Le Soudan, le pays le plus touché par les conflits dans le monde
L’année écoulée a été marquée par l’éclatement de guerres et de conflits dévastateurs à travers le monde, mais le conflit au Soudan – qui s’est transformé en une guerre à grande échelle en avril dernier – a bénéficié d’une couverture médiatique faible de la part des médias occidentaux, étant considéré comme moins important que les guerres à Gaza et en Ukraine, selon un article dans le magazine américain Newsweek.
L’auteur de l’article, Mohamed Al-Bandari, chercheur indépendant ayant enseigné le journalisme aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, estime qu’il y a un flou dans les positions occidentales à l’égard de ce qui se passe au Soudan, car « nous avons rarement vu de rapports à ce sujet l’année dernière dans la presse » sur les défis que cette guerre pose à d’autres pays africains, y compris l’Égypte, et aux pays instables de la région du Sahel et de l’Afrique du Nord.
De même, il n’y a eu que peu de couverture de la conférence de paix qui s’est tenue en Égypte en juillet pour discuter des répercussions négatives de la guerre au Soudan sur les sept pays voisins, ajoute l’auteur.
Le chercheur indépendant souligne que le Soudan est resté embourbé dans des problèmes économiques « graves », des manifestations dans les rues et de nouvelles violences au Darfour depuis le soulèvement populaire qui a renversé le « dictateur » Omar al-Bashir en avril 2019.
Les combats ont éclaté le 15 avril 2023 entre l’armée soudanaise dirigée par le général de corps d’armée Abdel Fattah al-Burhan et les forces de soutien rapide dirigées par le général de corps d’armée Mohammed Hamdan Dogolo, alias Hemeti.
Alors que les médias occidentaux se concentrent sur d’autres conflits, tels que les deux guerres en cours à Gaza et en Ukraine, le peuple soudanais reste pris dans un conflit « qui n’est pas de son fait » alors que la famine se propage.
En comparant la couverture occidentale de ces trois guerres, tout chercheur en communication peut remarquer un déficit médiatique dans la manière dont les nouvelles de la guerre au Soudan sont transmises, selon l’auteur, qui ajoute que les réfugiés soudanais fuyant le conflit sont souvent dépeints comme « faibles, naïfs et arriérés ».
L’auteur prétend que les médias occidentaux considèrent la vie des Soudanais, et des Africains en général, comme ne méritant pas plus de compassion que celle des Ukrainiens, des Israéliens ou des Palestiniens.
Il a ajouté que le Soudan est confronté à une « catastrophe » avec l’épuisement des fonds des Nations unies, tandis que les travailleurs humanitaires qualifient la crise là-bas de « guerre oubliée ».
Ce qui a irrité de nombreux Africains, c’est que le Conseil de sécurité des Nations unies a voté à l’unanimité début décembre pour mettre fin au mandat de la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS), établie à Khartoum en 2020 pour soutenir le processus de transition politique dans le pays.
La fin de cette mission, selon l’article, menace gravement les civils soudanais et entraîne le pays vers une catastrophe en 2024. Le retrait d’UNITAMS représente également un « nouveau revers » pour les Nations unies, qui font face à un degré d’hostilité – principalement en Afrique – concernant leur efficacité politique et sécuritaire.
L’article conclut que la faible couverture médiatique occidentale de la guerre au Soudan a réduit les chances de lancer des initiatives de paix pour mettre fin au conflit entre l’armée et les forces de soutien rapide.
L’auteur termine en conseillant aux médias occidentaux d’élargir leur couverture des événements au Soudan, et en Afrique en général, au-delà de la seule question du « flux effrayant » de réfugiés soudanais et africains vers l’Occident.