Désaccords vifs entre les dirigeants du Hamas concernant l’échange de prisonniers
Sinwar prêt à accepter un cessez-le-feu initial de six semaines tandis que la direction politique en exil exige plus de concessions
Selon des sources informées des négociations concernant l’échange de prisonniers et le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le Wall Street Journal a révélé vendredi que des désaccords entre les dirigeants du Hamas entravent les pourparlers.
Le rapport confirme que le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, est désormais prêt à accepter un cessez-le-feu initial de six semaines. En revanche, la direction politique du Hamas vivant en exil exige plus de concessions et cherche à négocier un cessez-le-feu permanent.
Des rapports précédents avaient évoqué des désaccords entre les dirigeants du Hamas suite aux attaques israéliennes intensives après l’opération du 7 octobre.
Sur le terrain, la ville de Rafah, où des millions de Palestiniens ont cherché refuge face aux frappes israéliennes intensifiées, a connu de lourds bombardements samedi alors que les efforts diplomatiques se poursuivent pour parvenir à un nouveau cessez-le-feu au milieu des tensions croissantes dans la région. En fin de soirée, des journalistes ont signalé avoir entendu d’importantes explosions dans cette ville adjacente à la frontière égyptienne, dans la partie la plus méridionale de la bande de Gaza.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort d’au moins 100 civils dans la nuit, dont 14 dans les premières heures de samedi, dans des frappes visant des immeubles résidentiels.
Ces dernières semaines, les opérations israéliennes se sont concentrées sur la ville voisine de Khan Younès, la deuxième plus grande ville de la bande de Gaza, où, selon l’armée israélienne, la direction locale du Mouvement de résistance islamique (Hamas) est concentrée.
Sous la pluie, des milliers d’habitants ont continué de fuir les combats en cours et les bombardements israéliens en voitures, à vélo, ou dans des charrettes tirées par des ânes, voire à pied.
Les personnes déplacées cherchent refuge à Rafah, où 1,3 million de personnes sur une population totale estimée à 2,4 millions ont déménagé, vulnérables en plein hiver à la faim et aux épidémies, selon les Nations unies.
Alors que les combats se poursuivent sans relâche, les efforts diplomatiques s’intensifient pour parvenir à un deuxième cessez-le-feu plus long que celui d’une semaine médiatisé par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis, permettant la libération d’environ 100 otages israéliens fin novembre en échange de la libération de prisonniers palestiniens par Israël.
Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Mouvement islamique résidant au Qatar, devrait à nouveau se rendre en Égypte pour discuter d’une proposition préparée lors d’une réunion fin janvier à Paris entre le directeur de la CIA William Burns et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.
Une source du mouvement a indiqué que la proposition comprend trois étapes, la première étape impliquant un cessez-le-feu d’une durée de six semaines pendant lequel Israël libère entre 200 et 300 prisonniers palestiniens en échange de la libération de 35 à 40 otages détenus à Gaza, avec l’entrée de 200 à 300 camions d’aide chaque jour à Gaza.
Ces derniers jours, le Qatar a révélé un « premier accord positif » de la part du Hamas pour soutenir le cessez-le-feu. Cependant, le mouvement a ensuite déclaré n’avoir pris aucune décision concernant la proposition, soutenant un arrêt des hostilités plutôt qu’un nouveau cessez-le-feu.
Pendant ce temps, « le côté israélien (a) accepté cette proposition », selon Majed al-Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, impliqué dans la médiation.
Cependant, Israël insiste sur le fait qu’il ne cessera définitivement sa guerre contre Gaza que après avoir « éliminé » le Hamas et libéré tous les otages, recevant des assurances concernant la sécurité sur ses territoires.
La guerre dans la bande de Gaza a éclaté à la suite d’une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, faisant plus de 1160 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les derniers chiffres officiels israéliens.
En réponse à l’attaque, Israël s’est engagé à éliminer le mouvement et a depuis mené une campagne aérienne dévastatrice suivie d’opérations terrestres depuis le 27 octobre, faisant 27 131 morts, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Environ 250 personnes ont été enlevées lors de l’attaque du Hamas et transférées dans la bande de Gaza, selon les autorités israéliennes. 132 d’entre eux sont toujours retenus en otage, l’armée israélienne annonçant que 27 d’entre eux sont décédés.
Cette proposition de cessez-le-feu intervient au cœur d’une nouvelle visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken dans la région à partir de dimanche, avec des étapes au Qatar, en Égypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite.
Elle poussera en avant une proposition de libération d’otages israéliens détenus à Gaza en échange d’une suspension des attaques israéliennes sur la bande de Gaza, selon le département d’État américain annoncé vendredi.
Blinken a déclaré vendredi soir que lors de cette tournée, il cherche à travailler en faveur « d’une paix durable dans la région, comprenant une sécurité durable pour les Israéliens et les Palestiniens ».