Orange : l’étonnante histoire de cet agrume
Deuxième fruit le plus consommé en France après la pomme, elle est longtemps restée rare et chère.
L’orange, fruit de l’oranger, serait née sur l’archipel malais il y a 20 millions d’années, à l’époque où ce dernier était encore rattaché à l’Asie et à l’Australie. Il existe de nombreuses variétés de cet agrume issu de l’espèce Citrus sinensis : l’orange amère, produite par le bigaradier, ou la sanguine, à la chair rouge. N’oublions pas la Navel, star de nos étals. Selon certains, elle constituerait la fameuse pomme d’or de la mythologie grecque, fruit sacré qu’Héraclès (Hercule) devait dérober dans le jardin des Hespérides pour accomplir le onzième de ses douze travaux.
L’orange, cultivée par les Chinois
Au cours du premier millénaire avant notre ère, l’oranger se propage aux pays du Sud-Est asiatique. En Chine, il est cultivé sur les pentes sud de l’Himalaya. Utilisée comme plante médicinale, l’orange tiendrait son nom du sanskrit nagarunga, cité pour la première fois dans un traité médical datant de l’antiquité védique, vers l’an 100. La production de cet agrume va s’étendre à la Perse, la Mésopotamie et au nord de l’Afrique.
L’orange amère est rapportée des croisades en Europe
L’orange amère, encore appelée « bigarade », débarque en Europe à l’époque où les croisades (XIe- XIIIe siècles) empruntent la route méditerranéenne. Transmis par les Perses aux Arabes, le fruit s’implante d’abord en Sicile, où il prospère, avant de se diffuser vers le reste du continent. Mais l’agrume tel que nous le connaissons ne fera son apparition qu’au cours du XVIe siècle, grâce à des navigateurs portugais revenant de l’empire du Milieu. Par sa douceur, la « pomme de Chine » évince très vite l’orange amère.
Un symbole de pouvoir à Versailles
Grâce à son goût sucré et à son parfum, l’orange conquiert petit à petit le reste de l’Europe. Elle devient un objet de luxe et, pour l’aristocratie, sa culture symbolise le pouvoir. Elle en cultive dans des bâtiments dédiés : les orangeries. Naturellement, Louis XIV fait planter des milliers d’arbustes à Versailles. Leurs fruits se consomment sous toutes les formes et leurs fleurs parfument les pièces du château.
L’orange est diffusée en Amérique par les conquistadors
Dans le Nouveau Monde, l’histoire de ce fruit est liée à celle de la colonisation. Lors de son deuxième voyage en Amérique, Christophe Colomb en apporte pour les planter en Haïti. Au début du XVIe siècle, des chroniqueurs de Santo Domingo en témoignent : « Les oranges se sont multipliées de façon si abondante que maintenant, il y en a trop (…) ». Introduites en Floride par les Espagnols, elles se répandent sur le continent. Le Brésil et les Etats-Unis sont d’ailleurs devenus les plus gros producteurs au monde.
La bible des agrumes
L’orange et toutes ses cousines. De la bergamote au yuzu, en passant par le cédrat, le Grand livre des Agrumes (éd. Flammarion, 35€) recense toutes les variétés existantes et souvent insoupçonnées, à l’image de la bigarade bouquet de fleurs, une espèce d’orange amère recherchée par les parfumeurs. L’auteure, Anne Ettore, détaille leur origine, leur culture, leurs bienfaits pour la santé ainsi que les mille et une manières de les accommoder, le tout agrémenté de témoignages de producteurs, ingénieurs agronomes ou nez passionnés, ainsi que de recettes de chefs ou de son cru. Un ouvrage exhaustif, instructif et appétissant.
Etonnant!
Le plus vieil oranger de France a un peu plus de 600 ans. Il aurait été planté par la reine Blanche de Navarre, en Espagne, en 1421. Aujourd’hui, il mesure plus de 7 mètres et on peut le voir à Versailles.