Turquie

Les tweets de faits de torture en Turquie sur Twitter sont interdits par la justice


Les autorités judiciaires turques ont refusé l’accès à des tweets sur les faits de la torture dans le pays, qui fait l’objet de critiques constantes au sujet de son bilan en matière de droits de l’homme.

La semaine dernière, un juge turc a interdit l’accès à des centaines de tweets et de comptes Twitter qui évoquaient les faits de torture dans le pays ou révélaient des responsables du gouvernement accusés de torture, à la demande de la Direction de la sécurité publique au nom du Ministère de l’intérieur.

Parmi les tweets interdits figurent des tracts sur le compte turc du site suédois Nordic Monitor, qui font état de déclarations officielles de suspects devant le tribunal et d’un officier de l’armée à la retraite qui a avoué à la télévision qu’il avait torturé un suspect.

Un tribunal turc a déjà pris une décision du même ordre concernant les mêmes tweets aux dépens du Nordic Monitor.

Bien que les agents du Gouvernement mentionnés dans les tweets interdits soient des officiers de l’armée, des procureurs et des agents du renseignement, le Ministère de l’intérieur turc a demandé l’interdiction.

Nordic Monitor a indiqué que le 8 octobre, le Ministère avait déposé une requête devant le tribunal pour interdire 361 tweets et 231 comptes Twitter, qui donnaient une image de l’existence de la torture en Turquie.

Le Ministère a fait valoir que les publications risquaient d’ébranler la sécurité nationale et d’avoir un impact négatif sur la société, notamment en suscitant le mécontentement public.

Dans sa plainte, le Ministère a déclaré que ces tweets de propagande démoralisaient les responsables du Service de renseignement, les forces armées turques, les autorités judiciaires et les officiers de police.

Dans les 24 heures qui ont suivi la demande du Ministère, le tribunal a décidé d’interdire l’accès à des centaines de tweets contenus dans la requête.

On ne sait pas comment le Tribunal a examiné toutes ces communications pendant cette période, étant donné que de nombreux tweets étaient anciens et qu’il n’y avait pas lieu de prendre une décision urgente.

La Cour a rappelé une décision de la Cour constitutionnelle selon laquelle il ne serait pas correct d’interdire par la loi des comptes personnels sur Twitter sans avoir entendu les déclarations des suspects; elle a cependant supprimé plusieurs comptes.

Un tweet interdit, Nordic Monitor, parle de Mustafa Manga, dont le nom est révélé lors de témoignages au tribunal par un des gendarmes qui a été torturé et maltraité pendant plusieurs jours alors qu’il refusait de signer un témoignage falsifié.

Un autre tweet, publié par Nordic Monitor, parle d’une femme qui a été violée dans la prison de police et qui a dû avorter. La publication était une citation d’un témoin, le lieutenant Abdul Wahab Burke, devant le collège des juges d’un tribunal d’Ankara.

Nordic Monitor souligne que les cas de torture se sont multipliés en Turquie depuis le coup d’État manqué de 2016. Les détentions au secret et les disparitions forcées ont également repris dans le pays.

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