Deux ans après le début de la guerre de Gaza, Israël est passée de la sympathie internationale à l’isolement mondial

Au moment où elle a lancé son offensive contre Gaza, Israël bénéficiait d’un soutien occidental massif. Mais deux ans plus tard, elle se retrouve isolée, voire rejetée. L’État hébreu avait su exploiter à son avantage l’attaque surprise menée par le Hamas contre des bases militaires et des localités israéliennes situées autour de la bande de Gaza.
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Dans les premiers jours du conflit, les monuments emblématiques du monde entier furent illuminés aux couleurs du drapeau israélien, symbole d’un élan de solidarité internationale. L’attaque fut considérée comme la plus meurtrière de l’histoire du pays, justifiant initialement, aux yeux de nombreux gouvernements, la riposte militaire israélienne.
Mais au fil des mois, ce soutien s’est érodé. L’opinion publique et les gouvernements étrangers ont cessé de voir la guerre comme une action de « défense légitime ». Les images de destructions massives, de bombardements incessants et de dizaines de milliers de morts — en majorité des femmes et des enfants — ont progressivement inversé la tendance.
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Les réseaux sociaux ont été inondés de vidéos montrant des civils tués, des familles ensevelies sous les décombres, et des scènes de famine à Gaza. Ces images, diffusées sur des milliards de téléphones dans le monde, ont profondément choqué l’opinion publique internationale.
Israël a tenté de se dédouaner des accusations, affirmant prévenir les civils avant chaque frappe et niant toute crise de la faim, malgré les rapports concordants d’organismes humanitaires et des Nations unies.
Cependant, les vidéos tournées par des soldats israéliens eux-mêmes à l’intérieur de Gaza ont contribué à ternir davantage son image. Ces séquences, largement partagées, montraient des militaires célébrant la destruction de quartiers entiers, parfois en hommage à un camarade tombé au combat ou à l’occasion d’un anniversaire.
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L’indignation mondiale s’est amplifiée : des millions de manifestants sont descendus dans les rues des grandes capitales — à Londres, Paris, Rome, Barcelone, New York, ou encore Sydney — pour réclamer la fin des bombardements.
Le revirement international a également été nourri par les déclarations de figures de l’opposition israélienne accusant le gouvernement de prolonger la guerre pour des raisons politiques internes. Ces voix critiques, jointes à celles d’extrémistes au pouvoir tels qu’Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qui appelaient à coloniser Gaza et à en expulser la population, ont exacerbé la rupture avec l’opinion mondiale.
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Des phrases comme « il n’y a pas d’innocents à Gaza » ou « larguons la bombe nucléaire » ont fini d’alimenter une condamnation quasi unanime. Le monde a compris que la guerre avait cessé d’être une réponse au 7 octobre et était devenue une guerre punitive contre tout un peuple.
Les manifestations de familles d’otages israéliens, exigeant la fin des hostilités, ont accentué la pression intérieure sur le gouvernement de Benjamin Netanyahou, tout en renforçant la position des défenseurs d’un cessez-le-feu à l’étranger.
Les médias israéliens, quant à eux, ont minimisé les souffrances des civils palestiniens, se limitant à des images d’avions bombardant des immeubles, sans montrer les victimes.
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Dans les cinq continents, des mouvements étudiants, syndicaux et culturels ont dénoncé les actions israéliennes. L’échec d’Israël à contrer la guerre d’images sur les réseaux sociaux a aggravé sa défaite diplomatique.
Selon un sondage du Israel Democracy Institute, 73 % des Israéliens estiment que la position internationale de leur pays s’est détériorée depuis octobre 2023, et 66 % jugent qu’il est temps de mettre fin à la guerre.
Le journal Haaretz rapporte qu’Israël « perd progressivement sa légitimité mondiale » et rejoint désormais la liste des nations paria. Des sanctions ciblées, des interdictions de visa, des boycotts sportifs, le refus de ports étrangers de charger des navires israéliens, et le désengagement d’investisseurs internationaux témoignent de cette marginalisation croissante. Même les entreprises de haute technologie, autrefois fierté nationale, envisagent de déplacer leurs activités à l’étranger.
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Les Israéliens font désormais face à une hostilité accrue lorsqu’ils voyagent. Haaretz conclut : « Le monde commence à faire payer à Israël le prix de la guerre. Si elle persiste dans cette voie, elle risque de ne pas survivre à son isolement. »
Le chroniqueur Ben-Dror Yemini, dans Yedioth Ahronoth, souligne que « ces deux dernières années, Israël s’est approchée de l’effondrement, non pas militairement, mais politiquement et stratégiquement. Le Hamas a réussi à entraîner Israël dans sa propre chute ».
Il ajoute que les sanctions économiques affectent désormais importations et exportations, et que la stratégie israélienne du « tout militaire » a échoué. L’arrêt des combats, même partiel, serait selon lui « un acte de survie ».
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Enfin, il conclut : « Israël a gagné la bataille, mais perdu la guerre. Ses victoires stratégiques contre l’Iran et le Hezbollah sont effacées par la dégradation de son image mondiale. Le monde a changé, et Israël doit désormais entreprendre la difficile reconstruction de sa crédibilité diplomatique — si tant est que son gouvernement en soit encore capable. »