« Le complexe d’Atatürk »… Où va la Turquie avec Erdoğan ?
Lorsque le Parti pour la justice et le développement au pouvoir en Turquie a perdu, en 2019, de grandes villes lors des élections municipales, il semblait déjà que le Président Recep Tayyip Erdoğan avait été renversé.
Une conclusion établie par le journal français « Le Monde », dans un article de sa journaliste d’Istanbul Marie Guigou intitulé : « Où va la Turquie », dont elle a abordé la situation actuelle de la Turquie à la lumière des politiques d’Erdoğan et de leur impact sur l’avenir du pays et des hommes.
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Le journal estimait que « l’appartenance idéologique d’Erdoğan l’emporte progressivement sur le pragmatisme initial et les initiatives volontaires initiales », et c’est le solde qui lui permet de remporter toutes les élections depuis 2002, bien qu’il ait « évolué vers l’autoritarisme » dans de nombreuses stations.
Au début de sa carrière politique, et même à ses stades avancés, le pragmatisme était un motif important pour être élu – à la fois maire d’Istanbul et futur président – mais un complexe s’est rapidement estompé pour éclipser des gains qui se sont effondrés avec le temps et s’accumuler des erreurs fatales.
Le journal ajoute qu’en revenant en arrière, « le désir d’Erdoğan d’institutionnaliser la puissance de son pays en Europe, dans les ambitions qu’il a exprimées publiquement et à haute voix dans le passé, a en fait conduit l’armée, qui était en mesure de faire obstacle à sa marche vers l’autocratie, à sembler une tactique d’éloignement ».
Pendant 18 ans au pouvoir – y compris plus de 11 ans comme Premier Ministre (2003-2014) – Erdoğan a essayé de laisser une impression illusoire en changeant le pays, mais cela a rapidement semblé être un mirage, un homme qui se vantait d’être un architecte d’un « miracle économique », qui a lui-même plongé son pays dans une crise prolongée et sans fin, en raison de ses guerres verbales, de son idéologie, de ses ingérences extérieures, de ses contacts diplomatiques régionaux et internationaux.
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Le journal affirme qu’il a accompli un exploit, mais qu’il est lui-même l’homme qui mobilise son armée et ses mercenaires sur tous les fronts de la guerre – en Syrie, en Libye, dans le Nord de l’Iraq et dans le Caucase – à tel point qu’il risque d’irriter ses partenaires traditionnels : Europe et États-Unis.
Le complexe d’Atatürk
Le journal évoque également le complexe éternel d’Erdoğan, le fondateur de la République turque Mustafa Kemal Atatürk, où le président turc fait de son mieux pour « laisser une empreinte égale à celle du fondateur de la République ». Mais tout est changé.
Erdoğan, est obsédé par une entrée dans l’histoire chèrement critique pour Atatürk, qui ne cesse de nier son héritage mais dont le temps a changé ces derniers temps. Lors des élections locales de 2019, le Parti de la Justice et du Développement, a perdu plusieurs grandes villes, dont Istanbul et la capitale, Ankara, et Izmir, au profit de l’opposition.
Sa perte s’est considérablement étendue depuis lors, car aux yeux de son peuple, l’équilibre de l’homme semble se refléter dans de fréquents sondages d’opinion montrant l’effondrement de sa popularité et de son électorat.
D’après le journal, « aujourd’hui, en raison de la crise monétaire et de l’inflation qui se creuse dans le centenaire d’une dizaine de bombes, le camp des concurrents d’Erdoğan s’est considérablement élargi ».
Plus de 80 ans après le départ d’Atatürk, celui-ci conserve une place importante auprès des Turcs, beaucoup le considèrent comme l’un des principaux accomplissements – l’unification du peuple turc et la préservation de son identité – et comme le dirigeant du mouvement national turc qui émergea après la Première Guerre mondiale, qui fonda la République moderne de Turquie, annula le califat islamique et proclama la laïcité de l’État.
Un héritage qu’est largement apprécié par les Turcs, ce qui amène Erdoğan à faire face à des accusations internes dans sa quête d’une élimination progressive de l’héritage du fondateur de la République dans tous les domaines de la vie, même si tout le contraire est connu. Certains écrivains turcs se posent la question : «Y a-t-il quelque chose qu’Erdoğan approuve dans l’héritage d’Atatürk ? Selon le journal.
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Manie du Sultanat:
Pour Erdoğan, il n’y a rien de plus important que de restaurer les grandeurs de l’Empire ottoman, même l’illusion du Sultanat a fini par reproduire certains des anciens décors dans ses palais et les uniformes de ses gardes du corps.
D’après le journal, « les critiques d’Erdoğan le décrivent comme un nouveau sultan assoiffé de pouvoir, ayant mis en place un système présidentiel adapté à ses propres objectifs, au point de lui accorder le monopole total des pouvoirs ». Il « désigne tous les ministres et impose la politique monétaire, et c’est lui qui propose aux femmes combien d’enfants il faut avoir ».
Un regroupement des pouvoirs aurait dû être réparti entre plus d’une personne ou un groupe pour promouvoir la démocratie, mais Erdoğan a choisi l’approche de la dictature comme le moyen de réaliser son obsession d’être le « sultan » du monde, en clonant mal le mal et en répétant une histoire qui lui était propre, contextuelle et temporelle.