Irak: Quel changement apportera l’élection d’Abdellatif Rachid au poste de président?
Une analyse publiée par par le Middle East Institute a mis en lumière la situation politique en Irak après l’élection d’Abdellatif Rachid au poste de président.
L’analyse a montré que, contrairement à la tradition initiée par l’ancien Président Fouad Massoum, le Président sortant Barham Salih n’avait pas participé à la cérémonie d’investiture.
On s’attend à ce que le Premier ministre désigné Mohammed Chia al-Soudani, qui a été nommé par le bloc « Cadre de coordination » dirigé par l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, achève de former son gouvernement dans quelques jours, et le parlement irakien devrait voter dessus, la semaine prochaine.
Le processus de formation du Gouvernement iraquien, qui a commencé immédiatement après les élections anticipées d’octobre 2021, se déroule dans un contexte économique complexe, avec des institutions étatiques affaiblies et avec un processus politique très fragmenté.
Au cours de l’année écoulée, l’Irak a connu de graves troubles politiques, illustrés par deux développements très importants : le passage du compromis à un régime parlementaire à large majorité, ainsi que par les signes d’une « guerre civile ».
Malgré le soutien populaire au gouvernement majoritaire, les principaux partis politiques qui ont appelé à une telle transformation, en particulier le courant sadriste, ont échoué à atteindre l’objectif final, et Moqtada al-Sadr lui-même est démis de la scène politique pour le moment.
Ses prochaines étapes restent incertaines, alors que ses mandants cherchent encore à comprendre pourquoi leur faction, bien qu’ayant remporté la majorité de 73 sièges au Parlement il y a 12 mois, a perdu la possibilité de former un nouveau gouvernement. L’Irak a évité ce qui semblait être un conflit violent et imminent entre chiites au début de l’automne. Cette rencontre a permis à plusieurs facteurs internes, régionaux et internationaux de sauver le pays d’une telle issue.
Booster l’influence
La plupart des analystes politiques s’accordent à dire qu’après l’investiture de Rachid, le cadre de coordination renforcera son autorité dans les grandes institutions de l’État iraquien et à tous les niveaux de la bureaucratie, peut-être aux dépens d’al-Sadr.
Cependant, le processus de formation d’un gouvernement orienté vers l’action politique n’est encore qu’un mois, et personne ne peut être certain que al-Sadr ou sa faction seront finalement expulsés.
Parallèlement, une nouvelle coalition a été annoncée à Bagdad le samedi 15 octobre.
Cette coalition comprend les Forces pour le changement démocratique, de nouvelles entités et un certain nombre d’institutions de la société civile, ainsi que des dizaines de militants et de manifestants impliqués dans la vague de manifestations d’octobre 2019.
Comme l’ont expliqué ses membres, le Conseil représente une nouvelle entité politique pour affronter « les forces politiques traditionnelles et les factions armées qui dominent le pays ». Cette déclaration est l’aboutissement de plusieurs mois de débats passionnés entre les différentes forces, principalement dirigées par des jeunes, sur la manière de répondre aux manifestations d’al-Sadr.
Ces entités ont reconnu qu’il leur fallait consolider et lancer un programme politique durable qui puisse transformer les forces néolibérales de la jeunesse irakienne en une force compétitive électorale.
En dépit des chutes de l’an dernier, l’Iraq continue de progresser sur la voie de la transition politique. Le processus politique en Irak, lancé en 2003, s’appuie essentiellement sur des partis autrefois en exil dont la puissance, le statut et le rôle ont été renforcés par le népotisme régional et des impératifs internationaux.
Néanmoins, le mouvement de protestation d’octobre 2019, les premières élections d’octobre 2021 et les troubles politiques qui ont accompagné la formation du gouvernement depuis lors devraient être considérés comme des développements tactiques sur la voie de la transformation stratégique de l’Iraq. Ce voyage pourrait finalement présenter des résultats concrets au cours du prochain cycle électoral ou des deux.