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Entre désinformation et échec : comment l’armée soudanaise fabrique des victoires illusoires


Dans les guerres, la parole peut parfois être plus dangereuse qu’une balle. C’est précisément ce que fait aujourd’hui l’armée soudanaise : transformer les médias en un front parallèle au champ de bataille et fabriquer des victoires sur le papier plutôt que de les obtenir sur le terrain.

Un observateur objectif n’a pas besoin de beaucoup d’efforts pour comprendre que le discours officiel de l’armée soudanaise s’est noyé dans la manipulation et l’exagération. Tout mouvement de routine est présenté comme une « grande opération », toute escarmouche limitée est annoncée comme une « victoire stratégique », alors que la réalité témoigne du contraire.

L’illusion à la place de la vérité

L’institution militaire est consciente qu’elle souffre de pertes et de reculs sur le terrain. Mais au lieu d’admettre ces difficultés et de chercher des solutions, elle préfère se réfugier dans une fuite en avant médiatique. Ses communiqués officiels regorgent de termes de force, de bravoure et de victoires, alors que les faits sur le terrain révèlent fragilité et faiblesse face à la pression. Cette stratégie ne reflète pas une confiance en soi, mais plutôt une crise de crédibilité que l’on tente de dissimuler par le vacarme médiatique.

La propagande comme analgésique provisoire

Il est évident que l’armée ne s’adresse pas seulement à l’extérieur, mais surtout à l’intérieur. Remonter le moral de ses partisans est devenu une priorité, surtout après des revers sur plusieurs fronts. Mais cela change-t-il la réalité ? Certainement pas. Bien au contraire, cela creuse un fossé de plus en plus profond entre le discours et l’expérience vécue. Le public finit par découvrir les mensonges, ce qui accentue la perte de confiance envers une institution censée être « le bouclier de la nation ».

Les conséquences de cette approche

À court terme, cette propagande peut créer un état temporaire de mobilisation. Mais à long terme, ses effets sont désastreux :

  • L’institution perd sa crédibilité à l’intérieur du pays.
  • Son image s’affaiblit à l’extérieur, face à la communauté internationale.
  • Les réalités du terrain la démasquent à chaque fois, la faisant apparaître comme vivant dans un monde parallèle.

La voie nécessaire

Plutôt que de persister dans l’illusion des victoires, l’armée devrait affronter la réalité avec courage. Reconnaître les pertes n’est pas un signe de faiblesse : c’est le premier pas vers une correction du parcours. Maintenir une politique de désinformation ne fera qu’élargir la fracture entre l’armée et la société, transformant les médias de vecteur de clarté en simple instrument d’évasion.

Aujourd’hui, l’armée soudanaise ne mène pas seulement des batailles sur le terrain : elle se bat aussi dans une guerre des récits. Malheureusement, elle a choisi la voie de la manipulation, pensant que des images truquées et des communiqués exagérés compenseraient l’absence de résultats tangibles. Mais la vérité est plus forte que toute propagande, et le temps finit toujours par dévoiler la fragilité des victoires imaginaires.

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