but de manipuler la situation et de revenir sur le devant de la scène. Les analystes estiment que, bien que les forces civiles essaient de se présenter comme la troisième équation de la scène soudanaise et travaillent à former un front large, elles sont en réalité plus proches des Forces de Soutien Rapide.

Ash-Shafei Adeeb, analyste politique soudanais, explique que les composantes militaires actuellement engagées dans la guerre ne sont pas alignées sur les forces civiles. Ces dernières ont toujours des préoccupations selon lesquelles l’armée au Soudan ne souhaite pas céder le pouvoir aux civils ni contribuer au succès de la transition démocratique. Les partis civils et les forces sont convaincus qu’ils doivent attendre l’issue des négociations en cours à Djeddah pour déterminer leur position politique.

Adeeb ajoute que la transition démocratique au Soudan est confrontée à d’énormes défis et qu’il pourrait ne pas y avoir une transition qui correspond aux aspirations des forces civiles. Par conséquent, la relation entre les forces civiles et les composantes militaires ne sera pas au mieux, et cela dépend des positions de certaines forces qui penchent d’un côté ou de l’autre.

Les observateurs de la situation soudanaise estiment que le champ de bataille demeure le point critique pour déterminer la trajectoire politique au Soudan. Ils notent que l’équilibre des forces sur le terrain penche actuellement nettement en faveur des Forces de Soutien Rapide, malgré les pressions extérieures visant à stopper leur avancée.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exprimé sa profonde préoccupation face aux rapports faisant état d’une attaque imminente à El Fasher, au Darfour du Nord, au Soudan. Il a appelé les parties en conflit à cesser immédiatement toute nouvelle attaque et à respecter leurs obligations en vertu du droit humanitaire international concernant les civils.

Les données suggèrent que les Forces de Soutien Rapide ont l’intention de prendre le contrôle d’El Fasher, la capitale de l’État du Darfour du Nord. Les observateurs estiment que la pression américaine provient de la compréhension de Washington que le contrôle d’El Fasher signifierait le renforcement des gains des Forces de Soutien Rapide et, par conséquent, elles auraient la capacité pratique d’imposer leurs conditions pour la paix.

Le vice-commandant des Forces de Soutien Rapide, Abdelrahim Dogolo, a annoncé dans une vidéo mercredi le mouvement pour prendre le contrôle de tous les États du Soudan et de toutes les bases de l’armée dans le pays. Cela faisait suite à leur prise de contrôle de la 21e Division dans la ville de Zalingei, capitale de l’État du Darfour de l’Ouest. Dogolo a appelé le commandant de l’armée soudanaise à se rendre, lui disant : « Il ne vous reste rien… il n’y a pas d’armée qui combat. Vous défendez maintenant le Commandement Général depuis le sous-sol, et chaque jour, nous avançons, et nous le reprendrons de vous. » Les Forces de Soutien Rapide avaient annoncé mardi qu’elles avaient pris le contrôle de la 21e Division, le quartier général de l’armée dans la ville de Nyala, capitale de l’État du Darfour du Sud, la deuxième plus grande ville du Soudan après Khartoum, et le commandement central de l’armée dans les régions de l’ouest. Dogolo a exhorté Burhan à « lever la main » sur les forces armées et a appelé ceux qu’il a décrits comme les éléments de l’ancien régime au sein de l’armée à se rendre.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page