France : Le décès du général Jean-Louis Georgelin
Le général Jean-Louis Georgelin est décédé le vendredi 18 août à la suite d’une chute en montagne dans la région de l’Ariège, selon les informations fournies par la gendarmerie.
Pour ceux qui le connaissaient, sa disparition en montagne reflète sa vie dédiée aux sommets, toujours en quête d’altitude. Ayant embrassé la carrière militaire dès son adolescence au lycée militaire de Saint-Cyr, il a gravi les échelons pour atteindre les plus hautes fonctions sous l’uniforme. Il a ainsi occupé des postes de responsabilité éminents, tels que chef d’état-major particulier du président Jacques Chirac, puis chef d’état-major des armées de 2006 à 2010. Durant cette période, il a conféré à cette fonction une portée sans précédent, tout en assumant le commandement des opérations extérieures de la France, notamment en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, dans les Balkans et au Liban, œuvrant pour la paix, la préservation de nos valeurs et l’équilibre mondial. Il a également été élevé au rang de grand chancelier au sein de l’Ordre de la Légion d’honneur.
Partout où il est passé, il a laissé l’image d’un homme de devoir, unanimement respecté pour son intégrité sans compromis ni intérêts personnels, et pour sa liberté radicale. Les générations d’officiers, en particulier la promotion de Saint-Cyriens qu’il avait formée, les « cadets de la France Libre », se souviennent de son éloquence, de son courage et de sa voix puissante qui résonnait avec un profond sens de la patrie qu’il savait leur transmettre.
Malgré sa force imposante, il cachait une sensibilité et une culture d’une rare finesse. Sa maîtrise inébranlable de lui-même n’a pu l’empêcher de verser des larmes lorsque les voûtes du transept de Notre-Dame ont été rétablies l’hiver dernier, témoignant de l’émotion profonde qu’il ressentait. Il avait été chargé de superviser la reconstruction de Notre-Dame après l’incendie d’avril 2019, et il avait entrepris cette mission avec la même ardeur qui le caractérisait, sans se laisser intimider par les défis majeurs tels que la restauration des voûtes et des murs s’étendant sur 42 000 mètres carrés, la mise en place de la nouvelle charpente constituée de 1200 chênes, ni les contraintes temporelles.
Il y a investi toute son énergie et son âme, dans le but de restaurer le site dans son histoire inégalée et sa beauté spirituelle. Redresser vers le ciel la flèche de Notre-Dame revêtait, pour cet homme de foi et ce cœur français, une signification double, une urgence décuplée. « Vivre en surface vous punira en son temps d’avoir ignoré l’avenir qui toujours hérite » était une citation de Sertillanges qu’il affectionnait, et il avait fait de la reconstruction de Notre-Dame un projet singulier et exemplaire. Ce projet était exceptionnel non seulement par sa nature, mais aussi par son caractère, empreint de fierté et de joie qu’il savait partager avec ses compatriotes. Grâce à lui, chacun pouvait déambuler sur le parvis au milieu d’une galerie extraordinaire de sculptures vivantes, où le savoir-faire des artisans se mêlait au patrimoine de pierre.
Il avait exhumé les compétences ancestrales, mettant en valeur le trésor de savoir-faire des petites entreprises locales pour travailler le plomb, le bois, la pierre et le verre, tout comme les bâtisseurs originaux de la cathédrale l’avaient fait en leur temps. Le Président de la République et son épouse expriment leur profonde tristesse et adressent leurs condoléances à sa famille, à ses proches, à ses compagnons d’armes ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué à la reconstruction de Notre-Dame et que le général savait unir et inspirer.
Le général Georgelin ne pourra pas voir de son vivant la réouverture de Notre-Dame aux Français, qu’il a grandement contribué à réaliser. Cependant, le 8 décembre 2024, il sera présent avec nous, d’une autre manière, lors de cette réouverture. Sa mémoire vivra dans l’émotion que nous lui devons, dans la gratitude que nous ressentirons envers son travail, dans cette communion avec les mêmes idéaux, que la mort ne saurait altérer.