Comment le nettoyage des dents peut-il contribuer à la prévention de la démence ?
La santé bucco-dentaire est souvent perçue comme une question d’esthétique ou de confort. Pourtant, au cours des deux dernières décennies, la recherche scientifique a mis en lumière un lien étroit entre la bouche et le cerveau. De plus en plus d’études suggèrent qu’un entretien rigoureux des dents et des gencives pourrait jouer un rôle dans la réduction du risque de démence. Ce lien ne signifie pas que se brosser les dents guérit ou empêche totalement la maladie, mais il montre que l’hygiène dentaire fait partie d’une approche globale de la prévention.
La bouche : une porte d’entrée vers l’organisme
La cavité buccale abrite des millions de bactéries. Lorsqu’elles restent contrôlées, elles participent à un équilibre normal. Cependant, en cas de mauvaise hygiène, ces bactéries prolifèrent, provoquent l’accumulation de plaque dentaire et déclenchent des inflammations, notamment la gingivite puis la parodontite. Ces maladies des gencives ne touchent pas uniquement la bouche : elles peuvent libérer des bactéries et des substances inflammatoires dans la circulation sanguine, exerçant des effets sur le reste du corps.
Inflammation chronique et cerveau
La démence, dont la maladie d’Alzheimer est la forme la plus connue, est associée à des processus inflammatoires complexes. Les chercheurs ont observé que l’inflammation chronique, qu’elle soit métabolique, cardiovasculaire ou infectieuse, peut contribuer à endommager progressivement les neurones. Les maladies parodontales génèrent justement une inflammation persistante. Des marqueurs inflammatoires circulants augmentent, ce qui pourrait, chez certaines personnes, accentuer la vulnérabilité cérébrale.
Certaines études ont même identifié des fragments de bactéries buccales dans le cerveau de patients atteints d’Alzheimer. Cela ne prouve pas une relation directe de cause à effet, mais renforce l’hypothèse selon laquelle une bouche malade pourrait participer à la cascade de mécanismes menant au déclin cognitif.
Risque cardiovasculaire, diabète et démence : un lien indirect
Le nettoyage insuffisant des dents est aussi associé à un risque accru de diabète mal contrôlé, d’hypertension et de maladies cardiovasculaires. Or ces pathologies sont, elles-mêmes, des facteurs reconnus de démence. En d’autres termes, prendre soin de ses dents contribue indirectement à protéger le cerveau en maintenant les vaisseaux sanguins et le métabolisme en meilleure santé.
Le rôle du brossage et du nettoyage professionnel
Un brossage régulier, au moins deux fois par jour, associé au fil dentaire ou aux brossettes interdentaires, réduit efficacement la plaque et l’inflammation gingivale. Les visites chez le dentiste pour un détartrage permettent d’éliminer les dépôts que le brossage ne peut pas atteindre. À long terme, cela limite la progression de la parodontite et donc l’exposition du corps à une inflammation chronique.
Il est également essentiel d’adopter de bonnes habitudes alimentaires, de limiter les boissons sucrées et de ne pas fumer, car le tabac aggrave fortement les maladies des gencives.
Ce que la science peut dire… et ce qu’elle ne peut pas encore affirmer
Il serait trompeur d’affirmer que le nettoyage des dents empêche définitivement la démence. Les chercheurs parlent plutôt d’association et de réduction potentielle du risque. La démence résulte d’une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux, cardiovasculaires et liés au mode de vie. L’hygiène bucco-dentaire n’est qu’une pièce du puzzle, mais une pièce importante et relativement facile à contrôler.
Conseils pratiques pour protéger à la fois la bouche et le cerveau
- Se brosser les dents deux minutes, deux fois par jour, avec un dentifrice fluoré.
- Nettoyer entre les dents chaque jour (fil dentaire ou brossettes).
- Consulter le dentiste au moins une fois par an, plus souvent en cas de problèmes.
- Manger varié : fruits, légumes, fibres, protéines de qualité, moins de sucres.
- Éviter le tabac et limiter les boissons sucrées.
- Associer ces gestes à l’activité physique, au sommeil régulier et à la stimulation intellectuelle.
Le lien entre le nettoyage des dents et la prévention de la démence illustre combien le corps fonctionne comme un tout. Une bouche saine limite l’inflammation, améliore la santé générale et peut contribuer, avec d’autres habitudes de vie, à protéger la mémoire et les capacités cognitives. Investir quelques minutes par jour dans l’hygiène bucco-dentaire est donc un geste simple, mais potentiellement précieux pour l’avenir du cerveau.
