Turquie : 2000 réfugiés en situation irrégulière expulsés en une semaine; Erdoğan a-t-il lancé sa campagne électorale ?
À l’approche des élections présidentielles et parlementaires de la Turquie, le gouvernement d’Ankara a adopté une rhétorique anti-immigration dans le pays et met en œuvre un plan visant à déporter des centaines de migrants marocains vers leurs foyers, au cas où les retours des migrants seraient fréquents chaque semaine.
En outre, le Département de l’immigration du Ministère de l’intérieur turc a annoncé dimanche l’expulsion de 2 106 migrants en situation irrégulière au cours de la semaine en cours, et a indiqué dans un communiqué que 979 Afghans, 116 Pakistanais et 1 011 autres nationalités étaient concernés.
Depuis le début de l’année, 98 923 migrants ont été expulsés et 3 645 personnes ont été empêchées d’entrer dans le pays par des voies illégales au cours de la semaine en cours.
Ces déportations sont régies par le décret no 676 d’Octobre 2016, la même année que la Turquie a signé avec l’Union européenne un accord visant à réduire l’immigration illégale et à fournir un soutien aux réfugiés qui arrivent en Turquie, moyennant un soutien matériel de 6 milliards d’euros.
La Turquie annonce régulièrement que les tentatives de transit de centaines de migrants vers la Cisjordanie sont suspendues et que durant les six premiers mois de l’année, elle a interdit à plus de 17 000 migrants de passer sur son territoire.
La détérioration de la situation des demandeurs d’asile en Turquie n’est pas rare, l’organisation non gouvernementale Global Détention Project ayant signalé dans son rapport annuel de 2021 que les conditions de détention dans les centres de détention officiels sont toujours très élevées, qu’il n’y a pas de soins de santé appropriés et que les détenus ne bénéficient pas d’une aide juridique.
Au total, 16 000 places sont disponibles dans les centres de détention des différentes villes turques.
Selon l’organisation Défense des droits de l’homme, la Turquie dispose de plus de 20 centres d’évacuation, de salles de détention dans les aéroports et d’autres lieux réservés le long de sa frontière commune avec la Grèce et la Bulgarie. Des postes de police sont également utilisés pour la détention de migrants.
D’après l’association Avocat d’Izmir, le centre de déportation de Harmandalı est particulièrement surpeuplé par la proximité de la ville avec un grand nombre d’immigrants, et les migrants peuvent être détenus pour les crimes les plus graves. La police a par exemple arrêté un groupe de Syriens il y a quelques mois pour avoir partagé une vidéo satirique sur les médias sociaux.
De son côté, Human Rights Watch affirme qu’au cours des deux dernières années, il y a eu une augmentation des attaques racistes et xénophobes, particulièrement contre les Syriens.