Politique

Un différend franco-américain se répercute sur le travail du quintet pour le Liban

Les divergences et les désaccords s'intensifient entre Washington et Paris concernant la situation dans le sud du Liban, le vide présidentiel et les questions relatives au secteur pétrolier


Les ambassadeurs des États-Unis, de la France, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et du Qatar, membres du quintet, reprennent leurs activités lundi à Beyrouth pour exhorter les acteurs libanais à accélérer la résolution de la crise présidentielle, tandis que les coulisses de la commission sont le théâtre d’un conflit franco-américain pour le contrôle du dossier.

La France tient à souligner qu’elle reste présente et surveille de près la situation libanaise ainsi que le dossier présidentiel, et qu’elle tente de contribuer par le biais du quintet ou par sa diplomatie et ses cercles à aborder la situation dans le sud tout en travaillant simultanément à l’élection d’un président de la République.

Selon une source diplomatique libanaise, il existe une rivalité franco-américaine pour traiter les problèmes terrestres entre le Liban et Israël. Washington exprime son mécontentement envers les Français pour ne pas l’avoir informée préalablement du document de solutions pour l’application de la résolution 1701.

Des rapports font état d’une montée des divergences et des désaccords entre Washington et Paris sur plusieurs sujets liés au Liban, notamment la situation dans le sud du Liban, le vide présidentiel et le secteur pétrolier. Washington aurait rejeté le document de solution français proposé au Liban pour le sud, alors que l’envoyé présidentiel américain, Amos Hochstein, souhaite que la solution y soit exclusivement liée.

Certains considèrent que la vision américaine, qui regroupe les dossiers du sud et de la présidence dans un seul panier, rencontre une opposition de Paris, qui estime qu’il est nécessaire de séparer les deux dossiers, surtout que la situation dans le sud est liée à la guerre à Gaza qui risque de durer, et qu’il ne faut pas lier les échéances libanaises à cela.

Paris tente, en activant le travail du quintet sur la présidence et la solution politique, ainsi que par son initiative concernant le front sud, d’empêcher Washington de monopoliser la solution. La France se présente comme une force européenne ou occidentale capable de communiquer avec tous, en particulier avec le Hezbollah au Liban ainsi qu’avec l’Iran.

Le quintet cherche à pousser les Libanais à un large consensus sur le choix d’un candidat neutre, à travers une action englobant toutes les orientations et blocs, commençant par des rencontres avec le président du Parlement, Nabih Berri, et le patriarche maronite, le cardinal Mar Bechara Boutros Rai, puis se poursuivant mardi avec des rencontres avec le président sortant Michel Aoun, le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, l’ancien chef du parti progressiste socialiste, Walid Joumblatt, et d’autres rencontres à venir.

Selon les informations disponibles, le quintet n’a pas d’initiative nouvelle dans cette tournée, surtout que la plupart de ses membres lient la résolution de la crise présidentielle à un cessez-le-feu à Gaza, et que les calculs du quintet prennent en compte le fait qu’une fin des combats à Gaza pourrait constituer un élément positif pour changer ou améliorer les chances de traiter le dossier présidentiel libanais.

Le représentant présidentiel français, Jean-Yves Le Drian, se contente actuellement de suivre l’évolution du quintet au Liban et des mouvements du bloc du Centre national à travers des contacts directs, comme il l’a fait récemment avec le président Berri, ou via l’ambassadeur français à Beyrouth, tout en essayant de contrôler la scène.

Dans le contexte de tous ces dossiers, le non-signature de la société française Total, qui a remporté avec une alliance de sociétés les contrats de prospection de pétrole et de gaz dans les blocs 8 et 10 en mer au large du sud du Liban, pour les contrats de mise en œuvre à la fin du mois dernier, soulève des questions sur les raisons de ce pas, et si cela signifie son retrait ou sa continuation, alors qu’il y a des indications que des sociétés américaines aspirent à prendre en charge les opérations de prospection, d’extraction et d’exportation ultérieurement.

Des sources sécuritaires estiment que les raisons du report de la réunion, convoquée par la France pour soutenir l’armée libanaise, sont dues à de nombreuses considérations politiques et à certaines craintes. Elles considèrent que le différend porte sur le type de soutien qui sera offert, ce qui a été une raison principale du report de la réunion.

Les contacts français n’ont pas réussi à rassembler les positions menant à la sécurisation de ce dont l’armée libanaise a besoin, comme cela était prévu lors de la « conférence de Paris », pour surmonter les difficultés actuelles et se préparer à des missions importantes qui l’attendent et à assumer pleinement ses responsabilités. Il y a d’autres obstacles qui ont empêché cela et ont conduit au report de cette conférence.

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