« Lacunes sur les fronts »… Procès militaires en République démocratique du Congo

Des procès militaires en République démocratique du Congo mettent en lumière des lacunes sur les fronts, offrant ainsi aux rebelles l’opportunité de prendre le contrôle de vastes territoires.
Depuis janvier dernier, les deux principales villes de l’est du pays – Goma et Bukavu – sont tombées aux mains des rebelles du Mouvement du 23 mars. connu sous l’acronyme « M23 », qui a repris les armes en 2021.
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Procès et lacunes
Dans un contexte de recul significatif sur le terrain, le procès de cinq généraux de l’armée et de la police a débuté à Kinshasa devant la Haute Cour militaire. Ils sont accusés d’avoir fui lors de l’avancée des rebelles vers la ville de Goma, située à l’est du pays.
Actuellement, sont jugés le vice-gouverneur de la police du Nord-Kivu, deux chefs de l’armée et de la police, un commandant d’unité et un conseiller militaire stationnés à Goma. capitale de la province, pour des accusations de « lâcheté, violation des ordres et perte de munitions ».
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Lors de l’ouverture du procès, les cinq généraux, dont l’ancien gouverneur intérimaire du Nord-Kivu, sont apparus en uniforme militaire. révélant ainsi publiquement leur identité pour la première fois.
Tous ces militaires ont fréquenté de grandes écoles militaires. certains ayant même suivi une formation en Europe.
Ils sont officiellement accusés de « lâcheté » pour avoir fui Goma à bord d’un bateau privé, abandonnant leurs troupes sans commandement lors de la prise de la capitale du Nord-Kivu.
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Cette fuite constitue une violation des instructions du président Félix Tshisekedi, qui avait ordonné aux forces armées de « rester dans la ville de Goma pour la défendre, armes à la main, jusqu’au sacrifice ultime ».
La violation de ces ordres a entraîné la perte d’équipements militaires et de grandes quantités de munitions, y compris cinq chars « T-55 », figurant dans un document du dossier d’accusation consulté par Radio France Internationale.
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Peine de mort
Le procès a débuté en présence du ministre de la Justice, qui a ordonné l’inculpation de ces officiers.
Lors de l’audience publique, le procureur militaire a souligné la « gravité » des faits, précisant qu’il ne souhaitait pas que les audiences suivantes soient diffusées. La prochaine audience, prévue pour le 20 mars. pourrait donc se tenir à huis clos pour examiner les faits en profondeur.
Les accusés encourent la peine de mort, mais leurs avocats restent optimistes.
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L’avocat Chicha Bukolombi a déclaré à la radio française : « À première vue, en examinant les dossiers, nous avons constaté qu’ils étaient vides. »
Il a ajouté : « Nos clients étaient préoccupés par les aléas des services. Nous espérons que l’enquête progressera et que la Haute Cour pourra rendre une justice équitable en acquittant nos clients, qui restent fidèles et dont la République a encore besoin. »
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Tous les accusés sont actuellement détenus à la prison de Ndolo, la plus grande prison militaire du pays, dans des conditions critiquées par leurs avocats. qui souhaitent qu’ils comparaissent en hommes libres.
Selon Bukolombi : « Nous avons demandé leur libération conditionnelle. Pour les civils, il est question d’assignation à résidence. mais le parquet n’a pas donné de réponse positive. Nous avons l’intention de réitérer cette demande auprès de la Haute Cour. »
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Négociations de paix
Ces développements interviennent alors que des « négociations de paix directes » entre Kinshasa et les rebelles doivent débuter mardi prochain à Luanda. selon un communiqué publié il y a quelques jours par la présidence angolaise.
Dans ce communiqué, la présidence a annoncé que « sur la base des démarches menées par la médiation angolaise (…). des délégations de la République démocratique du Congo et du M23 entameront des négociations de paix directes le 18 mars à Luanda ».
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Le président angolais João Lourenço, médiateur dans ce conflit. avait déjà déclaré mardi que des « négociations directes ». entre les deux parties auraient lieu « dans les prochains jours ». sans préciser de date exacte.
Les pourparlers de paix entre Kinshasa et le M23 avaient été suspendus après le refus du président congolais Félix Tshisekedi d’engager un dialogue avec ce groupe rebelle. qui avait lancé une offensive éclair dans l’est du pays.
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Mais Tshisekedi a fini par revenir sur sa position et a accepté de dialoguer avec le mouvement rebelle après des discussions avec son homologue angolais João Lourenço à Luanda mardi dernier.
Kinshasa affirme que plus de 7 000 personnes ont été tuées cette année dans des attaques menées par le M23.
La République démocratique du Congo accuse son voisin, le Rwanda, de chercher à exploiter les ressources minières des provinces du Nord et du Sud-Kivu, situées à l’est du pays. Des allégations que Kigali dément catégoriquement.