Politique

Une médiation du Golfe pour une réconciliation entre le Maroc et l’Iran alerte l’Algérie


L’Algérie craint que le réchauffement des relations irano-marocaines passe par une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara ou, au minimum, par un désengagement de Téhéran du soutien au Polisario et à la position séparatiste.

Les rapports concernant une médiation omano-saoudienne pour normaliser les relations diplomatiques entre l’Iran et le Maroc ont mobilisé l’Algérie. Après les déclarations du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismaïl Baghaei, confirmant ces efforts, Alger a rapidement entamé des démarches diplomatiques pour bloquer toute réconciliation susceptible de rétablir les relations entre Rabat et Téhéran.

 

Le Maroc a clairement indiqué à plusieurs reprises que la fin de la rupture diplomatique, qui perdure depuis des années en raison de l’implication de l’Iran et du Hezbollah dans l’armement du Polisario via son ambassade en Algérie, exigeait la reconnaissance par Téhéran de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Cette condition est essentielle pour un retour à des relations normales.

L’Algérie redoute que l’Iran réponde favorablement à cette condition sous la pression des États du Golfe, qui soutiennent la souveraineté marocaine sur ses territoires, y compris les provinces du Sud. Ce soutien renouvelé annuellement exacerbe les inquiétudes d’Alger, déjà méfiante face à de possibles revers dans le dossier du Sahara.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a ainsi contacté son homologue iranien Abbas Araghchi, mercredi dernier, peu après une conférence de presse du porte-parole iranien. Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, les discussions ont porté sur « plusieurs questions liées aux relations algéro-iraniennes ainsi qu’aux principaux dossiers d’intérêt commun ». Bien que le communiqué reste vague, le timing de cet échange met en lumière la préoccupation algérienne face à un rapprochement entre Rabat et Téhéran.

Répondant à une question sur une éventuelle médiation omano-saoudienne entre l’Iran et le Maroc, Baghaei a déclaré que son pays était toujours favorable à l’amélioration et à l’élargissement de ses relations avec ses voisins et les pays islamiques. Il a souligné que l’Iran n’a jamais initié de rupture avec le Maroc.

Dans un contexte géopolitique marqué par les tensions au Moyen-Orient, la guerre à Gaza et au Liban, et les pressions internationales croissantes, notamment avec le retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche, Téhéran semble chercher à réduire ses fronts de conflit. Un rapprochement avec Rabat pourrait ainsi s’inscrire dans une stratégie visant à renforcer ses relations extérieures avec les acteurs régionaux et mondiaux, dont les États-Unis, la France et l’Espagne.

La diplomatie marocaine, sous l’impulsion du roi Mohammed VI, a réussi ces dernières années à bâtir des relations stratégiques solides, soutenant l’unité territoriale du Maroc, ce qui agace l’Algérie. Alger perçoit tout rapprochement entre le Maroc et ses partenaires comme une menace à ses propres intérêts.

Enfin, la médiation omano-saoudienne reflète une dynamique régionale où l’Iran, confronté à des pressions extérieures, pourrait se montrer pragmatique en se distanciant des positions algériennes hostiles au Maroc. Cela pourrait marquer un tournant important dans les relations irano-marocaines.

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