Politique

Des navires érythréens arrivent au Soudan pour soutenir l’armée

Le soutien militaire érythréen à Al-Burhan intervient quelques jours après l'expulsion de l'ambassadeur soudanais et coïncide avec l'amélioration des relations entre l'Éthiopie et le Soudan.


L’armée soudanaise a annoncé vendredi soir l’arrivée de navires en provenance d’Érythrée dans ses ports situés sur la mer Rouge, à l’est du pays. Cela indique les intentions du chef du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, de poursuivre l’escalade militaire malgré les efforts régionaux et internationaux pour reprendre les négociations visant à mettre fin à la guerre au Soudan.

Dans un communiqué succinct, l’armée a déclaré : « Les forces navales soudanaises ont accueilli vendredi des navires de la marine érythréenne. » Le communiqué ne précisait pas les détails concernant ces navires, mais a mentionné qu’une délégation érythréenne était arrivée au Soudan à ce sujet.

Il a été précisé que le chef de la délégation érythréenne (non nommé) avait déclaré que la visite se faisait « conformément aux instructions du président Isaias Afwerki, pour réaffirmer le soutien de la direction érythréenne au peuple soudanais frère dans ces circonstances difficiles, et pour renforcer les relations solides entre les deux pays frères », selon le communiqué.

L’arrivée de ces navires à Port-Soudan intervient malgré des tensions dans les relations bilatérales suite à l’expulsion de l’ambassadeur soudanais Khalid Abbas par Asmara, qui lui avait donné « 72 heures » pour quitter le pays. Le ministère des Affaires étrangères soudanais a publié un communiqué jeudi, demandant des éclaircissements de la part de l’Érythrée après sa décision d’expulser l’ambassadeur.

Le journal soudanais « Al-Tayyar », citant des sources érythréennes non identifiées, a rapporté que les raisons de l’expulsion étaient liées au fait que l’ambassadeur aurait recruté deux jeunes pour recueillir des informations sur le camp de Sawa, un camp de formation militaire situé à l’ouest du pays, où les élèves de la douzième année du système érythréen passent leur année scolaire.

La décision d’expulsion intervient alors que les relations entre le Soudan et l’Éthiopie commencent à s’améliorer suite à la visite du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Port-Soudan, ce que Asmara a perçu comme un message négatif, bien que l’arrivée des navires indique un retour à la stabilité dans les relations érythréennes-soudanaises.

En septembre dernier, Al-Burhan a effectué une visite en Érythrée dans le cadre d’une tournée régionale pour discuter des relations bilatérales et de la situation au Soudan, mais cette visite s’inscrivait dans le soutien régional dont bénéficie l’armée soudanaise pour contrer les avancées des Forces de soutien rapide sur plusieurs fronts.

Les autorités érythréennes profitent de l’intervention dans les affaires soudanaises pour tirer des avantages de la guerre en cours au Soudan afin de retrouver une influence dans l’est du pays, comme cela avait été le cas par le passé.

L’Érythrée souhaite empêcher l’augmentation de l’influence des Émirats dans la Corne de l’Afrique et met en œuvre un agenda régional qui reflète son mécontentement face au succès d’Abou Dhabi dans le renforcement de ses relations avec les pays de la Corne de l’Afrique grâce à un soutien financier et aux investissements.

Le soutien militaire érythréen à Al-Burhan intervient alors que le Conseil de souveraineté n’a pas réagi à l’appel des États-Unis la semaine dernière pour reprendre les négociations soudanaises à Genève, ce qui suggère que le chef de l’armée rejette toutes les solutions pacifiques et vise une résolution militaire, comme il l’a affirmé à plusieurs reprises.

Washington a appelé à des pourparlers également parrainés par l’Arabie saoudite, auxquels participeront l’Union africaine, l’Égypte, les Émirats et les Nations unies en tant qu’observateur, afin de mettre fin aux souffrances des Soudanais. Cependant, les interventions extérieures et régionales militaires empêchent la conclusion d’un accord.

Le chef des Forces de soutien rapide, Mohamed Hamdan Daglo, connu sous le nom de Hameti, a accueilli l’appel américain, ce qui indique son désir de paix en contraste avec les positions hésitantes et tendues des dirigeants de l’armée soudanaise.

La guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide se poursuit depuis mi-avril 2023, faisant environ 15 000 morts et environ 10 millions de déplacés et réfugiés, selon les Nations unies.

Un rapport de l’ONU publié fin juin a indiqué qu’environ 25,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population soudanaise, sont actuellement confrontées à une « insécurité alimentaire sévère ». Les deux parties ont été accusées de crimes de guerre pour avoir ciblé délibérément des civils.

Depuis le début de la guerre, l’armée et les Forces de soutien rapide ont été accusées de voler l’aide humanitaire et de perturber sa distribution, ainsi que de détruire un système de santé déjà fragile.

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