Yémen – Les Houthis s’engagent de renoncer aux enfants soldats
Les rebelles houthis au Yémen ont accepté de vider leurs rangs d’enfants soldats, qui ont combattu par milliers pendant les sept années de guerre civile dans ce pays, ont annoncé lundi les Nations unies.
Les Houthis ont signé ce que l’ONU a décrit comme un « plan d’action » pour mettre fin et empêcher le recrutement ou l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, mais aussi le meurtre ou la mutilation d’enfants et l’attaque d’écoles et d’hôpitaux.
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que les rebelles s’étaient engagés à identifier les enfants dans leurs rangs et à les libérer d’ici les six prochains mois.
Le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein al-Azey, et un représentant de l’agence des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Philippe Duamelle, ont posé pour les médias lors d’une cérémonie de signature dans la capitale du Yémen, Sanaa. Les Houthis ont qualifié l’accord de plan de protection des enfants.
Le gouvernement internationalement reconnu du Yémen, en exil, a pris des engagements similaires dans plusieurs documents signés depuis 2014, a indiqué l’ONU.
Virginia Gamba, la plus haute responsable de l’ONU qui s’occupe des enfants dans les zones de guerre, a qualifié la décision des Houthis «d’étape positive et encourageante», mais elle a souligné que «la partie la plus difficile du voyage commence maintenant».
« Le plan d’action doit être pleinement mis en œuvre et déboucher sur des actions concrètes pour l’amélioration de la protection des enfants au Yémen », a indiqué dans un communiqué Mme Gamba, qui a signé à New York en tant que témoin de l’engagement des Houthis.
L’ONU affirme que près de 3500 enfants ont été recrutés et déployés dans la guerre civile au Yémen. Cependant, un haut responsable militaire houthi déclarait à l’Associated Press (AP) en 2018 que le groupe avait alors intégré 18 000 enfants soldats dans son armée.
D’anciens enfants soldats ont aussi déclaré à l’AP que des garçons âgés d’à peine 10 ans avaient été recrutés. À l’époque, un porte-parole militaire houthi avait nié tout recrutement systématique de personnes de moins de 18 ans et assurait qu’il y avait des ordres de refuser les enfants qui tentaient de s’enrôler.
Détails
Plus de 10 200 enfants ont été tués ou mutilés pendant cette guerre, selon l’ONU. On ne sait pas combien d’entre eux auraient pu être des combattants.
La guerre civile au Yémen a éclaté en 2014 lorsque les Houthis, soutenus par l’Iran, se sont emparés de Sanaa et ont poussé le gouvernement à l’exil. Une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, comprenant les Émirats arabes unis, est entrée en guerre au début de 2015 pour tenter de rétablir le gouvernement au pouvoir.
Les observateurs estiment que le conflit a tué plus de 14 500 civils, sur un total de 150 000 morts lorsque l’on inclut les combattants. Les combats ont aussi provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde.
Les parties belligérantes ont convenu plus tôt ce mois-ci de la première trêve nationale en six ans. Le pacte de deux mois a été programmé pour commencer pendant le mois sacré musulman du Ramadan et a suscité l’espoir de créer une dynamique de paix dans ce pays.
Le président yéménite, Abed Rabbo Mansour Hadi, s’est retiré la semaine dernière et a déclaré qu’un nouveau conseil présidentiel dirigerait le gouvernement en exil et mènerait les négociations avec les Houthis.