Politique

Guerre en Ukraine : Kiev évoque des concessions dans un plan semé d’embûches


En réponse à la proposition de la Maison Blanche visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, Kiev a élaboré une contre-offre – qui diverge par certains aspects des exigences du président Donald Trump – tout en laissant la porte ouverte à d’éventuels compromis sur des points jusqu’alors jugés insolubles.

Selon le plan obtenu par le New York Times, il n’y aurait aucune restriction sur la taille de l’armée ukrainienne, une « force de sécurité européenne » soutenue par les États-Unis serait déployée sur le territoire ukrainien pour garantir la sécurité, et les avoirs russes gelés seraient utilisés pour réparer les dégâts causés en Ukraine pendant la guerre.

Ces trois éléments pourraient être inacceptables pour le Kremlin, mais certaines parties du plan ukrainien montrent une volonté de parvenir à un compromis ; par exemple, il n’est pas fait mention d’une restitution totale à l’Ukraine de tous les territoires conquis par la Russie, ni d’une exigence d’adhésion immédiate à l’OTAN – deux points que le président Volodymyr Zelensky avait jusqu’à présent jugés non négociables, selon le quotidien américain.

Donald Trump s’est rendu vendredi à Rome pour assister aux funérailles du pape François samedi. Dans une publication après son arrivée, il a déclaré que la Russie et l’Ukraine étaient « proches d’un accord » et a exhorté les deux parties à se rencontrer directement pour « en finir ».

Plus tôt dans la journée, il avait laissé entendre qu’il pourrait rencontrer Zelensky en marge des funérailles. Un haut responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat, a déclaré que si Zelensky se rendait à Rome, il pourrait tenter de présenter la contre-proposition ukrainienne directement à Trump.

Vendredi, Zelensky a également tenu des propos inhabituellement optimistes par rapport à ses déclarations précédentes : « Dans les prochains jours, des réunions extrêmement importantes pourraient avoir lieu – nous rapprochant du silence sur l’Ukraine », a-t-il déclaré.

Ce serait la première rencontre entre les deux dirigeants depuis la visite de Zelensky à la Maison Blanche en février, au cours de laquelle Trump et le vice-président J.D. Vance avaient vivement critiqué le président ukrainien lors d’une confrontation télévisée au Bureau ovale.

Cette rencontre interviendrait également après plusieurs jours de tensions entre la Maison Blanche et Kiev concernant les contours d’un éventuel accord de paix avec la Russie.

Zelensky a rejeté cette semaine une proposition de la Maison Blanche qui aurait reconnu la souveraineté de la Russie sur la Crimée, annexée en 2014. Mercredi, Trump a accusé Zelensky d’être un « provocateur », affirmant que son refus de céder aux demandes américaines prolongerait « la boucherie ».

Malgré tout, un espace pour les concessions entre Washington et Kiev semble exister, bien que l’acceptation par Moscou reste incertaine.

Que propose l’Ukraine ?

Le nouveau plan ukrainien n’exige pas l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’OTAN – une ligne rouge pour Moscou – contrairement aux positions précédemment défendues par Zelensky.

Le plan indique plutôt que « l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN dépendra du consensus entre les membres de l’Alliance ».

Lors de discussions à Londres et à Paris, les responsables américains ont réaffirmé l’intention de Trump de s’opposer à l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’OTAN, tout en précisant que cela n’engagerait pas de futurs présidents américains.

Lors d’une réunion à Paris, selon un participant, les Américains ont indiqué aux Ukrainiens : « Une future administration pourrait décider de faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN ».

Les responsables américains ont également reconnu qu’aucune restriction ne serait imposée à l’armée ukrainienne, contrairement aux exigences du Kremlin.

Bien que Trump et Vance se soient dits cette semaine favorables à reconnaître la souveraineté russe sur la Crimée, ils ont rassuré Kiev qu’il ne leur serait pas demandé de faire de même, ni aux Européens.

Sur la question territoriale

Depuis février 2022, la Russie contrôle une grande partie du Donbass ainsi qu’un corridor vers la Crimée. Le Kremlin refuse de céder ces territoires.

Dans son plan, Kiev reste vague : il est simplement indiqué que l’Ukraine doit « retrouver sa pleine santé », sans référence explicite à la reconquête de l’ensemble de son territoire.

« Les questions territoriales peuvent être discutées après un cessez-le-feu total et inconditionnel », indique le texte.

Les responsables américains ont jugé irréaliste l’objectif de Zelensky de récupérer toutes les terres occupées. La proposition américaine reconnaît de facto le contrôle russe sur certaines zones, ce que l’Ukraine et ses partenaires européens dénoncent comme une récompense injuste au Kremlin.

Bien que cela représente une concession douloureuse pour Kiev, la Maison Blanche a refusé certaines demandes russes, notamment celle d’un retrait ukrainien total de quatre provinces annexées.

Les responsables américains ont laissé entendre que des échanges de territoires pourraient être proposés pour renforcer les défenses ukrainiennes, sans toutefois pouvoir garantir l’acceptation par la Russie.

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