Les élections anticipées en Irak… Une sortie de crise ?
Le leader irakien Moqtada al-Sadr, mercredi, a demandé à ses partisans de continuer leur sit-in à la Chambre des représentants irakienne à Bagdad, jusqu’à ce que leurs demandes, notamment la tenue d’élections anticipées et des amendements constitutionnels non définis, soient satisfaites, ce qui a soulevé un large débat en Irak parmi ses partisans et ses opposants sur la faisabilité de la réorganisation des élections, dans le contexte et les mécanismes constitutionnels et juridiques qui la régissent actuellement.
Les observateurs et les experts estiment que ces mécanismes doivent être modifiés pour qu’aucune élection à venir ne soit une copie de ses précédents et ne reproduise la crise d’apathie politique que traverse le pays depuis près d’un an.
Dans ce contexte, l’écrivain et chercheur politique iraquien Raad Hashim a déclaré: « Les positions et les idées sur ce qu’a proposé al-Sadr dans son discours sont différentes, mais, d’une manière générale, la plupart des blocs politiques se sont ralliés à lui en ce qui concerne la dissolution du Parlement actuel et l’accord sur de nouvelles élections ».
Hashim a poursuivi : « Personne ne garantit qu’il n’y aura pas de violations et de manipulations, avec l’espoir que les mêmes résultats électoraux passés se répèteront ou se rapprocheront, et que la prépondérance de tel ou tel parti ou de tel autre parti sera éliminée par le fait qu’il sera possible de résoudre le nœud de crises qui s’accumulent et qui envenime le processus politique sur des bases inopérantes depuis le départ, et qui est un pari stérile et futile, nécessitant un accord sur un contrat national parrainé par la communauté internationale pour réformer la structure du processus sur les bases solides d’une nouvelle Constitution ou un amendement des dispositions de la Constitution en vigueur, qui soit à la mesure des besoins du moment ».
Le politologue iraquien s’interroge : « Une autre question tout aussi importante est celle de savoir comment s’accorder pour extirper les visages corrompus, quels sont les critères juridiques qui gouverneront le cours de ce dossier épineux et explosif, et quel rôle l’appareil judiciaire jouera dans sa résolution, étant donné qu’il est prévu que de profondes tensions se manifestent dans ce contexte, voire des affrontements sanglants et des affrontements, avec de nombreux partis qui détiennent des milices armées ».
Mais Raed Al-Azzawi, président du Centre d’études stratégiques Al-Amssar, a déclaré: « Dans le contexte de la crise actuelle, l’appel de al-Sadr à des élections anticipées pourrait être rejeté par de nombreuses autres forces politiques chiites, sunnites et kurdes. Qui peut garantir que ces élections apporteront une nouvelle génération et apporteront des solutions radicales à l’accumulation de la crise politique ? Sera-t-il organisé dans le cadre d’une constitution en dysfonctionnement dont seulement 16 pour cent ont été appliqués, alors que sur un total de 144 articles seulement 21 ont été mis en œuvre, et aucune nouvelle élection ne nous mènera dans le cercle vicieux de la définition du grand bloc et des personnes habilitées à former un gouvernement ?».
Al-Sadr, qui est aussi professeur de relations internationales à l’Université américaine du Caire, ajoute : « Il a une rue, mais pas toute la rue irakienne. Il fait partie de plusieurs rues qui soutiennent les différentes forces politiques. Il n’est pas rare que 75 % des Irakiens n’aient pas participé et n’aient pas voté, principalement. De plus, les Sunnites et les Kurdes pourraient ne pas convenir d’une réorganisation des élections, à moins qu’un nouveau gouvernement soit formé pour amender la constitution, par exemple, ou changer le système électoral et changer la commission électorale».
Ainsi, Al-Azzawi écrit : « Compte tenu de tous ces obstacles et de toutes les entraves majeures que constituent les troubles et les désaccords politiques, qui se traduisent dans les rues, et la profonde fracture entre chiites et chiites, il est très difficile d’aller aux élections anticipées, alors que le dernier processus électoral n’a que neuf mois à peine.
Al-Azzawi soutient plutôt que « les forces politiques devraient maintenir et soutenir le gouvernement actuel, en préparant le changement de certains articles de la Constitution, en particulier ceux qui se concentrent sur la définition du Grand Bloc parlementaire de sorte que l’ambiguïté dans les articles transmis à la Cour fédérale pour qu’elle statue sur eux causent de graves divergences, puis l’adoption d’une nouvelle loi électorale, dans laquelle on pourrait aller aux élections dans le sens où on met la charrue derrière les bœufs, plutôt que l’inverse, en éliminant les désaccords sur les interprétations contradictoires de la Constitution qui ont conduit à cette impasse politique chronique ».
Le mouvement sadriste a été vaincu en Octobre de l’année dernière avec 73 députés sur 329, mais n’a pas réussi à former un gouvernement au cours des derniers mois.
Par la suite, al-Sadr a demandé à ses députés de démissionner, ce qui a déjà été fait et, conformément à la Constitution, ils ont été remplacés par des candidats qui se sont classés en deuxième position dans leurs circonscriptions, ce qui a eu pour effet d’augmenter la majorité des candidats du Cadre de coordination.
Mais samedi dernier, les partisans de al-Sadr ont ouvert un sit-in au parlement irakien pour protester contre la candidature du Cadre de coordination, Mohammed Shia’ Al Sudani, à la présidence du Premier ministre, qu’ils considèrent comme un vassal de l’ancien chef du gouvernement Nouri al-Maliki, l’adversaire de al-Sadr.