Grand Maghreb

Violents affrontements à Tripoli après la mort du chef d’une milice affiliée au Conseil présidentiel


La mort dAbdelghani al-Kikli, connu sous le nom de Ghnewa, chef de lAppareil de soutien à la stabilité, a déclenché des affrontements sanglants à Tripoli, aboutissant à la prise de contrôle de tous ses quartiers généraux par les forces du Gouvernement dunion nationale. Ces événements redessinent la carte dinfluence des milices dans la capitale libyenne.

La capitale libyenne, Tripoli, a été le théâtre de violents affrontements armés lundi soir, les tirs résonnant dans le centre-ville et d’autres quartiers, après l’assassinat du chef d’un groupe armé. Bien que certaines sources évoquent la fin des combats et un retour relatif au calme, ces événements ravivent la question des milices, considérée comme l’un des principaux obstacles à la stabilité du pays.

Le chef tué est Abdelghani al-Kikli, surnommé Ghnewa, dirigeant de l’Appareil de soutien à la stabilité, l’un des groupes armés les plus puissants de Tripoli, basé dans le quartier densément peuplé d’Abu Salim. Son élimination et la chute de ses forces bouleversent l’équilibre du pouvoir dans la capitale.

Selon des sources, al-Kikli tentait de contenir un différend croissant entre son groupe et les forces de la brigade 444, relevant du Gouvernement d’union nationale, à propos du contrôle de sites stratégiques à Tripoli, lorsqu’il a été tué.

L’Appareil de soutien à la stabilité relève du Conseil présidentiel, mis en place en 2021 parallèlement au Gouvernement d’union nationale dirigé par Abdelhamid Dbeibah, dans le cadre d’un processus soutenu par l’ONU.

Les raisons précises des affrontements demeurent floues, d’autant plus que le gouvernement Dbeibah soutient les décisions récentes du Conseil présidentiel, malgré leur rejet par le Parlement. Ces violences illustrent encore une fois le rôle déstabilisateur des milices dans le processus de paix.

Tripoli avait accueilli dimanche une réunion sécuritaire de haut niveau regroupant des chefs de groupes armés pour tenter de désamorcer les tensions.

Selon le site Anbaa Express, les affrontements ne sont pas spontanés mais résultent de tensions croissantes entre l’Appareil de soutien à la stabilité et les brigades 444 et 111, fidèles au gouvernement. Ces tensions ont été exacerbées par la tentative de Ghnewa de prendre le contrôle d’un bâtiment administratif stratégique, rompant le fragile équilibre des forces dans la capitale.

Mardi à l’aube, certaines sources sécuritaires affirmaient que les affrontements avaient cessé, hormis quelques coups de feu sporadiques. Lundi soir, les forces du Gouvernement d’union nationale ont pris le contrôle des quartiers généraux de l’Appareil de soutien à la stabilité.

Cependant, Al-Wasat a rapporté que les tirs se poursuivaient violemment dans le quartier de Bab Ben Ghashir, près du camp 77, bastion de Ghnewa.

Les brigades 444 et 111 ont réussi à prendre le contrôle de tous les locaux liés à l’Appareil dans Tripoli et ses environs, après la mort de Ghnewa dans des circonstances encore floues.

Des vidéos montrent des véhicules blindés détruits, des morts, ainsi que la libération de prisonniers détenus par l’Appareil. Aucun bilan officiel n’a encore été publié, ni sur les pertes humaines, ni sur le sort des membres du dispositif de sécurité, ni sur son avenir institutionnel.

Le ministère de l’Intérieur a appelé les citoyens à rester chez eux, pour leur sécurité. Cette annonce a provoqué une panique visible dans les rues de Tripoli.

Le ministère de la Défense a affirmé, mardi matin, avoir repris le contrôle total du quartier d’Abu Salim.

Le Premier ministre Dbeibah a salué sur X les efforts des ministères de l’Intérieur et de la Défense, les qualifiant d’« avancée majeure pour la sécurité et l’autorité de l’État à Tripoli ».

Un résident a déclaré : « J’ai entendu des tirs nourris et vu des lueurs rouges dans le ciel ». D’autres témoins ont évoqué des échanges de tirs dans les quartiers d’Abu Salim et Salah Eddine.

L’université de Tripoli a annoncé la suspension des cours, examens et activités administratives jusqu’à nouvel ordre.

La mission de l’ONU en Libye a appelé à « l’arrêt immédiat des hostilités » et rappelé aux parties leur obligation de protéger les civils, avertissant que les attaques contre les civils pourraient constituer des crimes de guerre.

L’ambassade des États-Unis en Libye a exprimé sa préoccupation et appelé à une désescalade rapide.

La Libye n’a connu que peu de stabilité depuis le soulèvement de 2011. Depuis 2014, le pays est divisé entre deux gouvernements rivaux. Malgré un cessez-le-feu en 2020, le processus politique reste bloqué et les milices continuent de s’affronter pour le contrôle des ressources.

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