Politique

Al-Burhan poursuit Hamdok de peine de mort pour entraver les efforts de cessation des hostilités


Le parquet général soudanais, relevant du chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan, a porté mercredi des accusations passibles de la peine de mort contre l’ancien Premier ministre Abdallah Hamdok, renversé par l’armée en 2021, pour inciter à des négociations visant à mettre fin à la guerre au Soudan. Cette décision constitue une escalade contre les forces civiles qui militent pour la fin des combats dans le pays et coordonnent avec des forces régionales et internationales pour y parvenir. 

La chaîne de télévision officielle soudanaise a indiqué que le parquet général avait « enregistré une plainte » contre l’ancien Premier ministre et quinze autres personnes, dont des dirigeants de partis et des journalistes, les accusant de « saper la constitution et de déclencher la guerre contre l’État ». Ces accusations passibles de la peine de mort ont entraîné leur mise en détention et leur extradition. 

L’annonce de la Coordination des forces démocratiques civiles, connue sous le nom de « Tajdeed », en octobre dernier par plusieurs partis, secteurs professionnels ainsi que certaines mouvances armées, visait à mettre fin à la guerre et à éviter une crise humanitaire dans le pays. 

Hamdok, qui a été le premier Premier ministre civil au Soudan après le renversement en 2019 du régime militaire-islamique dirigé par Omar al-Bachir pendant trente ans, réside actuellement en dehors du Soudan depuis le coup d’État dirigé par al-Burhan contre son gouvernement en collaboration avec son ancien vice-président et adversaire actuel, le chef des Forces de soutien rapide, le général Mohamed Hamdan Dogolo. De même, tous ceux qui ont été accusés en dehors du Soudan résident également à l’étranger.

Depuis plusieurs mois, Hamdok entretient des contacts avec des parties soudanaises, régionales et internationales, notamment avec les États-Unis, pour mettre fin à la guerre au Soudan par le biais de négociations, ce qui a suscité l’inquiétude d’al-Burhan et des forces islamiques alliées à lui ainsi que des dirigeants de l’ancien régime. 

Dans le cadre de ces efforts, Hamdok a conclu un accord avec Dogolo pour entamer des pourparlers visant à mettre fin au conflit qui a éclaté en avril 2023 entre l’armée et les Forces de soutien rapide, faisant des dizaines de milliers de morts et contraignant des millions de personnes à fuir, poussant un État en proie à la pauvreté au bord de la famine. 

Cette démarche du camp d’al-Burhan contre Hamdok intervient après que l’émissaire spécial des États-Unis au Soudan, Tom Perriello, ait annoncé la fin du mois dernier son espoir de reprise du dialogue entre les parties au conflit au Soudan après le ramadan et de travailler à éviter une guerre régionale plus large, malgré l’échec des négociations précédentes. 

De nombreux observateurs estiment que cette démarche vise à empêcher toute tentative des forces régionales et internationales de faire des forces civiles et notamment de Tajdeed et de son dirigeant Hamdok un acteur clé dans toute prochaine étape de transition au Soudan. Cette démarche indique également que l’ancien régime d’Omar al-Bachir est de retour et cherche à se venger des forces civiles qui ont contribué à sa chute par des mouvements populaires. 

Des pourparlers précédents à Jeddah, en Arabie saoudite, n’ont abouti qu’à des engagements généraux pour mettre fin au conflit au Soudan, qui traversait une période difficile de transition vers la démocratie. Néanmoins, les efforts régionaux et internationaux se poursuivent pour stabiliser le Soudan, où l’assistant du ministre des Affaires étrangères égyptien, Hossam Issa, a discuté avec des responsables américains des efforts de cessation des hostilités au Soudan et de la possibilité d’ouvrir des couloirs humanitaires pour acheminer l’aide humanitaire aux personnes affectées.

Cela s’est produit lors d’une réunion entre Issa et Perriello, ainsi que l’ambassadrice américaine en Égypte, Hera Mustafa, au Caire, selon un communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères publié mercredi sur sa page Facebook.

Le ministère a déclaré que la réunion avait porté sur « les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu au Soudan, à retourner à la table des négociations, à préserver le sang du peuple soudanais et à garantir la sécurité des civils ». Elle a également examiné la possibilité d’ouvrir des couloirs humanitaires pour faciliter la livraison de fournitures alimentaires et médicales aux Soudanais, mettant en lumière le rôle central de l’Égypte et des pays voisins dans ce domaine. Les deux parties ont convenu de poursuivre les consultations et la coordination au cours de la prochaine étape, et de fournir tout le soutien possible pour aider le Soudan à surmonter sa phase difficile, selon la même source.

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