Politique

Nasrallah, attaque le Golfe et ne s’oppose pas de mener un dialogue avec lui


Le Secrétaire général du groupe libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a qualifié aujourd’hui mardi de « diktat » les propositions du Golfe rapportées par le Ministre libanais des Affaires Etrangères visant à réformer les relations avec les États du Golfe, mais a déclaré que « le parti n’a pas de problème avec un dialogue avec les États du Golfe dans l’intérêt du Liban ».

Les déclarations de Nasrallah sont intervenues dans une interview accordée à la chaîne iranienne arabophone Al-Alam News Network par les médias locaux, la dernière en date étant celle du Secrétaire général du Hezbollah, après une attaque violente contre l’Arabie saoudite et des abus et omissions qui ont aggravé la crise au Liban, alors que le gouvernement de Najib Mikati s’efforce de rétablir les relations avec le Golfe, au milieu d’une crise engendrée par le Hezbollah lui-même et l’ancien ministre de l’information, Georges Kordahi.

Le Hezbollah, qui croit fermement en Velayat-e faqih, ne cache pas son soutien à la régence iranienne du Liban, tandis que ses activités, qualifiées par les États du Golfe de « déstabilisatrices » dans la région, ont éloigné le Liban de son Amer Arabique.

Dans un entretien avec Al-Alam News Network, en réponse à une demande d’observations sur le document koweïtien, il a déclaré que le Liban était « un État souverain qui n’a pas le droit d’être assisté et dicté par des injonctions », ce qui va à l’encontre de la déclaration de la présidence libanaise et du Gouvernement, qui se sont félicités des propositions du Golfe.

Le Hezbollah, qui dispose d’un arsenal d’armes et de missiles grâce au soutien de l’Iran, est lui-même subordonné aux diktats iraniens et reçoit ses ordres de la part des Gardiens de la Révolution de l’Iran, qu’il a mis en place en 1982.
Nasrallah a déclaré que « ceux qui demandent au Liban ou à n’importe quel parti de ne pas s’ingérer dans ses affaires intérieures doivent d’abord cesser de s’ingérer dans nos affaires intérieures », accusations que la communauté chiite a toujours promu et qui se réfère spécifiquement aux exigences du Golfe en matière de limitation des armements par l’État libanais et de non-ingérence du Liban dans les conflits régionaux.

Le Hezbollah s’est désolidarisé du Liban de cette doctrine, approfondissant les dissensions et les divisions politiques, et a plongé le pays dans la pire crise politique et économique de tous les temps. Le groupe chiite en position de force, avec ses alliés, est au sommet du pouvoir dans un système politique accusé par le mouvement populaire de « corruption » et de « népotisme ».

Tandis que son parti était accusé d’intervenir dans la guerre du Yémen pour soutenir les rebelles Houthis, Nasrallah a déclaré : « Nous ne intervenons dans aucun pays du Golfe, mais nous soutenons le peuple yéménite ».

Le Secrétaire général du Hezbollah a fait observer que le Koweït, dont le Ministre des affaires étrangères avait une feuille de route du Golfe pour le Liban, était dirigé par une cellule de son parti (la cellule Al-Abdali) qui avait planifié des opérations terroristes au Koweït.

Le mois dernier, le Ministre des affaires étrangères du Koweït, le Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, s’est rendu au Liban, où il a présenté aux responsables un document du Golfe en vue de résoudre la crise entre Beyrouth et les capitales du Golfe.

Le document contenait une demande de Beyrouth de ne pas s’immiscer dans les affaires arabes et du Golfe en général, de lutter plus vigoureusement contre la contrebande de drogues du Liban vers le Golfe et d’appliquer l’Accord de Taëf (qui a mis fin à la guerre civile libanaise en 1989) et les résolutions internationales relatives au Liban.

Après avoir examiné la question du côté libanais, la réponse a été communiquée au Koweït. Cheikh Ahmed a déclaré que « la réponse est laissée à l’examen des parties prenantes au Koweït et dans les États du Golfe pour déterminer la prochaine étape avec le Liban ».

Dans une autre affaire, Nasrallah a estimé que le retrait du dirigeant du Courant du futur, Saad Hariri, des élections législatives était une « décision malencontreuse ». Il a déclaré que « le retrait du Courant du Futur et Hariri des élections aura une incidence sur les élections prévues pour le 15 Mai prochain », soulignant qu’  « aucune partie iranienne ne s’immisce dans les élections libanaises ou dans toute autre affaire interne ».

Le mois dernier, Hariri a annoncé la « suspension » de son activité politique ne pas se présenter sa candidature aux prochaines élections législatives, ni présenter de candidatures pour son courant du futur. Lors d’une conférence de presse, il s’est dit convaincu « qu’aucune chance positive ne sera offerte au Liban, sous l’influence iranienne, le chaos international, la scission nationale, la manipulation sectaire et l’effondrement de l’État ».

Les capitales régionales et occidentales ainsi que les forces politiques libanaises accusent l’Iran de dominer les institutions de l’État libanais par l’intermédiaire de leur allié, le Hezbollah, ce qui est nié à la fois par Téhéran et par la communauté chiite libanaise.

Nasrallah a déclaré que « nous sommes au Liban devant une influence politique, financière, économique américaine, et toute personne parlant de souveraineté et d’indépendance doit en tenir compte ». « Depuis des années, les États-Unis ont tenté d’ouvrir un canal de communication avec le Hezbollah par le biais de plusieurs contacts ».

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