Politique

Les jeunes menacent-t-ils l’avenir d’Erdoğan et de son parti ?


Le Président turc Recep Tayyip Erdoğan et son Parti pour la justice et le développement craignent la jeune génération qui souffre de crises économiques, de conditions de vie difficiles, du chômage et de la pauvreté avant les élections prévues pour la mi-2023.

Les observateurs de la Turquie estiment que la génération qui suit la Génération du Millénaire, politiquement diverse, détient l’une des clés de la voie de réélection d’Erdoğan, qui cherche à maintenir le parti au pouvoir pour une troisième décennie consécutive.

Mais contrairement aux jeunes de 2002, lorsque la montée en puissance d’Erdoğan était une rupture avec une corruption systématique et la stagnation économique, les adolescents de l’époque semblent plus enclins à blâmer son gouvernement pour les problèmes qu’ils ont posés, comme l’a rapporté l’agence France Presse.

Selon Aicha Alemdaroğlu, directrice adjointe du programme de l’Université de Stanforden Turquie, « la situation économique difficile actuelle creusera le fossé entre ce que le parti au pouvoir est en mesure de fournir et ce que les jeunes veulent ».

Dans un effort pour gagner la faveur des jeunes, le Président Erdoğan et le PJD comprennent l’importance des rassemblements et cherchent à les trouver en ligne.

Alemdaroğlu a déclaré qu’une fois suivre les discours du président et des autres dirigeants des partis… Nous pensons que les jeunes hommes sont très préoccupés.

Alemdaroğlu a ajouté que l’AKP a recueilli des rapports pour tenter d’apprendre aux cadres du Parti comment utiliser efficacement les nouvelles technologies numériques et parler à la jeune génération.

En revanche, le chef de la branche jeunesse du parti au pouvoir, le district de Churchemba (au nord), Samez Abdulsamad, sous-estime les impressions selon lesquelles le parti serait impopulaire auprès des adolescents.

Samez a dit : « Ils disent que les jeunes s’éloignent de l’AKP, mais rien de tel, c’est des mensonges, et que l’AKP s’intéresse davantage aux jeunes qu’aux autres ».

Bien que l’AKP ait essayé de s’adresser aux jeunes et de dialoguer avec eux à des fins privées, il s’est avéré difficile de gagner la confiance des jeunes électeurs, et pas seulement pour l’AKP.

Selon une enquête menée en 2021 auprès de 3000 jeunes dans les 81 provinces de Turquie par l’institut Turkiye Raporu, 58 % d’entre eux disent ne pas vouloir rejoindre un mouvement ou un parti politique en vue d’améliorer la société dans laquelle ils vivent.

L’AKP fait moins bien que la moyenne nationale chez les jeunes, même si à ce stade les « différences entre les partis » ne changent pas la donne; mettant également en garde contre le fait que les jeunes hommes soient considérés comme un bloc électoral homogène, en affirmant que « les jeunes sont aussi divers que la population turque en général ».

Un autre sondeur, Murat Gezici, souligne que la génération née entre 1980 et 1999 compte de nombreux électeurs indécis – en particulier des femmes – ce qui pourrait rendre le vote des jeunes plus décisif encore.
« Ce groupe de 18,4 millions représente 32,6 % de l’électorat », a-t-il relevé dans le quotidien Sozcu, soulignant que les intentions de vote pour l’AKP sont plus faibles dans cette tranche d’âge.
De son côté, Yusuf Ziya Güler, étudiant en médecine âgé de 20 ans, a déclaré : étant fils de cette génération, il n’a aucun souvenir de la renaissance économique de la Turquie durant la première décennie d’Erdoğan, mais une vision claire des difficultés que les Turcs ont endurées dans la deuxième décennie.

« Je suis pessimiste pour l’avenir », confie-t-il à l’AFP, se disant également sceptique envers les autres partis.

« Nous sommes un pays imprévisible. Comment parier sur ce qui arrivera quand je serai diplômé, je ne sais même pas ce qui se passera dans cinq mois », lâche-t-il.

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