Washington et Riyad soutiennent une « troisième option » pour mettre fin au vide présidentiel au Liban
L’opposition libanaise rejette la candidature de Joseph Aoun à la présidence, doutant de sa capacité à s’entendre avec les forces politiques.
Le Parlement libanais se réunira demain, jeudi, pour élire un président de la République, mais les indicateurs ne laissent pas présager une sortie de l’impasse politique. Aucun des candidats n’atteint le quorum légal nécessaire pour être élu. Selon des sources libanaises proches des coulisses, le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, bénéficie du soutien des États-Unis et de l’Arabie saoudite. Cependant, l’opposition s’oppose à sa candidature, le considérant comme une figure manquant de consensus.
Le journal libanais Al-Akhbar rapporte que les États-Unis, la France et l’Arabie saoudite ont récemment intensifié leurs efforts pour convaincre les blocs parlementaires de voter en faveur de Joseph Aoun lors de la séance de demain.
Un délégation saoudienne, conduite par le prince Yazid ben Farhan, en charge du dossier libanais, s’est rendue dimanche à Beyrouth pour discuter avec les parties libanaises dans le cadre des efforts visant à résoudre la crise.
Selon le site libanais An-Nashra, l’émissaire saoudien a rencontré plusieurs députés. Bien qu’il n’ait exercé aucune pression pour pousser à l’élection de Joseph Aoun, il a mis en avant les qualités requises pour le poste, qu’il estime être présentes chez le chef de l’armée, en particulier dans le contexte des crises complexes du pays, aggravées par les tensions entre Israël et le Hezbollah, ainsi que par une trêve fragile.
Cependant, cette initiative saoudienne s’est heurtée à l’opposition de députés qui rejettent l’idée de recourir à la « troisième option » représentée par Joseph Aoun, une solution souvent utilisée pour résoudre les crises présidentielles au Liban.
La liste des candidats comprend :
- Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée,
- Elias Baissari, directeur général intérimaire de la Sûreté générale, soutenu par le Hezbollah et Amal,
- Jihad Azour, ancien ministre des Finances, appuyé par les forces d’opposition,
- Samir Geagea, chef des Forces libanaises,
- Sleiman Frangié, chef du Mouvement Marada,
- Les députés Neemat Frem et Ibrahim Kanaan, ainsi que les anciens ministres Ziad Baroud et Jean-Louis Cardahi.
Lors de sa visite lundi, l’envoyé américain Amos Hochstein a cherché à promouvoir Joseph Aoun comme un candidat répondant aux critères internationaux. Bien qu’il ait maintenu une neutralité apparente entre les candidats, il a affirmé que les normes internationales s’appliquaient principalement à Joseph Aoun. Hochstein a également mis en avant la nécessité de respecter la résolution 1701 de l’ONU et de réorganiser la vie politique selon des normes de transparence pour obtenir un soutien financier.
Le président du Parlement, Nabih Berri, a exprimé son opposition à la candidature de Joseph Aoun, évoquant un manque de consensus et des problèmes liés à un amendement constitutionnel nécessaire pour son élection. Il considère que le chef de l’armée n’a pas les qualités nécessaires pour parvenir à un accord avec les forces politiques.
Des discussions ont également eu lieu entre Gebran Bassil, Nabih Berri et des représentants du Hezbollah pour sécuriser des votes en faveur d’Elias Baissari et bloquer Joseph Aoun.
Les Forces libanaises, principal bloc chrétien, devraient se réunir ce mercredi soir avec leurs alliés pour soutenir un candidat unique de l’opposition. Toutefois, il n’est pas encore clair si Joseph Aoun sera leur choix.
En revanche, certains blocs et députés indépendants, dont le leader druze Walid Joumblatt, soutiennent ouvertement Joseph Aoun.
Traditionnellement, le chef de l’armée est souvent choisi pour résoudre les crises présidentielles, à l’exception de Michel Aoun, élu en 2016 grâce à une entente entre le Hezbollah et Saad Hariri. En 2008, Michel Sleiman, alors chef de l’armée, avait été élu après deux ans de vide présidentiel.
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a exprimé son optimisme quant à l’élection d’un président lors de la session de jeudi, après plus de deux ans de vacance présidentielle.