Chantage politique et mainmise du mouvement islamiste sur l’armée soudanaise : non à la guerre, oui à la révolution

Depuis le déclenchement du conflit armé au Soudan en avril 2023 entre l’armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR) menées par Mohamed Hamdan Dogolo (Hemedti), le pays traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire : une guerreféroce qui a détruit les villes, déplacé des millions de personnes et désintégré les institutions restantes de l’État.
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Mais derrière ce conflit armé se cache une lutte plus profonde, invisible à l’œil nu : c’est la lutte
d’influence et le chantage politique exercé par le mouvement islamiste (les Kizans) au sein de l’armée soudanaise.
Le chantage comme outil de contrôle
À Port-Soudan, désormais siège de facto du pouvoir de transition sous la direction d’al-Burhan, les éléments de l’ancien régime s’infiltrent dans les cercles décisionnels, rendant certains hauts
responsables militaires otages de leur influence. Il est désormais courant de menacer des officiers de « divulgation » s’ils refusent de poursuivre la guerre : soit tu combats, soit nous révélons tes actes de corruption au public.
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Ainsi, plusieurs officiers supérieurs, non affiliés idéologiquement au mouvement islamiste mais impliqués dans des affaires de corruption ou d’abus de pouvoir, ont été soumis à ce chantage. Beaucoup ont préféré continuer la guerre plutôt que d’affronter la justice ou la réprobation populaire.
La corruption comme système
La corruption n’est pas un phénomène passager : elle constitue une structure institutionnalisée héritée du Parti du Congrès National, bras politique du mouvement islamiste. Selon Transparency International et Human Rights Watch, les institutions de l’État, notamment l’armée, ont été gangrenées par une corruption systémique au cours des deux dernières décennies : marchés militaires frauduleux, accaparement des ressources aurifères, monopole sur les activités économiques au nom de la sécurité nationale.
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Ainsi, de nombreux dirigeants se sont rendus implicitement complices de l’ancien régime pour conserver leurs positions, livrant l’armée à un courant hostile à l’État moderne et aux libertés fondamentales.
Une armée détournée de sa mission
L’armée soudanaise, telle qu’elle fut conçue après l’indépendance, devait être une institution nationale chargée de défendre le pays contre les menaces extérieures. Aujourd’hui, elle est devenue un instrument au service de luttes politiques internes. Ce qui se passe actuellement à Port-Soudan prolonge la logique d’exclusion, de domination et de corruption : élimination des opposants politiques, diabolisation des forces révolutionnaires, et criminalisation de toute voix en faveur de la paix.
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Vers une refondation de l’État
Ce dont le Soudan a besoin, ce n’est pas seulement d’un cessez-le-feu, mais d’une refondation complète de l’État et de ses institutions :
Une armée nationale sans allégeance partisane.
Des services de sécurité professionnels, non soumis à des agendas idéologiques.
Un média libre, à l’abri de l’État profond.
Un système éducatif moderne, qui ne propage ni haine ni fanatisme.
Nous sommes face à une tâche historique colossale qui ne peut être accomplie qu’à travers une volonté nationale unie, refusant la guerre et la destruction, et portant haut le drapeau de la glorieuse Révolution de Décembre, pour restaurer la dignité du peuple soudanais.
Non à la guerre, oui à la révolution
Nous devons crier haut et fort : non à la guerre, non au gouvernement de Port-Soudan, non à la mort, non à l’oppression, non au pouvoir corrompu.
Et dire : oui à la révolution, oui à un État de justice, oui à la dignité du peuple soudanais.