Experts alertent : Les amendements constitutionnels manquent de légitimité et risquent de diviser le Soudan
Répartition du pouvoir entre l'armée soudanaise et ses partisans
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Noor al-Din Babiker, porte-parole du Parti du Congrès soudanais, a mis en garde contre les risques liés aux amendements apportés par le « gouvernement de Port-Soudan » à la charte constitutionnelle. Il a souligné que ces modifications sont étroitement liées aux événements en cours à Nairobi, soulevant ainsi des inquiétudes quant à une possible fragmentation du Soudan en plusieurs entités, ce qui pourrait aggraver la situation politique et économique du pays.
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Lors d’une réunion conjointe du Conseil de souveraineté et du Conseil des ministres mercredi, l’amendement de la charte constitutionnelle a été approuvé. Toutefois, les détails de ces modifications n’ont pas encore été divulgués, ce qui soulève des interrogations sur les intentions du gouvernement et l’impact potentiel de ces changements sur l’avenir du Soudan.
Noor al-Din Babiker a affirmé que les priorités du peuple soudanais à ce stade ne concernent pas la formation d’un gouvernement basé sur des quotas et la répartition du pouvoir et des richesses, mais plutôt la fin du conflit armé et l’allègement des souffrances des citoyens. Il a insisté sur le fait que l’objectif principal des Soudanais est de protéger leurs vies, de rapatrier les déplacés et les réfugiés, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, et d’assurer la distribution de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin.
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Selon lui, cette démarche vise à légitimer le gouvernement de Port-Soudan et à satisfaire les factions en compétition pour le pouvoir. Il a également souligné les dangers associés à cette initiative, compte tenu des réunions en cours à Nairobi qui cherchent à mettre en place un gouvernement parallèle concurrent de celui de Port-Soudan.
Actuellement, Nairobi accueille des discussions impliquant divers acteurs politiques, militaires et civils, dont les Forces de soutien rapide, le Mouvement populaire de libération du Soudan (dirigé par Abdelaziz al-Hilu) et le Front révolutionnaire. Noor al-Din Babiker estime que ces développements constituent un scénario menaçant l’avenir du Soudan et pouvant mener à sa division.
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Il a averti que cette situation pourrait aboutir à l’émergence de deux États rivaux, exhortant toutes les parties à privilégier la raison et à se concentrer sur l’objectif principal : mettre fin à la guerre et acheminer l’aide humanitaire. Il a également noté que les Soudanais ne s’intéressent pas aux manœuvres politiques visant à renforcer le contrôle militaire sur le pouvoir.
D’après Noor al-Din, les amendements divulgués de la charte constitutionnelle prévoient une prise de contrôle totale du pouvoir par l’armée, entraînant la militarisation de la vie politique et civile au Soudan, ce qui représente une menace pour l’avenir du pays.
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Les amendements incluent notamment :
- L’augmentation du nombre de représentants militaires au sein du Conseil de souveraineté, passant de 4 à 6 membres.
- La nomination du président du Conseil de souveraineté par les chefs de l’armée.
- La suppression des références à « la liberté et le changement » ainsi qu’aux « Forces de soutien rapide ».
Noor al-Din Babiker a également souligné que ces changements démontrent un manque de considération pour la crise humanitaire majeure affectant des millions de Soudanais à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
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Des amendements jugés illégitimes
Maaz Hadra, expert juridique, a déclaré que les amendements adoptés mercredi à la charte constitutionnelle sont illégaux et invalides, car ils manquent de légitimité.
Dans une interview avec Radio Dabanga, il a expliqué que cette charte n’a plus de validité depuis le coup d’État du 25 octobre. Il a rappelé que les parties concernées par cette charte, à savoir les Forces de liberté et de changement et la composante militaire, ne sont plus en place, et que le Conseil législatif a été dissous.
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Il a qualifié ces modifications de « dénuées de valeur », puisqu’elles reposent sur une base caduque. Selon lui, débattre des détails des amendements n’a aucun sens étant donné que le fondement même de ces changements est erroné.
Révélations sur des modifications majeures
Des fuites ont révélé des changements fondamentaux dans la charte constitutionnelle du gouvernement de Port-Soudan, visant à redéfinir la prochaine phase de transition. Parmi les principales modifications figurent :
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- Une nouvelle période de transition avec des pouvoirs élargis pour al-Burhan
La charte révisée fixe une nouvelle période de transition de 39 mois, débutant à partir de son adoption officielle. Durant cette période, le général Abdel Fattah al-Burhan bénéficiera de pouvoirs exceptionnels sous prétexte de « sécurisation du pays et fin de la guerre », lui permettant ainsi de prendre des décisions cruciales sans consensus politique. - Pouvoir de nomination et de révocation du Premier ministre
Un des points les plus controversés est la délégation du pouvoir de nomination et de révocation du Premier ministre à al-Burhan. Cette disposition marque un tournant majeur, rompant avec les précédentes chartes constitutionnelles qui imposaient un consensus politique pour la désignation du chef du gouvernement. Cette mesure renforce la mainmise de l’armée sur le pouvoir exécutif, soulevant des doutes sur l’indépendance du gouvernement. - Exclusion des Forces de liberté et de changement et des Forces de soutien rapide
Les fuites indiquent que le rôle des Forces de liberté et de changement, qui ont joué un rôle clé après la chute du régime d’al-Béchir, ainsi que celui des Forces de soutien rapide, sera supprimé. À leur place, une nouvelle alliance dite « forces nationales soutenant l’armée » sera créée pour servir de base politique au futur gouvernement, ouvrant la voie au retour des factions loyales à l’institution militaire. - Maintien de la participation des groupes armés signataires de l’accord de Juba
Malgré ces changements radicaux, les groupes armés ayant signé l’accord de paix de Juba conserveront les quotas de représentation convenus dans les structures de pouvoir. Cette mesure vise à préserver un équilibre fragile et à éviter de nouveaux conflits avec ces groupes armés.
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Contexte politique et répercussions attendues
Les rapports indiquent qu’une campagne médiatique orchestrée accompagnera la diffusion de la nouvelle charte constitutionnelle afin de préparer l’opinion publique à ces changements. Il est également suggéré que ces amendements pourraient faciliter le retour des islamistes au pouvoir, par le biais d’alliances avec l’armée.
Si la charte amendée est adoptée officiellement, le Soudan entrera dans une nouvelle phase de transition, marquée par une domination accrue de l’armée et l’absence totale des forces politiques qui ont mené la révolution contre le régime d’al-Béchir.
La question cruciale demeure : ces amendements permettront-ils de stabiliser le pays ou ouvriront-ils la voie à une nouvelle vague de tensions et de conflits ?
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