Politique

Les Forces de soutien rapide alertent sur le danger que représentent les islamistes pour l’unité du Soudan


Les Forces de soutien rapide (FSR) se préparent à la formation d’un conseil présidentiel doté de larges pouvoirs, incluant la nomination et la révocation du Premier ministre ainsi que l’approbation de la désignation des ministres.

Les FSR ont accusé le mouvement islamique, ainsi que ses milices locales et étrangères opérant au Soudan, d’être la principale menace à l’unité du pays. Cette déclaration intervient alors que des développements politiques et militaires sont en cours, avec l’annonce du président du Conseil consultatif des FSR, Houzayfa Abou Nouba, qui a indiqué leur intention de proclamer un gouvernement dans les prochains jours.

La domination du mouvement islamique sur une grande partie des structures de l’armée a contribué à compliquer et prolonger le conflit. Elle constitue un point de discorde majeur entre les parties belligérantes, entravant les efforts de médiation régionale et internationale, tout en soulevant de graves inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie et de la gouvernance civile au Soudan.

Dans un communiqué publié vendredi sur leur site officiel, les FSR ont exprimé une profonde inquiétude face à l’intensification des activités des groupes islamistes politiques au Soudan et dans la région de la mer Rouge. Ces groupes, qualifiés de terroristes, exploiteraient les institutions étatiques et les infrastructures civiles pour poursuivre la guerre, tout en rejetant toute solution pacifique.

Le communiqué précise que « l’essence de la crise soudanaise, comme au cours des trois dernières décennies, réside dans l’insistance du mouvement islamique et de ses milices — notamment les forces armées soudanaises et les soutiens iraniens — à accaparer le pouvoir, les institutions étatiques et les ressources, empêchant ainsi tout changement réel répondant aux aspirations du peuple soudanais. »

La guerre actuelle a vu émerger des brigades islamistes telles que la « Katiba Al-Baraa Ibn Malik », affiliée au mouvement islamique et combattant aux côtés de l’armée soudanaise. Des experts estiment que ce mouvement a exacerbé le conflit et entravé les négociations de cessez-le-feu.

Les FSR ont aussi évoqué les conséquences de la guerre déclenchée le 15 avril 2023, affirmant qu’elle a détruit le peu de stabilité restant et permis l’expansion des groupes islamistes radicaux et des milices soutenues par l’Iran, dans un contexte d’absence d’institutions étatiques neutres.

Selon les FSR, ces groupes agissent sous couvert de l’institution militaire officielle, utilisant l’aviation, les drones et l’artillerie lourde pour bombarder les villes et villages, ciblant les civils dans plusieurs régions du pays, notamment le Darfour, le Kordofan, le Nil Bleu et la capitale Khartoum. Ces actes, selon elles, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Les FSR prévoient de créer un conseil présidentiel composé de 15 membres, choisis par l’« Alliance fondatrice du Soudan », créée en début d’année et regroupant les FSR, ainsi que des groupes armés et politiques alliés. Ce conseil disposera de larges prérogatives : nommer et révoquer le Premier ministre, valider la nomination des ministres et du conseil judiciaire intérimaire, désigner les juges, les présidents de la Cour suprême et de la Cour constitutionnelle, ainsi que le procureur général et l’auditeur général.

La constitution proclamée par les FSR prévoit également la formation d’un organe législatif transitoire indépendant comprenant un Conseil des régions et une Chambre des députés, avec une représentation équitable des différentes zones géographiques. Cette initiative témoigne de la volonté des FSR de construire des institutions.

Elles affirment que leur futur conseil présidentiel assumera des fonctions telles que la nomination des ambassadeurs, la déclaration de l’état d’urgence, et même la décision de guerre, ce qui confirme leur détermination à établir un projet politique distinct du pouvoir central.

À la mi-avril, le chef des FSR, Mohamed Hamdan Dogolo, dit « Hemetti », avait déclaré que le gouvernement envisagé serait une large coalition civile visant à assurer les services de base sur l’ensemble du territoire soudanais, y compris en dehors de leurs zones de contrôle. Il a aussi évoqué des projets de création d’une nouvelle monnaie et de documents d’identité, traduisant une volonté d’établir une entité indépendante fondée sur l’identité nationale.

Les FSR ont renouvelé leur appel à un règlement pacifique global qui corrige les déséquilibres historiques et assure une juste participation des régions marginalisées, représentant la majorité de la population soudanaise. Elles ont réaffirmé leur rejet de la poursuite de la guerre, « dont seul le peuple soudanais paie le prix », ajoutant que les islamistes « sont revenus au pouvoir sur les ruines d’un pays déchiré », et qu’elles ne permettront pas que le Soudan « devienne une nouvelle base pour les Houthis, comme c’est le cas au Yémen. »

Sur le plan militaire, les régions du sud du Kordofan et du désert du Darfour ont connu une escalade marquée, avec de violents affrontements entre l’armée soudanaise et les FSR alliées au Mouvement populaire dirigé par Abdelaziz al-Hilu, notamment à Oum Dhalib au sud du Kordofan, où les drones ont été largement utilisés.

Par ailleurs, des affrontements ont eu lieu sur la frontière entre la Libye et le Soudan entre les forces conjointes et une brigade de l’armée libyenne.

Les forces combinées du Mouvement populaire et des FSR ont pris le contrôle d’Oum Dhalib dimanche matin, selon une vidéo publiée par des soldats des FSR qui affirment avoir pris cette localité à l’est de Kauda, fief du mouvement populaire, sans que l’armée soudanaise ne commente.

Depuis février dernier, le Mouvement populaire-Nord d’Abdelaziz al-Hilu et les FSR sont engagés dans l’Alliance fondatrice du Soudan (Ta’sis), et mènent des opérations conjointes dans les régions du sud du Kordofan et du Nil Bleu.

Depuis fin mai, l’armée et ses alliés enregistrent un recul dans les États du Sud et de l’Ouest du Kordofan, au profit des FSR et de leurs alliés.

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