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La nomination de Bachagha embrouille la scène libyenne et la Turquie en est le plus grand bénéficiaire


Le Parlement libyen, après avoir voté de manière urgente le 10 février 2022 pour la nomination de l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement d’entente, soutenu par la Turquie, Fathi Bachagha, au poste de Premier ministre à l’unanimité des députés présents après le retrait de son rival, Khaled Al Bayas, doit remplacer Abdel Hamid Dbeibah, qui a été nommé à la tête du « gouvernement d’unité nationale » internationalement reconnu et qui a été mis en place il y a environ un an. Le vote fut organisé par le président de la Chambre des représentants Aguila Salah, faisant valoir que le mandat actuel du « gouvernement d’unité nationale » s’acheva en décembre 2021, après le report des élections présidentielles et législatives prévues. Bachagha a deux semaines pour former le gouvernement et le présenter à la Chambre des représentants pour qu’il obtienne la confiance.

Le gouvernement d’unité nationale libyen, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, a déclaré qu’il ne renoncerait pas au pouvoir et ne renoncerait à ses fonctions qu’après les élections en Libye, au mépris du parlement qui se prépare à mettre en place un nouveau gouvernement une semaine plus tard, qui dirigera la prochaine étape, augmentant d’autant la probabilité d’un conflit entre les deux gouvernements.

La Turquie s’efforce de tirer le meilleur parti de la querelle libyenne entre Bachagha et Dbeibah et cherche à étendre le conflit libyen aussi longtemps que possible si Bashagha n’est pas à la tête du gouvernement libyen.

Le Président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré il y a quelques jours que son pays entretenait de bonnes relations à la fois avec Dbeibah et avec Bachagha.

Dans des déclarations à la presse, Erdoğan a déclaré : « Nos relations avec Fathi Bachagha sont bonnes. D’autre part, nos relations sont bonnes aussi avec Dbeibah », avant qu’il ajoute que « ce qui compte, c’est qui le peuple libyen choisira et comment ».

Le Président turc a ajouté : « Nous voulons des élections en Libye, afin que les Libyens choisissent le type de gouvernement qu’ils veulent ».

Comme d’habitude, les déclarations d’Erdoğan présentent beaucoup de ses jeux politiques sordides et de sa confusion entre les mots.

Bachagha, un des frères turcs, a joué un rôle important d’allié de la Turquie en 2019 et 2020, lorsque les troupes de Haftar ont lancé une campagne militaire contre le gouvernement d’entente soutenu par la Turquie à Tripoli, lui permettant d’obtenir le soutien de la Turquie.

Fathi Bachagha, qui est affilié aux Frères musulmans, bénéficie du soutien des groupes armés et des milices à Tripoli, et d’un grand soutien turc.

Ces défis et ces conflits rendent difficile le rétablissement de la souveraineté, de la sécurité et de la stabilité, entravent la consolidation des institutions militaires, de sécurité et financières, retardent la tenue des élections présidentielles en Libye et remettent la Libye dans un conflit armé.

La Turquie est le plus grand bénéficiaire de ces désaccords qui permettent la survie de la présence militaire et le maintien du contrôle sur les ressources du peuple libyen.

La Turquie a fourni un appui militaire à l’ancien gouvernement d’entente nationale libyen, dirigé par Fayez el-Sarraj, a maintenu des militaires et des mercenaires syriens et contrôle des bases terrestres, maritimes et aériennes dans l’Ouest de la Libye, en se fondant sur le mémorandum d’accord de coopération militaire et de sécurité avec les el-Sarraj, qui n’a pas été approuvé par le Parlement libyen élu par le peuple.

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