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Le Pacte Fondateur du Soudan : 32 articles définissant les contours du « nouvel État »


Les partenaires de l’Alliance du Soudan Fondateur, « Tassis », ont entamé dimanche dans la capitale kényane, Nairobi, des consultations en vue de former un gouvernement de « paix et d’unité », dont l’annonce est prévue depuis l’intérieur du pays. Ces discussions portent également sur les modalités de gouvernance, notamment le Conseil de souveraineté, le Conseil des ministres et le Parlement. Les réunions de consultation, toujours en cours, ont ainsi débuté.

Le président du Front révolutionnaire, Al-Hadi Idris, a déclaré que « le gouvernement sera annoncé dans les prochains jours depuis le Soudan ». De son côté, le président du comité technique de la conférence de Nairobi, Ibrahim Al-Mirghani, a affirmé leur volonté de faire du pacte signé une base pour l’établissement d’un gouvernement consensuel, qui sera annoncé depuis le pays.

Les parties prenantes de l’Alliance du Soudan Fondateur avaient préalablement signé un pacte politique en vue de la formation du nouveau gouvernement.

La session de clôture a vu la participation du vice-commandant des Forces de soutien rapide, Abdel Rahim Dagalo, du chef du « Mouvement populaire – Nord », Abdel Aziz Al-Hilu, du chef du « Mouvement pour la justice et l’égalité – Faction Suleiman Sandal », du « Rassemblement des forces de libération du Soudan » dirigé par Al-Tahir Hajar, ainsi que de dirigeants du « Front révolutionnaire ». Le président du Parti national Oumma, Fadlallah Burma Nasir, était également présent.

Ont aussi pris part aux discussions le président du secteur politique du « Parti Unioniste Originel », Ibrahim Al-Mirghani, le chef du Parti « Les Noirs Libres » de l’est du Soudan, Mabrouk Mubarak Salim, le président du « Congrès Beja » d’opposition, Oussama Saïd, ainsi que des intellectuels, des chefs traditionnels, des leaders religieux et des représentants des confréries soufies.

Souveraineté de l’État soudanais

Vingt-quatre entités et partis politiques ont signé le pacte fondateur, qui réunit des partis politiques et des mouvements armés opposés aux politiques répressives d’Al-Burhan, ainsi que des chefs traditionnels et des organisations sociales soutenant les Forces de soutien rapide au Soudan.

Le pacte met en avant une « identité soudanaise » fondée sur la diversité historique et contemporaine, et repose sur les principes de liberté, de justice et d’égalité.

Les articles du pacte

Le pacte repose sur deux piliers :

  1. Les principes généraux, qui comportent 32 articles.
  2. Les motifs de formation du « Gouvernement de paix transitoire », répartis en deux axes :
    • Motifs nationaux
    • Réalisations de la paix et de la sécurité internationales

Parmi les principales dispositions du pacte figure l’établissement de l’État soudanais sur le principe de « l’unité volontaire de ses peuples et de ses régions ». Il stipule que « l’État exerce sa souveraineté au nom des peuples soudanais, garantissant ainsi la préservation de son indépendance politique et économique, ainsi que la protection des intérêts de ses citoyens sans discrimination », selon le texte consulté par Al-Sharq.

Interdictions du pacte

Le pacte interdit « la création de tout parti ou organisation politique sur une base religieuse, ainsi que la propagande politique fondée sur des critères religieux ou raciaux ».

Il stipule également que « la nouvelle armée, dès sa fondation, sera soumise à une supervision et un contrôle civils, et devra refléter la diversité régionale du Soudan ». Il prévoit aussi la création « d’un service de renseignement professionnel et indépendant, n’étant affilié à aucun courant idéologique, politique ou partisan ».

Engagement envers la justice

Le pacte insiste sur « la nécessité de s’engager en faveur de la justice, de la responsabilité historique et de la fin de l’impunité, tout en criminalisant toutes les formes d’extrémisme, de coups d’État militaires et d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques ».

Il précise que la formation du « Gouvernement de paix transitoire » vise à mettre fin à la guerre, « instaurer une paix globale et durable, protéger les civils et l’aide humanitaire, et rétablir la trajectoire démocratique ».

Consensus national

Le porte-parole de la délégation des Forces de soutien rapide, Mohammed Mukhtar, a qualifié cet événement de « réalisation majeure qui n’a jamais eu lieu au Soudan depuis son indépendance en 1956 ».

Il a ajouté : « Le nouvel État est actuellement en phase de construction et de fondation, sur la base de la justice et de l’égalité, en tenant compte de la diversité et de la pluralité, réhabilitant ainsi les régions marginalisées du Soudan et remettant le pays sur la bonne voie au sein de la communauté internationale, en tant qu’État souverain et respecté. »

Mukhtar a estimé que « ce qui s’est passé à Nairobi constitue une démonstration politique et un large consensus national rassemblant toutes les forces politiques, civiles et traditionnelles, les organisations de la société civile et les différentes composantes du peuple soudanais dans toute sa diversité ethnique, tribale et géographique ».

Le Pacte fondateur du Soudan représente ainsi un tournant historique dans le cheminement du pays vers la démocratie et la paix. Il a été proclamé pour offrir une vision globale de la construction d’un nouveau Soudan fondé sur les principes fondamentaux de justice, d’égalité et de respect de la diversité.

S’articulant autour de 32 articles, ce pacte consacre la primauté du droit et des institutions, interdit la discrimination et promeut l’éducation nationale.

Il constitue une référence future pour toutes les institutions souveraines du Soudan, en plaçant le citoyen au cœur du processus politique et en définissant les mécanismes de gouvernance démocratique et décentralisée.

À travers ce pacte, le Soudan vise à affirmer son identité nationale et à assurer une répartition équitable du pouvoir et des ressources, contribuant ainsi à la construction d’une société unie et prospère. Il a également pour objectif de mettre fin aux conflits et aux divisions, tout en apportant des solutions aux crises historiques de gouvernance qui n’avaient pas été résolues dans les documents précédents en raison de la mainmise de l’armée sur le pouvoir.

Principes fondamentaux

Les principes généraux du Pacte fondateur du Soudan reposent sur le concept d’unité volontaire et reconnaissent que la souveraineté appartient au peuple, source principale du pouvoir.

Ils prévoient la fondation d’un État démocratique laïc et décentralisé, qui reconnaît la diversité. Le pacte interdit la création de partis politiques sur une base religieuse ou raciale et accorde le droit à l’autodétermination en cas de non-respect de la laïcité ou de violation de principes constitutionnels fondamentaux.

Les principes politiques mettent également l’accent sur l’égalité des droits des citoyens, la reconnaissance de l’identité soudanaise fondée sur la diversité et la gestion de la capitale nationale comme un reflet de cette diversité.

Le système gouvernemental

La charte reconnaît la nécessité d’établir un gouvernement décentralisé fondé sur la reconnaissance du droit fondamental de toutes les régions à gérer leurs affaires politiques, économiques et sociales, avec une représentation équitable au niveau national.

Cela comprend la création d’une armée dotée d’une nouvelle doctrine militaire professionnelle et nationale, soumise à un contrôle et une supervision civils, ainsi qu’une force policière professionnelle assurant la sécurité intérieure et extérieure du Soudan.

La charte insiste également sur l’établissement d’un nouveau service civil géré selon des critères de compétence, de professionnalisme et de nationalisme, avec la garantie de justice et de responsabilité historique.

Politiques sociales

La charte souligne la nécessité de garantir les libertés et de respecter les conventions internationales sur les droits de l’homme, tout en protégeant les principes soutenant les libertés syndicales, volontaires, de réunion pacifique et d’expression. Elle garantit également les droits des mouvements armés signataires de la charte à utiliser la lutte armée comme moyen légitime de résistance et de lutte pour le changement.

L’objectif de la charte est de renforcer la participation de tous les citoyens au processus politique, d’assurer l’indépendance des institutions judiciaires et des commissions nationales, et de favoriser l’autonomisation des femmes pour garantir leur participation active dans toutes les institutions de l’État.

La charte s’engage à adopter une politique de travail pacifique et à criminaliser toutes les formes d’extrémisme, les coups d’État militaires et l’utilisation de la religion à des fins politiques.

Politiques économiques

La charte repose sur un système économique fondé sur une économie de marché social garantissant les libertés du marché, tout en affirmant le rôle de l’État dans l’intervention positive pour protéger les catégories vulnérables.

Elle vise également à réaliser une répartition équitable des ressources et des opportunités de production, et à garantir une distribution des revenus entre les régions permettant un développement équilibré et une justice économique et sociale.

La charte s’engage à éliminer l’économie de rente tribale, à organiser le secteur bancaire et à le réguler selon le système traditionnel, et reconnaît la nécessité de légiférer les relations entre individus et groupes par des lois justes garantissant leurs droits économiques.

Lutte contre la corruption et renforcement de la transparence

La charte inclut la lutte contre la corruption et la récupération des fonds et des biens publics obtenus de manière illégale à l’intérieur et à l’extérieur du pays, en établissant des principes de transparence et de responsabilité.

Elle stipule la dissolution et la démantèlement du Parti du Congrès National et du mouvement islamique, ainsi que la confiscation de leurs biens au profit du ministère des Finances et de l’Économie Nationale.

Il est important de noter que la charte constitutionnelle du Soudan constitue une référence pour tous les gouvernements futurs et les institutions souveraines du Soudan, mettant le citoyen au centre du processus politique, définissant les mécanismes de gouvernance démocratique et décentralisée, et visant à garantir une répartition équitable du pouvoir et des richesses, ce qui contribue à la construction d’une société cohésive et développée et favorise la transition vers la démocratie et la paix au Soudan.

Cette déclaration a pour but de réaliser le projet de paix et de mettre fin à la légitimité du pouvoir de Port-Soudan, qui continue de mener la guerre et de bloquer la paix.

De plus, la charte cherche à fournir de l’aide aux citoyens sur tout le territoire du Soudan, qu’ils soient sous le contrôle direct du soutien rapide ou sous le contrôle indirect de l’armée, en collaborant avec des organisations non gouvernementales mondiales œuvrant dans le domaine de l’aide humanitaire.

Les principes fondamentaux de la déclaration reposent sur la construction du Soudan en tant qu’État démocratique unifié, visant principalement à mettre fin à la guerre et à stopper la division menée par l’armée. Bien que la guerre soit une situation temporaire, la charte propose une solution aux causes profondes de la crise soudanaise en matière de gouvernance.

Il n’y a aucune question ou raison pour laquelle un mouvement armé de libération au Soudan ait combattu sans que cette charte y réponde, bien que ces questions n’aient pas été incluses dans des documents politiques précédents pour des raisons spécifiques, principalement le contrôle militaire de l’État à plusieurs reprises dans le pays.

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