Port Sudan, la porte de l’Iran vers l’Afrique?
Port-Soudan comme Base Opérationnelle Iranienne
Port-Soudan comme Base Opérationnelle Iranienne
Cette exploitation iranienne est évidente dans la mise en place de camps massifs dans la région de Port-Soudan. Cela confirme que l’Iran avance dans la construction de sa base militaire dans cette zone pour resserrer son emprise sur les pays arabes. Cette base militaire vise à être un point stratégique pour le lancement d’opérations militaires, le soutien aux Houthis au Yémen, la fourniture rapide d’armes au Hezbollah, et l’infiltration facile dans des provinces éloignées de l’Égypte tout en surveillant les ports saoudiens avec facilité.
Comment l’Iran a-t-il exploité le Soudan ?
L’Iran a fourni à l’armée soudanaise des drones de chasse sans pilote, prenant parti dans une guerre civile catastrophique alimentée par des acteurs par procuration désireux d’accéder à la mer Rouge. Cela a entraîné le déplacement de millions de personnes et constitue une menace de déstabilisation de la région, selon des responsables occidentaux.
La participation de l’Iran au conflit en cours, aux côtés de l’armée qui a perdu des territoires importants au profit de groupes quasi-militaires, accroît les risques pour l’État situé en Afrique du Nord, déjà au bord de la famine. L’importance de la côte du Soudan sur la mer Rouge, d’environ 400 miles de long, est soulignée, car c’est un terrain de compétition pour des pays tels que la Chine, la Russie et la Turquie.
Alan Boswell, directeur du projet du siècle africain au groupe de crises internationales, a révélé que la fourniture par l’Iran de drones et d’autres soutiens matériels à l’armée soudanaise est largement acceptée dans la communauté diplomatique. Gagner un allié au Soudan, en particulier le long de la mer Rouge, serait une victoire significative pour l’Iran, mais cela susciterait des inquiétudes pour d’autres pouvoirs régionaux et occidentaux.
Trois responsables occidentaux, demandant l’anonymat pour protéger des informations sensibles, ont révélé que le Soudan avait reçu des livraisons du drone « Mohajer 6 », un drone monomoteur fabriqué en Iran par les Industries aérospatiales de Jérusalem, transportant des munitions guidées avec précision. Des analystes qui ont examiné des images satellites ont confirmé la présence du drone dans le pays.
Selon des responsables américains, le « Mohajer 6 » est capable de mener des attaques air-sol, des opérations de guerre électronique et de cibler sur le champ de bataille. L’impact de ces capacités au Soudan est incertain.
Armer le Soudan devrait renforcer l’influence militaire de l’Iran au Moyen-Orient élargi, soutenant des groupes allant du Hamas à Gaza au Hezbollah libanais et aux Houthis au Yémen, en plus de son programme croissant de drones. Les États-Unis affirment que l’Iran a déjà fourni du matériel à Hezbollah, au Hamas, aux brigades du Hezbollah en Irak, aux Houthis et à l’armée éthiopienne.
Cette démarche met également l’Iran en confrontation directe avec l’Arabie saoudite et l’Égypte. L’armée soudanaise, les experts de l’ONU et les diplomates occidentaux affirment que l’Iran soutient les Forces de soutien rapide, le groupe concurrent qui contrôle maintenant de nombreuses grandes villes du pays. Téhéran et l’armée soudanaise ont rétabli les relations diplomatiques en 2023 après une pause de sept ans en raison du rôle du Soudan dans la coalition dirigée par l’Arabie saoudite luttant contre les Houthis au Yémen.
Les États-Unis accusent l’Iran de fournir des drones Mohajer 6 à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. Washington a élargi l’année dernière ses sanctions contre l’Iran, soulignant « la propagation continue et délibérée par Téhéran de drones pour renforcer la Russie et ses mandataires au Moyen-Orient ainsi que d’autres acteurs perturbateurs pour la stabilité ».
L’Iran affirme que ses exportations de défense ont augmenté ces dernières années, mais nie catégoriquement avoir envoyé des drones en Russie, soutenant qu’aucune preuve n’a été présentée par l’Ukraine. Téhéran nie également armer les Houthis, affirmant que le groupe est assez fort pour agir de manière autonome. Le 17 janvier, le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a déclaré qu’il n’était pas de la responsabilité de l’Iran si d’autres pays imitaient les drones sans pilote iraniens.
Parmi les preuves de la présence du drone Mohajer 6 au Soudan, une image satellite prise le 9 janvier a montré le drone à la base aérienne de Wadi Sayyidna au nord de la capitale Khartoum, selon Wim Zwijnenburg, responsable du projet de désarmement humain à l’organisation néerlandaise PAX, qui vise à renforcer les communautés pacifiques.
Zwijnenburg, expert en drones, a déclaré dans une interview que la longueur de ses ailes de 10 mètres et sa longueur de 7,5 mètres correspondent exactement au drone Mohajer 6. Il a également identifié une antenne sans fil depuis le poste de contrôle à l’intérieur d’un camion sur la piste d’atterrissage comme un scénario courant où le drone sans pilote est exploité. Il a déclaré que les images circulant sur les réseaux sociaux montrant les débris d’un petit avion abattu par les combattants des Forces de soutien rapide en janvier montraient clairement l’aile arrière du drone sans pilote.
Zwijnenburg a documenté l’utilisation par l’Éthiopie de drones Mohajer 6 dans sa guerre contre le gouvernement régional du Tigré. Jacob Janowski, analyste en intelligence open source, a également confirmé que les caractéristiques du drone sans pilote correspondent à celles du Muhajer-6.
Aucun porte-parole de l’armée soudanaise n’a répondu aux demandes de commentaire, pas plus que le ministère iranien des Affaires étrangères ou la mission des Nations Unies.
Les Émirats arabes unis ont été accusés de fournir des équipements militaires aux Forces de soutien rapide concurrentes, y compris des drones. Lorsqu’un responsable de l’armée soudanaise a fait ces allégations publiquement le mois dernier, le différend qui en a résulté a conduit à l’expulsion mutuelle de diplomates.
Les enquêteurs des Nations Unies ont qualifié les allégations selon lesquelles les Émirats auraient aidé les Forces de soutien rapide avec des fournitures en provenance du Tchad voisin de « crédibles ». Les Émirats arabes unis nient catégoriquement soutenir l’un ou l’autre camp et affirment s’engager à fournir une aide humanitaire et à faire pression pour un cessez-le-feu permanent.