Politique

Le président Tunisien Kaïs Saïed met fin aux primes et privilèges accordés aux membres du Conseil supérieur de la magistrature


Mercredi, le président tunisien Kaïs Saïed a promulgué un décret qui prévoit « l’arrêt des primes et des privilèges » accordés aux membres du Conseil supérieur de la magistrature.

Selon une déclaration de l’Institution présidentielle, Saïed a signé aujourd’hui un décret portant modification de la loi organique relative au Conseil supérieur de la magistrature et prévoyant la fin des privilèges et des primes accordés à ses membres.

En réponse, le Conseil supérieur de la magistrature a annoncé jeudi que ses membres « continueraient de s’acquitter de leurs fonctions en mettant fin à l’ordonnance du Président Kaïs Saïed ».

Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe constitutionnel chargé de contrôler le bon fonctionnement de la justice et l’abus du pouvoir judiciaire.
Le Président du Conseil, Youssef Bouzakher, a expliqué dans une déclaration à la radio Shems FM : « Nous espérons que ce décret présidentiel ne sera pas un moyen de faire pression sur le Conseil supérieur de la magistrature », et il a déclaré que « le Conseil a une autonomie conforme aux dispositions de la Constitution ».

Les membres du Conseil continueront de s’acquitter de leurs fonctions, indépendamment du décret présidentiel qui fixe la fin des privilèges et des immunités accordés aux membres du Conseil.

Il a déclaré que « l’assemblée plénière est convoquée et qu’elle émettra son avis sur le décret et que la structure constitutionnelle du pouvoir judiciaire ne peut être compromise ».
Plus récemment, un débat s’est fait jour dans les milieux des droits tunisiens au sujet de l’« indépendance de la magistrature », en particulier à la lumière des déclarations du Président Saïed, dans lesquelles celui-ci a affirmé que la magistrature était « une fonction de l’État » et a appelé à dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature.

Le débat sur l’indépendance de la magistrature s’est intensifié depuis que la Ministre de la Justice Leïla Jaffel a annoncé en Octobre dernier l’élaboration d’un projet de loi sur le Conseil supérieur de la magistrature, qui a suscité l’enthousiasme de nombreux juges.

Les juges ont estimé que les déclarations de la Ministre de la justice constituaient une ingérence dans le domaine judiciaire, tandis que le Président Saïed a nié qu’il en était ainsi, en soulignant que l’élaboration de ce projet impliquerait les juges eux-mêmes.

Dans ses discours passés, Saïed a abordé la question de la justice, affirmant souvent que la justice est une « justice d’État », qu’elle est indépendante et qu’elle n’est soumise qu’à la loi et qu’« il n’y a pas d’autre moyen de purger le pays que par une justice équitable et par-dessus tout, des juges ».

Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe constitutionnel chargé de contrôler le bon fonctionnement de la justice et l’abus du pouvoir judiciaire.

Depuis le 25 Juillet dernier, la Tunisie traverse une grave crise politique à la suite de l’adoption par Saïed de mesures exceptionnelles, dont le gel des compétences du Parlement, la levée de l’immunité de ses députés, l’abolition de la Commission de contrôle de la Constitution, la promulgation de décrets présidentiels, le limogeage du chef du gouvernement et la formation de nouveaux.

La majorité des forces politiques du pays rejette ces résolutions, les qualifiant de « coup d’État à la Constitution » et d’atteinte aux droits et aux libertés, tandis que d’autres y souscrivent en les considérant comme une « rectification de la révolution de 2011 » qui a renversé le président Zine el-Abidine Ben Ali.

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