Politique

Washington tente de naviguer à travers le « champ de mines » syrien


Washington ne devrait pas se précipiter pour lever les sanctions ou retirer les classifications terroristes tant que la nouvelle administration syrienne n’aura pas prouvé son engagement envers la démocratie et le pluralisme, selon le site américain « National Interest ».

D’après ce même site, les États-Unis, l’Europe, la Turquie et les pays arabes doivent veiller à ce que la Syrie ne soit pas utilisée comme base pour une expansion terroriste dirigée par l’État islamique (Daech). Les efforts de reconstruction doivent inclure des mesures garantissant l’égalité des femmes et de tous les groupes ethniques, en particulier les alliés américains kurdes.

Avec la chute du régime d’al-Assad, l’équilibre géopolitique des forces au Levant a changé. Pour beaucoup, les répercussions des événements récents restent floues. Le peuple syrien, les États-Unis et Israël découvriront si l’administration de transition dirigée par Hayat Tahrir al-Cham (HTC) est dans leur intérêt.

Le Département d’État américain classe toujours HTC comme une organisation terroriste étrangère. Cependant, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé un contact direct entre Washington et HTC le 15 décembre dernier.

Une délégation américaine, dirigée par la sous-secrétaire d’État aux affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, a rencontré Ahmad al-Shara, commandant général de la nouvelle administration syrienne, connu sous le nom d’Abou Mohammad al-Joulani. Des rumeurs suggèrent que la Maison Blanche envisage de retirer la classification d’organisation terroriste étrangère concernant HTC.

Pour envoyer un message à la nouvelle administration syrienne, Israël a pris des mesures pour sécuriser une zone tampon étroite sur les hauteurs du Golan. Israël a également commencé à détruire systématiquement les missiles sol-sol d’al-Assad, ainsi que ses armes chimiques et autres armes lourdes stockées à travers la Syrie.

Avec l’activité continue de l’État islamique dans la région, personne ne sait qui pourrait utiliser ces armes à l’avenir ou à qui HTC pourrait les vendre.

Si la situation se stabilise, la reconstruction sera essentielle. Après que les sanctions européennes et américaines ont ciblé le régime d’al-Assad ainsi que les entreprises et institutions alliées, beaucoup espèrent désormais que les pays occidentaux lèveront complètement ces sanctions, ce qui dépendra de la possibilité de trouver un terrain d’entente avec la nouvelle administration.

En cas de violence persistante ou d’absence de protection des droits des femmes et des minorités ethniques, les centaines de milliards de dollars nécessaires à la reconstruction pourraient ne pas être débloqués. Cela empêcherait également des millions de réfugiés syriens au Moyen-Orient et en Europe de rentrer chez eux.

Le site « National Interest » estime que les dirigeants américains ne devraient pas lever la classification de HTC en tant qu’organisation terroriste étrangère. Dans un pays diversifié et déchiré par la guerre comme la Syrie, les haines demeurent profondes, exacerbées par les antagonismes ethniques et confessionnels, notamment entre les minorités kurdes et alaouites. La nouvelle administration doit démontrer sa volonté de combattre Daech.

Ces événements pourraient représenter une opportunité pour réaffirmer la supériorité américaine au Moyen-Orient, en particulier dans le cadre des préparatifs pour contrer la menace nucléaire iranienne. À cette fin, les États-Unis et leurs alliés doivent « rectifier la situation en Syrie ».

De plus en plus, l’idée d’une Syrie démocratique, pluraliste et pacifique, dédiée au retour des réfugiés en toute sécurité et à leur prospérité grâce au développement économique, ressemble à un rêve. Malgré les souffrances immenses du peuple syrien, l’absence de sagesse, de patience et de tolérance menace de conduire à une nouvelle phase tragique de la guerre civile.

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