Une interview d’Al-Ain News avec le consultant géopolitique, Roland Lombardi
Roland Lombardi, est un docteur en Histoire contemporaine, un consultant géopolitique, et un spécialiste du Moyen-Orient. C’est l’un des signataires de la lettre ouverte destinée au président français Emmanuel Macron, au Premier ministre Jean Castex et au ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin. Il est parmi les 22 personnalités qui veulent garder la démocratie française de la menace islamiste, en appelant à la dissolution de la fédération Musulmans de France (ex-UOIF), proche de l’organisation des Frères Musulmans.
Alors, de son côté, Al-Ain News a organisé une interview avec Roland Lombardi qui a dévoilé les coulisses de la lettre ouverte destinée au Macron pour garder de l’unité de la nation française face à la menace de division en dissolution les organisations reliées aux Frères Musulmans en France.
Voici les questions posées au consultant géopolitique et ses réponses :
1- M. Lombardi: Vous étiez l’un des signataires de la lettre ouverte adressée au président français Emmanuel Macron, demandent la dissolution de la fédération « Musulmans de France » (ex-UOIF), proche de l’organisation islamiste des Frères Musulmans. Quelles sont les raisons de cette décision à l’heure actuelle?
– C’est une démarche citoyenne ayant pour simple motivation la préservation de l’unité et la cohésion de la nation française face à la menace de division que font peser toutes les associations communautaristes et les organisations liées de près ou de loin aux Frères musulmans en France. C’est le cas notamment des Musulmans de France. Étant un spécialiste du Moyen-Orient, je connais très bien le rôle néfaste de cette idéologie, et le mal qu’elle a produit dans le monde arabe. C’est surtout aussi un moyen de préserver mes compatriotes musulmans français, qui veulent majoritairement vivre et travailler en paix dans mon pays. Nous ne voulons pas qu’ils soient contaminés par ce poison qu’est l’islam politique.
2- Pensez-vous que cette étape est trop tardive?
– La France a beaucoup pris de retard dans ce domaine. Nos responsables ont été, depuis 30 ans et jusqu’ici, trop naïfs et angéliques envers l’islam politique et sa dangerosité pour les sociétés occidentales comme musulmanes. Mais l’histoire nous prouve qu’il n’est jamais trop tard. Il suffit d’un peu de volonté et de courage et à présent de ne plus perdre de temps.
3- l’Organisation des Musulmans de France est-elle l’une des organisations affiliées aux Frères musulmans en France, une forme de propagation du terrorisme et de l’extrémisme en France?
-Les liens entre l’association des Musulmans de France (ex UOIF) et les Frères musulmans sont largement prouvés. Et effectivement, il ne faut jamais oublier que l’idéologie des Frères musulmans, l’islam politique, est la matrice du jihadisme. N’oublions pas que tous les chefs d’al-Qaïda, de Daeish ou autres ont tous à un moment donné été proches de la Confrérie. Les buts sont les mêmes. C’est juste le mode opératoire qui diffère entre Daeish et les Frères musulmans.
4- Qu’en est-il des autres organisations affiliées aux frères musulmans en France?
-Il y en a encore beaucoup malheureusement. Elles sont très habiles et efficaces. Mais en prenant le monopole d’associations, d’écoles coraniques et de mosquées dans certains quartiers… elles sont dangereuses pour toutes les raisons que j’ai déjà évoquées.
5- Quelle est la prochaine étape pour la classe politique française, si les autorités françaises ne répondent pas à cette demande? Y aurait-il une escalade?
– Si les autorités françaises ne réagissent pas au plus vite, ces associations et leur poison idéologique va prospérer. Cela va créer de nombreuses tensions entre les Français de toutes origines et de toutes confessions. Si les responsables français n’arrivent pas par ailleurs à combattre efficacement l’islamisme sous toutes ses formes, il y aura d’autres attentats et d’autres massacres. Si les Français ne se sentent pas protégés, ils risquent de finir par se défendre eux-mêmes. Et là ce serait une tragédie ! En somme, exactement ce que souhaitent Daeish et Al-Qaïda !
6- Que pensez-vous des relations des gouvernements français successifs avec les Frères musulmans en France, pensez-vous qu’il y a eu collusion avec l’organisation terroriste?
Non, il n’y a pas de collusion entre les gouvernements français et l’organisation terroriste. Je dirais plutôt de l’angélisme, de l’ignorance et surtout un grand laxisme. De plus, quand on voit que certains spécialistes de la question et des universitaires français (ceux que Gilles Kepel nomme les islamo-gauchistes) croient encore que l’islam politique des Frères est encore la seule alternative démocratique aux « méchants dictateurs » dans le monde arabe, on croit rêver !
7- Le livre « Les Qatar Papers » a relevé que Doha, l’un des pays accusés de parrainage du terrorisme, a financé des institutions françaises affiliées aux Frères musulmans, Pourquoi la France n’a-t-elle pas pris de mesures jusqu’à présent contre ces institutions?
-Le livre Qatar Paper démontre très bien tout cela. Sur le sujet, il faut lire aussi Le Projet d’Emmanuel Razavi et Alexandre Del Valle. Par ailleurs, il est vrai que certains élus locaux français se sont servis de ces organisations islamistes, soit pour des raisons électoralistes, soit pour acheter la paix sociale dans certains quartiers. D’autres hauts responsables politiques, comme certains diplomates, sont toujours obnubilés par le Qatar, ne voyant en lui que ses pétrodollars et ses riches investissements ou contrats que les Qataris pourraient signer. Or, ils oublient (ou ne veulent pas voir, ce qui est plus grave) que le Qatar est le dernier soutien financier des Frères musulmans dans le monde, comme par exemple, avec Erdogan, un frère musulman turc ! J’espère sincèrement que nos dirigeants ont pris enfin conscience de cela après des décennies d’aveuglement et toutes les victimes des attentats…Toutefois, les actes forts contre l’islamisme sont encore trop timides ou se font attendre. En tout cas, il les faut impérativement. Avant que la France ne plonge dans l’irréparable.