Turquie

L’expulsion des ambassadeurs… Erdoğan ouvre à la Turquie « les portes de la rage internationale »


Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a ouvert les « portes de la colère internationale » sur son pays après qu’il a demandé aux ambassadeurs de dix pays, dont les États-Unis, de quitter le pays.

Un porte-parole du Département d’État des États-Unis a déclaré, samedi : « Nous sommes au courant de ces informations et nous cherchons à en savoir plus auprès du Ministère turc des affaires étrangères ».

Pour sa part, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères norvégien, Trude Masade, a déclaré aux médias de son pays : « Notre ambassadeur n’a rien fait pour justifier l’expulsion. »

Elle s’engage à « maintenir la pression sur la Turquie en ce qui concerne les droits de l’homme et la démocratie ».

Quant au Ministère allemand des affaires étrangères a déclaré : « Nous menons actuellement des consultations intensives avec les neuf autres États concernés ».

Début de la crise

Samedi, alors qu’il attaquait les ambassadeurs de 10 pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, Erdoğan a déclaré : « Ils vont se coucher et se réveiller en disant « Kavala Kavala », 10 ambassadeurs viennent au Ministère des Affaires Etrangères. Quelle honte ! Que pensez-vous de ce pays? C’est de la Turquie.

Erdoğan a adressé son discours aux ambassadeurs : « Vous ne pouvez pas venir ici et donner des instructions au Ministère des affaires étrangères. J’ai donné des instructions au Ministre des affaires étrangères et lui ai dit ce qu’il fait. Il vous traitera comme des personnes indésirables dès que possible. C’est de la Turquie, vous allez comprendre et vous le saurez dès que possible, le jour où vous ne le comprendrez pas, vous partirez».

Dans une déclaration conjointe publiée par les ambassades de l’Allemagne, des États-Unis, du Danemark, de la Finlande, de la France, des Pays-Bas, de la Suède, du Canada, de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande, 10 ambassadeurs ont demandé la libération de l’homme d’affaires Osman Kavala.

Dans leur déclaration, les ambassadeurs de ces États ont déclaré que ‘’le report continu du procès de Kavala par l’incorporation de différents dossiers et la création de nouvelles affaires après l’acquittement jettent une ombre sur le respect de la démocratie, de l’état de droit et des principes de transparence dans le système judiciaire turc, qui a duré quatre ans’’.

Ils ont ajouté : ‘’Nous estimons que cette question doit être réglée de manière juste et rapide, conformément aux obligations internationales de la Turquie et aux lois nationales’’.

Discréditer la réputation du pays

L’opposition turque a considéré que l’attaque du président Recep Tayyip Erdoğan contre les ambassadeurs de 10 pays étrangers dans son pays, visant à obtenir la libération d’un militant des droits de l’homme, avait « détruit la réputation du pays ».

Ahmet Davutoğlu, chef de l’opposition du parti ‘’Futur’’, a critiqué les déclarations d’Erdoğan au sujet des ambassadeurs et ses menaces de les expulser.

Dans une série de tweets sur Twitter, Davutoğlu a commenté en critiquant les menaces d’Erdoğan : ‘’Le discours du combat de rue a remplacé l’esprit de l’État. Vous faites du mal au pays’’, en parlant du président.

L’ancien Premier Ministre a ajouté que la proclamation de 10 ambassadeurs indésirables n’avait rien à voir avec Osman Kavala ni avec l’indépendance du pouvoir judiciaire. Si tel avait été le cas, le pasteur américain Andrew Brunson ne serait pas resté en contact avec l’ancien président Donald Trump, et il n’aurait pas laissé les Turcs d’origine allemande Deniz Yücel à la demande de la chancelière sortante Angela Merkel.

Il ajoute : ‘’Nous devons tous nous opposer aux ingérences internes et externes contre les décisions de notre juge indépendant, mais ce gouvernement a créé l’impression que notre système judiciaire peut fonctionner avec les instructions d’autres capitales’’.

Il a ajouté : ‘’Ce gouvernement qui a maitrisé la loi, transformé la politique étrangère en accords et détruit la réputation de notre pays. Quand on donne à Kavala le droit à un procès juste et indépendant auquel tous les citoyens ont droit, d’autres capitales se taisent !’’.

Il poursuit : ‘’Pourquoi tant d’empressement à provoquer la plus grande crise diplomatique de notre histoire avec les pays dont nous exportons le plus? Vos citoyens doutent de votre équité, mais votre juge et votre pays n’ont aucune crédibilité. Hélas!’’.

De même, le journaliste turc Ismail Saymez a dénoncé l’appel d’Erdoğan à un ministre des Affaires étrangères pour déclarer les ambassadeurs de 10 pays européens des personnes indésirables.

1000 jours dans la prison sans aucun procès !! c’est Osman Kavala

Dans un tweet, Saymez a dit : « D’après le Président de la République, si 10 ambassadeurs de personnes indésirables sont déclarés, nos ambassadeurs seront soumis à la même procédure dans ces États, en vertu du principe de réciprocité ».

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