Politique

Une chute retentissante pour l’armée et le mouvement islamique… Réactions suite à la demande du procureur général d’interpeller des dirigeants politiques via Interpol


Le procureur général associé à l’autorité militaire soudanaise, contrôlé par les partisans du régime de l’ancien président Omar el-Béchir et le mouvement islamique, utilise la loi pour régler des comptes politiques avec les forces civiles opposées à la guerre.

Le procureur général soudanais, Al-Fatih Tayfour, a demandé à la police internationale (Interpol) d’émettre des avis de recherche rouges contre plusieurs dirigeants des forces politiques civiles, suite à des accusations portées par l’armée soudanaise à leur encontre, notamment pour « crimes dirigés contre l’État, atteinte à l’ordre constitutionnel, crimes de guerre et génocide ».

Dans des déclarations à la presse, le procureur général a indiqué qu’il jugerait les politiciens soudanais par contumace si leur présence à Port-Soudan, qui est considérée par l’armée soudanaise comme une capitale alternative à Khartoum, devenue un théâtre d’opérations, s’avérait impossible.

L’expert juridique Moaz Hadra a déclaré que le procureur général avait reconnu qu’il « jugerait des politiciens pour des crimes criminels, malgré l’absence de toute preuve, fait ou acte commis par ces politiciens, si ce n’est leur demande d’arrêter la guerre ».

Hadra a ajouté sur sa page Facebook que « si le procureur général jetait un coup d’œil en dehors du bâtiment de son bureau, il verrait des accusés ayant porté atteinte à l’ordre constitutionnel présents dans le bâtiment qui abrite des membres du Conseil de souveraineté, certains étant également présents dans ce qu’on appelle le Conseil des ministres du gouvernement de fait ».

Concernant la demande du procureur général à Interpol d’arrêter des dirigeants de « Taqaddum », Hadra s’est demandé : « Le procureur général ne sait-il pas qu’Interpol, conformément à l’article 30 de sa convention constitutive, n’intervient pas dans les affaires de nature politique, religieuse ou militaire ? »

Il a souligné qu’il aurait été plus judicieux pour le procureur général, au lieu de s’engager dans ses efforts absurdes concernant un avis de recherche rouge d’Interpol pour interpeller des politiciens, d’arrêter les accusés du régime précédent et les dirigeants des Frères musulmans présents sous ses yeux à Port-Soudan, sur le Nil et au Nord, certains étant même recherchés par la Cour pénale internationale.

Pour sa part, le journaliste et analyste politique Abou Abidah Barghouth a estimé que l’accusation portée par le procureur général de l’armée soudanaise contre les forces civiles n’a aucune valeur, car ceux qui doivent être poursuivis légalement sont ceux qui ont déclenché la guerre et encouragé sa poursuite, et qui se tiennent maintenant aux côtés de l’armée en contrôlant sa décision.

Barghouth a déclaré dans une déclaration à la presse : « Ce dont parle le procureur général ce sont des affaires politiques que le régime de Béchir avait l’habitude de transformer en affaires criminelles, exploitant la loi à travers les appareils judiciaires qu’il contrôle », précisant que ce qui se passe maintenant est une prolongation de ces politiques pratiquées sous l’ère précédente.

Barghouth a considéré que tout ce que fait le procureur général n’est qu’une tempête dans un verre d’eau, dans une tentative de masquer les crimes graves commis par l’armée soudanaise contre les civils du peuple soudanais.

La commission juridique et des droits de l’homme de la Coordination des forces démocratiques civiles a annoncé avoir soumis une note officielle au secrétariat général d’Interpol et à la Commission de contrôle des dossiers d’Interpol (CCF), demandant le rejet de la demande soumise par le parquet de Port-Soudan pour émettre un avis de recherche rouge contre plusieurs de ses dirigeants, dont le président de l’autorité dirigeante, Dr. Abdallah Hamdok.

Dans sa note, Taqaddum a déclaré avoir pris connaissance des accusations portées contre ses dirigeants, les qualifiant de politiques et malveillantes, et incluant des accusations de « sabotage de l’ordre constitutionnel, génocide, et incitation contre l’État ».

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