Massacre d’Al-Khuwai : une enquête révèle d’horribles crimes de purification ethnique au Kordofan perpétrés par les milices islamistes et Al-Baraa Ibn Malik

Au cœur du conflit sanglant qui ravage le Soudan, un massacre atroce a récemment éclaté dans la région d’Al-Khuwai, dans l’État du Kordofan-Nord. Selon les premières investigations et des témoignages recueillis sur le terrain, des milices affiliées à l’Armée du Mouvement islamique et au groupe Al-Baraa Ibn Malik sont accusées d’avoir mené des opérations de purification ethnique systématique contre des civils issus des tribus Dar Hamar et Hawazma.
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Exécutions de type « Daesh »
D’après des sources fiables et des proches des victimes ayant survécu à l’attaque, ces milices ont procédé à des exécutions sommaires et des décapitations, utilisant des méthodes similaires à celles de l’organisation terroriste Daesh.
Les témoignages soulignent que les auteurs des massacres ne se sont pas contentés de tuer, mais ont également mutilé les corps des victimes, semant la terreur dans les zones tribales voisines, dans une tentative manifeste d’intimidation adressée à toute communauté soupçonnée de coopérer avec les Forces de soutien rapide (FSR), ennemies jurées de ces milices.
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Purification ethnique motivée par la vengeance politique et tribale
Ces actes trouvent leur justification apparente dans des accusations de collusion avec les FSR : la tribu Dar Hamar est soupçonnée d’avoir facilité leur entrée dans la région d’An-Nuhud, tandis que les Hawazma sont accusés d’avoir laissé les FSR prendre le contrôle de la zone d’Al-Hammadi, dans le Kordofan-Sud.
Ces prétextes ont servi de fondement à une campagne de représailles sanglantes. Ainsi, Al-Khuwai, bastion de la tribu Dar Hamar, est devenue le théâtre d’une véritable extermination, tandis qu’Al-Hammadi a subi simultanément des attaques ciblant les Hawazma.
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Profil des milices : bras idéologiques dans une guerre civile
Les assaillants appartiennent à ce qui est connu sous le nom d’« Armée du Mouvement islamique », une force paramilitaire composée d’extrémistes partisans du régime déchu, qui se réclament du « djihad » et de l’« enracinement islamique ». La milice d’Al-Baraa Ibn Malik, quant à elle, s’inspire du courant salafiste-jihadiste et porte le nom d’un compagnon du prophète célèbre pour sa brutalité au combat.
Ces groupes ont instauré un climat de terreur sectaire dans les zones en conflit, s’appuyant sur une rhétorique religieuse radicale pour justifier leurs crimes contre les civils.
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Silence officiel et blackout médiatique
À l’heure où ce rapport est rédigé, les autorités soudanaises n’ont émis aucun communiqué officiel à propos des massacres, et aucune enquête indépendante – ni nationale ni internationale – n’a été ouverte. Au contraire, des campagnes de désinformation visent à présenter les victimes comme des « traîtres » ou des « collaborateurs » des FSR.
Cette guerre médiatique sert les intérêts de plusieurs parties cherchant à diaboliser les composantes tribales qui n’ont pas pris position ouvertement dans le conflit, les poussant à payer un prix élevé pour leur neutralité ou leur silence.
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Appels urgents à une enquête internationale
De plus en plus d’organisations locales et internationales de défense des droits humains appellent à l’envoi d’une mission internationale d’enquête dans les régions d’Al-Khuwai et d’Al-Hammadi, afin de documenter ces graves violations qui s’apparentent à des crimes contre l’humanité. Elles réclament également des sanctions contre les dirigeants de ces milices et leur poursuite devant la Cour pénale internationale.
Ce qui s’est produit à Al-Khuwai ne relève pas d’un simple affrontement militaire dans un conflit armé : c’est un acte de purification ethnique méthodique qui ouvre les portes de l’enfer au Soudan. Lorsque la guerre se transforme en une chasse à l’homme basée uniquement sur l’appartenance tribale, et que l’idéologie religieuse devient un prétexte au massacre, le pays glisse vers un scénario à la syrienne ou à la rwandaise dont il sera difficile de s’extraire.
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Se taire aujourd’hui, c’est risquer la répétition de ces crimes demain — dans d’autres régions promises au même destin sanglant, tracé par des milices extrémistes prétendant « combattre l’infidélité et la trahison », alors qu’elles ne sèment que mort et division.