Grand Maghreb

Complot 2 : La justice tunisienne face aux plans les plus profonds des Frères musulmans pour infiltrer l’État


Les Frères musulmans en Tunisie ont intensifié leurs tentatives de perturber le cours de la justice, quelques heures avant l’ouverture du procès de leur leader, Rached Ghannouchi, dans l’affaire connue médiatiquement sous le nom de « complot contre la sûreté de l’État 2 ».

Dans une tentative de faire dérailler le processus judiciaire, le Front du Salut — vitrine politique des Frères musulmans — a appelé ses partisans ainsi que les forces politiques et civiles à « intensifier la pression pour stopper ces procès et rétablir un climat garantissant à tous les conditions d’un procès équitable », selon ses propos.

Ce mardi, 23 accusés, dont Rached Ghannouchi, doivent comparaître devant la chambre de lutte contre le terrorisme du tribunal de première instance de Tunis, pour répondre d’accusations liées à la constitution d’une entente terroriste et à un complot contre la sécurité intérieure de l’État.

Les faits remontent à juin 2023, lorsque le bureau d’enquête relevant du pôle antiterroriste a ouvert une instruction dans une nouvelle affaire de complot contre la sûreté de l’État, impliquant une coalition qualifiée de criminelle et regroupant plusieurs figures éminentes, notamment l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, l’ex-directeur général de la sûreté nationale Kamal El-Kaïzani, l’ancien directeur du renseignement, ainsi que Rached Ghannouchi et son fils Moaz.

L’enquête a également concerné des dirigeants de premier plan des Frères musulmans, parmi lesquels Ali Larayedh et Lotfi Zitoun, ainsi que Nadia Akacha, ex-directrice du cabinet présidentiel, considérée comme l’une des principales figures en fuite à l’étranger, Mahrez Zouari, ancien responsable au ministère de l’Intérieur, Abdelkarim Laabidi et Mustapha Khedhr, impliqués dans l’assassinat des dirigeants de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi en 2013.

Parmi les accusés figure aussi Kamal El-Badoui, militaire à la retraite et ancien cadre du mouvement Ennahdha, affilié au groupe dit « Barakat Sahel ». Il est également impliqué dans le dossier de « l’appareil secret » du mouvement, et aurait supervisé la sécurité personnelle de la maison de Rached Ghannouchi.

Les détails du plan des Frères musulmans

L’activiste et analyste politique tunisien Nabil Ghawari a indiqué que l’audience de mardi représente la première session consacrée à cette affaire, désormais connue médiatiquement comme « Complot contre la sûreté de l’État 2 ».

Il a précisé que les actes reprochés aux accusés reposent sur des preuves accablantes, dont une série d’appels et de communications interceptés, contenant des fuites sensibles sur le palais présidentiel, transmises par Nadia Akacha pendant sa supervision du cabinet présidentiel à Kamal El-Badoui via le politicien Rayan Hamzaoui. Le tout dans le cadre d’un plan visant à éliminer le président Kaïs Saïed et à planifier son assassinat.

Ghawari a souligné que le leader des Frères musulmans, Rached Ghannouchi, et son fils Moaz seraient les principaux instigateurs de ce plan. Il a ajouté que la liste des 23 accusés comprend des personnalités ayant occupé des postes élevés dans l’appareil d’État, comme Nadia Akacha, ministre et directrice du cabinet présidentiel, ainsi que conseillère principale de Kaïs Saïed en 2020 et 2021, en plus de Youssef Chahed, chef du gouvernement entre 2017 et 2020, et plusieurs hauts responsables sécuritaires du ministère de l’Intérieur.

Il a estimé que la gravité de l’affaire réside dans l’importance des personnes impliquées et la sensibilité de leurs fonctions, ce qui révèle la complexité du plan des Frères musulmans et sa profondeur au sein de l’État.

Plus tôt, les autorités tunisiennes avaient annoncé avoir déjoué un complot visant à renverser le régime en place, en infiltrant le palais présidentiel avec l’aide de Nadia Akacha, qui a dirigé le cabinet du président Saïed depuis son arrivée à Carthage.

Le ministère tunisien de l’Intérieur avait alors précisé que ses services de sécurité avaient intercepté des informations confirmant des menaces sérieuses contre l’intégrité physique du président Kaïs Saïed, émanant de parties internes et externes cherchant à semer le chaos et à déstabiliser le pays.

Un passé de conspirations renouvelé

Cette nouvelle affaire s’inscrit dans la continuité d’un processus judiciaire entamé avec la première affaire dite aussi « Complot contre la sûreté de l’État », datant du 14 février 2023, lorsque les autorités tunisiennes avaient arrêté plusieurs cadres des Frères musulmans et leurs alliés, dont des magistrats et hommes d’affaires influents, soupçonnés de vouloir renverser le régime.

Les investigations avaient révélé que les Frères musulmans avaient proposé Khemaïs Jhinaoui, une figure politique bien connue, comme successeur potentiel du président Kaïs Saïed, en cas de succès de leur tentative, confirmant ainsi qu’il était l’intermédiaire principal dans ce complot.

Le 19 avril, la justice tunisienne a prononcé des peines de prison allant de 13 à 66 ans contre plusieurs dirigeants des Frères musulmans et leurs alliés politiques, après les avoir reconnus coupables de complot contre la sûreté de l’État, dans le cadre de l’affaire connue médiatiquement sous le nom de « Complot ».

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page