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Mise en garde contre la prolifération des milices armées iraniennes au Soudan


Alors que l’armée soudanaise continue d’armer des civils « mobilisés » avec des armes fournies par l’Iran pour les aider dans leur guerre contre les « Forces de Soutien Rapide« , qui sont insuffisamment formées pour le combat, selon certains rapports.

Les analystes politiques soutiennent que quel que soit le nombre de personnes répondant à l’appel, elles ne constitueront pas un substitut aux forces professionnelles et ne modifieront pas l’équilibre militaire en faveur de l’armée sur le terrain.

Il est largement reconnu que l’armée soudanaise a désespérément besoin de soldats… au point que son chef, Abdel Fattah al-Burhan, a réitéré à plusieurs reprises sa volonté d’armer des civils et de réguler leur possession d’armes, quelle que soit leur quantité.

Dans ce contexte, les campagnes militaires se sont intensifiées pour mobiliser les citoyens à participer à la guerre, tandis que les Forces de Soutien Rapide étendent leur territoire, remportant des victoires militaires décisives en contrôlant 6 états dans le pays, dont la capitale Khartoum, 4 états au Darfour et l’état de la Jazeera (dans la région centrale), tandis que d’autres zones dans la partie occidentale du pays restent menacées.

L’analyste politique Abdullah Rizq affirme que les volontaires civils, surnommés « mobilisés », sont semblables à des amateurs, incapables de modifier le cours des batailles et l’équilibre des forces sur le terrain, par rapport aux forces armées professionnelles qui ont suivi une formation étendue et possèdent une longue expérience du combat lors de guerres précédentes.

Rizq ajoute : « La victoire en guerre ne dépend pas uniquement de la supériorité numérique… même si les chiffres des mobilisés atteignaient des millions. Ils ne provoqueront pas le changement qualitatif basé sur l’expérience du combat, la formation et la qualité des armes utilisées. »

Soldats et recrues de l’armée soudanaise lors d’une patrouille dans la ville de Kassala le 14 janvier de l’année dernière (AFP)

Rizq souligne que malgré les importantes capacités militaires et de combat de l’armée soudanaise, notamment sa supériorité en matière de puissance aérienne, de véhicules blindés et d’artillerie lourde sur son adversaire, elle n’a pas réussi à changer le cours de la guerre en sa faveur. Cela s’explique par la nature de la « guerre urbaine » imposée par les Forces de Soutien Rapide, qui rend ces armes inefficaces et leur utilisation limitée, craignant des pertes civiles importantes.

L’analyste politique estime que l’appel de l’armée à recruter des civils découle de sa perte de forces d’infanterie sur le terrain pour affronter les Forces de Soutien Rapide dans des batailles terrestres et réaliser des gains militaires. Il indique que l’armée s’appuyait auparavant sur des « combattants d’infanterie » en mobilisant des milices, y compris les Forces de Soutien Rapide qui combattent actuellement contre elle.

Rizq révèle que la stratégie de l’armée consiste à défendre ses positions militaires et que la situation militaire sur le terrain ne changera pas en sa faveur sauf en passant à l’offensive. Dans ce cas, les civils mobilisés peuvent contribuer à l’effort de guerre.

Cependant, il rappelle que l’appel à la « mobilisation civile » a été lancé par des islamistes qui ont déclenché la guerre dans le pays et ont travaillé à la maintenir, dans le but de devenir un acteur majeur dans l’équation politique. Il ajoute : « Ce qui est étrange, c’est que les éléments de toutes les factions et groupes djihadistes des islamistes formés au combat ont fui le pays. »

Soldats de l’armée soudanaise lors d’une patrouille dans l’état de Gedaref dans la partie orientale du pays (AFP)

Rizq affirme que l’appel à la mobilisation des civils pour participer à la guerre « n’a pas trouvé un large écho. C’est un appel complètement isolé de la part des citoyens, car l’opinion publique prédominante est en faveur de la fin de la guerre. »

De son côté, l’analyste politique Maher Abu Al-Jawakh soutient que les personnes mobilisées sont à peine formées à la manipulation et à l’utilisation des armes. Cependant, elles manquent même des tactiques de base des opérations militaires, ce qui entraîne des pertes importantes parmi elles.

Il estime que l’idée de former des milices en dehors du système et de la structure des institutions officielles, en leur accordant une indépendance en raison de la guerre actuelle, répète l’expérience des Forces de Soutien Rapide, qui ont été formées par l’État, soutenues et sont maintenant devenues son ennemi.

Abu Al-Jawakh indique que la mobilisation des civils sous le slogan de la « résistance populaire » et de la mobilisation équivaut à former une milice civile armée en dehors du contrôle des forces armées, et son danger se manifeste dans la réaction en cas de prise de décision politique pour mettre fin à la guerre. Surtout que la majorité de ces « mobilisés » appartiennent à l’ancien régime et pourraient se révolter contre l’armée.

L’analyste politique met en garde contre « des conséquences graves si les groupes armés ne sont pas directement intégrés dans les forces régulières, devenant ainsi une partie de la structure de l’armée plutôt qu’en dehors, et s’ils ne sont pas dirigés et contrôlés par l’institution hiérarchique pour éviter de répéter les erreurs passées, comme avec les Forces de Soutien Rapide. »

Abu Al-Jawakh déclare : « L’armée porte la responsabilité de pousser ces mobilisés sur le champ de bataille avec une formation minimale, des armes limitées et des capacités de base dans le feu de la guerre, où ils deviennent les plus grandes victimes. »

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