Politique

L’insistance d’al-Burhan sur le remplacement de la monnaie menace d’aggraver la crise économique du Soudan


Cette décision a des objectifs spécifiques liés à la guerre, visant à « éliminer » la monnaie détenue par les citoyens dans les zones contrôlées par les Forces de soutien rapide.

Le comité supérieur de changement et de remplacement de la monnaie au Soudan a fixé au 10 décembre la reprise de l’opération de remplacement de la monnaie dans plusieurs états du pays, une opération qui durera deux semaines, bien que cette mesure suscite des conséquences négatives sur l’économie au milieu des craintes croissantes qu’elle ne mène à une séparation administrative et économique du pays.

Des forces politiques ont averti du danger d’un changement de monnaie par le gouvernement de Port-Soudan et de son impact sur les zones qu’il ne contrôle pas. Pendant ce temps, le taux de change de la livre soudanaise a chuté à son niveau le plus bas, atteignant environ 2500 livres pour un dollar, soit une augmentation de 400 % par rapport au début de la guerre.

Les Forces de soutien rapide ont qualifié cette décision de faisant partie d’un plan visant à diviser le Soudan et à séparer ses régions, appelant les citoyens à ne pas répondre aux décisions du gouvernement et à ne pas déposer leurs fonds. Elles ont également encouragé la population à ne pas utiliser la nouvelle monnaie, la considérant comme « non valide ».

L’administration civile des Forces de soutien rapide a émis une décision interdisant la circulation de la nouvelle monnaie soudanaise dans les zones qu’elle contrôle au Darfour.

Le président de l’administration civile du Darfour-Sud, Mohamed Ahmed Hassan, a annoncé qu’ils n’autoriseraient pas la circulation des billets de 1000 livres, nouvellement émis par la Banque centrale du Soudan, dans leurs zones de contrôle, précisant : « La nouvelle monnaie n’est pas valide et nous ne permettrons pas son entrée dans l’État ».

Cette décision a entraîné des conséquences économiques négatives, notamment l’impact sur les marchés des récoltes et du bétail au Darfour. De nombreux commerçants ont hésité à vendre, craignant de devoir accepter des paiements en monnaie ancienne.

L’expert bancaire et ancien responsable de la Banque du Soudan, Mohamed Ismat, a affirmé que cette décision pourrait renforcer la division du pays en deux zones en fonction des autorités en place.

Il a ajouté que l’objectif de cette décision était en lien avec la guerre, visant à « éliminer » la monnaie en circulation dans les zones contrôlées par les Forces de soutien rapide.

Le Darfour fait face à une pénurie de liquidités, ce qui a conduit à une augmentation des frais de transfert par des applications bancaires telles que « Bankak », atteignant plus de 25 % dans certaines zones.

Les marchés ont également souffert de pénuries de certains produits après que les commerçants ont cessé leurs ventes, entraînant une hausse des prix.

La décision a eu un impact négatif sur les marchés des récoltes à Nyala, El-Obeid et Al-Geneina, où l’offre a diminué. Par exemple, le prix d’un sac de mil est passé de 125 000 livres à 150 000 livres, celui du maïs de 70 000 livres à 90 000 livres, et celui du sésame de 132 000 livres à 135 000 livres.

Cependant, le gouvernement soutenu par l’armée reste déterminé à maintenir la nouvelle monnaie. Le ministre de la Culture et de l’Information et porte-parole du gouvernement, Khaled Al-Aysar, a déclaré dans une interview que la commission avait pris toutes les dispositions techniques et sécuritaires nécessaires pour commencer l’opération de remplacement de la monnaie le 10 décembre, avec une durée jusqu’au 23 décembre, dans les États de la mer Rouge, Kassala, Gadaref, Nil-Nord et Nil-Bleu.

Al-Aysar a précisé que cette décision est dans l’intérêt du Soudan, visant à protéger l’économie nationale et à lutter contre les activités criminelles passées. Il a ajouté que le remplacement se ferait par dépôt bancaire sur des comptes, appelant les citoyens à ouvrir des comptes bancaires dans les agences les plus proches. Il a souligné que les banques faciliteront l’ouverture des comptes et l’accueil des dépôts des clients.

Il a également encouragé les citoyens à utiliser les moyens de paiement électronique disponibles, tels que les applications, en précisant que le plafond de retrait quotidien serait de 200 000 livres pour chaque client, avec des transactions électroniques sans restriction.

Le ministre a également indiqué que les transferts d’argent entre comptes ou par le biais de paiements électroniques seraient régis par les règlements de la Banque centrale du Soudan, et que les transferts bancaires entre comptes seraient illimités.

Il a révélé que de nouvelles décisions de la Banque centrale du Soudan, contraignantes pour toutes les institutions publiques et privées, concernant l’acceptation des paiements électroniques, seraient publiées prochainement.

Le 9 novembre dernier, la Banque centrale du Soudan a annoncé l’émission de nouvelles coupures de 1000 et 1500 livres, en demandant aux détenteurs de la monnaie actuelle de la déposer sur leurs comptes bancaires, sans permettre de conversion, et a annoncé que les anciennes coupures seraient progressivement retirées de la circulation.

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