Une façade internationale ou un levier de l’islam politique ? La mission onusienne en Libye accusée de favoriser les Frères musulmans

Dans ce qui est perçu comme une prise de position en faveur de l’islam politique, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a salué l’élection controversée de Mohamed Takala à la présidence du Conseil supérieur d’État, bien que ce dernier soit considéré comme proche des Frères musulmans. Ce soutien apparent intervient dans un contexte juridique et politique très disputé autour de la légitimité de la séance d’élection, et pourrait aggraver les divisions déjà profondes, compromettant les efforts de réconciliation nationale.
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Le communiqué de la mission, rapporté par le journal Al-Arab basé à Londres, a été publié après l’annonce de la victoire de Takala, soutenu par le Premier ministre sortant Abdelhamid Dbeibah, lors d’une séance houleuse tenue à Tripoli dimanche dernier. Cette réunion a vu la participation d’un nombre restreint de membres, en l’absence d’un large quorum, et a été marquée par des accusations de falsification de volonté politique au sein de l’institution.
Des observateurs estiment que cette position de la mission ne peut être dissociée de son alignement tacite sur les choix politiques de Dbeibah et de ses alliances avec les islamistes, en particulier les Frères musulmans. Pour ces analystes, la MANUL cesse ainsi d’être un médiateur impartial et se transforme en acteur direct contribuant à la perpétuation du statu quo sous la domination des gouvernements de fait et des milices partisanes.
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Des experts soulignent que la mission sape le processus de rapprochement entre le président du Parlement Aguila Saleh et l’ancien président du Conseil d’État Khaled al-Mishri, qui avait abouti à un accord clé en vue de former un gouvernement unifié pour restaurer la légitimité institutionnelle.
Des acteurs régionaux et internationaux sont soupçonnés d’avoir poussé la MANUL à soutenir Takala, figure de l’islam politique issue du défunt Congrès général national, un organe largement dominé à l’époque par les Frères musulmans, et considéré comme responsable du rejet des résultats électoraux de 2014, qui a plongé le pays dans un cycle de division prolongé.
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Khaled al-Mishri, prédécesseur de Takala, a vivement critiqué la déclaration onusienne, la qualifiant d’ingérence flagrante dans un litige juridique et de violation du principe de neutralité attendu d’une mission internationale. Il rappelle que la séance électorale en question s’est tenue en dehors du cadre légal, entachée d’accusations de corruption et de manipulation, comme l’ont souligné plusieurs observateurs.
Pour l’analyste politique Sanoussi Ismail, Mohamed Takala — décrit comme discret et peu actif lors de son précédent mandat — a entravé les efforts menés par l’Égypte en faveur d’un règlement politique. Son retour en scène viserait, selon lui, à préserver le pouvoir de Dbeibah et à bloquer toute initiative de transition susceptible de déstabiliser l’alliance islamiste dominante à Tripoli.
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Le chercheur libyen Ahmed Al-Aboud ajoute que la réaction précipitée de la mission onusienne, qui a félicité Takala avant même que la justice libyenne ne statue sur la validité de la session, témoigne d’une volonté préméditée de torpiller le rapprochement entre le Parlement et le Conseil d’État. Cette attitude suscite des inquiétudes, d’autant plus que l’ONU s’apprête à présenter une nouvelle feuille de route, redoutée pour son éventuel alignement avec les intérêts des Frères musulmans.
Ces développements ravivent les craintes d’un nouvel épisode d’instabilité en Libye, consolidant la fracture entre l’Est (Benghazi) et l’Ouest (Tripoli), tout en favorisant l’ingérence étrangère aux dépens des aspirations du peuple libyen à la paix et à la stabilité.
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