Craintes du retour du choléra à Mayotte française : des migrants redoutent l’arrestation
Le cyclone tropical « Cheneso », qui a frappé Mayotte le samedi 14 décembre, n’a pas seulement causé des dégâts matériels et humains, mais a également déclenché une crise sanitaire inquiétante, soulevant la crainte d’une recrudescence de l’épidémie de choléra parmi les sinistrés, dont des migrants craignant d’être arrêtés par les autorités françaises et expulsés alors qu’ils cherchent de l’aide.
Selon la chaîne CNews, le passage du cyclone à Mayotte a entraîné une catastrophe sanitaire marquée par un manque d’eau, des inondations et une insuffisance des infrastructures sanitaires, augmentant ainsi le risque de réapparition du choléra dans cette région française appauvrie.
Le choléra est une maladie infectieuse causée par la bactérie Vibrio cholerae, qui affecte principalement le système digestif. Si elle n’est pas traitée correctement, elle peut s’avérer mortelle dans 50 % des cas.
Le choléra se transmet principalement par la consommation d’eau ou de nourriture contaminée par des matières fécales contenant la bactérie, qui prolifère particulièrement dans les zones où les conditions sanitaires sont dégradées, notamment en cas de catastrophes naturelles.
Une crise de l’eau comme facteur clé
Mayotte, confrontée depuis des années à une grave crise de l’eau, est devenue encore plus vulnérable à la prolifération des bactéries responsables du choléra en raison des dégâts provoqués par le cyclone. La sénatrice Salama Ramia, du parti Renaissance, a souligné cette problématique dans une déclaration à la chaîne, affirmant que la principale difficulté réside dans l’eau, qui est soit absente, soit contaminée par des coulées de boue ou des débordements du réseau d’assainissement.
L’ancienne ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a déclaré : « Nous sommes en état d’alerte maximale concernant la situation sanitaire de la population, notamment face au risque de propagation d’épidémies, en particulier du choléra. » Elle a ajouté : « Nous avons contacté l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour renforcer la surveillance sanitaire à Mayotte. Bien qu’aucun cas de choléra ne soit actuellement recensé, je souhaite adopter une approche proactive et ai demandé la préparation de 10 000 doses de vaccin contre le choléra. »
Au printemps dernier, Mayotte avait déjà été confrontée à une épidémie de choléra, qui avait touché environ 200 personnes et nécessité trois mois d’efforts de la part des autorités sanitaires pour être maîtrisée.
Une situation critique pour les migrants
Dans ce contexte, les équipes de secours redoublent d’efforts pour venir en aide aux sinistrés. Parmi eux, les migrants sont les plus vulnérables. Les témoignages recueillis décrivent une situation précaire. Beaucoup craignent d’être arrêtés et expulsés par les autorités françaises alors qu’ils cherchent de l’aide.
C’est le cas de Désirée, qui a perdu sa maison lorsque le cyclone « Cheneso » a frappé l’île. « Ma fille et moi avons trouvé un abri, mais nous n’avons pas une goutte d’eau », a-t-elle confié au site Info Migrants.
Depuis un endroit où elle a pu capter un réseau, elle a ajouté : « Les eaux sont montées rapidement. Ce sont nos voisins qui m’ont sortie de là avec ma fille. » Désirée vit désormais chez une amie dans le quartier de Cavani. Cette femme originaire du Burundi, dont la demande d’asile a été rejetée, redoute le pire.
Luttant pour survivre aux effets de la tempête, Désirée décrit une vie dans le dénuement le plus total. « J’ai encore un peu d’argent, mais nous ne pouvons pas faire nos courses, car il est difficile de se déplacer. Nous nous lavons dans la rivière, et un voisin partage son générateur électrique pour que nous puissions charger nos appareils. »
Selon elle, les vents violents, atteignant parfois 226 km/h, ont laissé « des dizaines de sans-abri, qui ont tout perdu ».
En raison du manque de nourriture et d’eau potable, Info Migrants rapporte que de nombreuses personnes en situation irrégulière, traumatisées par des années de politiques migratoires de plus en plus répressives, hésitent à se rendre dans les points de distribution, de peur d’être arrêtées. De la même manière, elles étaient réticentes à se rendre dans les abris avant le cyclone.