Washington impose de lourdes sanctions à Téhéran, Araghtchi réclame des réparations pour la guerre

Les nouvelles sanctions ciblent principalement les intérêts maritimes de Mohammad Hossein Shamkhani, fils d’Ali Shamkhani, conseiller du Guide suprême Khamenei, et compliqueront considérablement les ventes de pétrole iranien.
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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a déclaré que les États-Unis devaient accepter d’indemniser l’Iran pour les pertes subies durant la guerre de juin dernier. Cette exigence s’inscrit dans le cadre du durcissement de la position iranienne et de l’ajout de nouvelles conditions à toute reprise éventuelle des négociations nucléaires avec l’administration du président américain Donald Trump. Cette déclaration intervient alors que Washington vient d’imposer un nouveau train de sanctions contre Téhéran.
Dans un entretien publié jeudi par le Financial Times, Araghtchi a affirmé : « Ils doivent expliquer pourquoi ils nous ont attaqués en pleine négociation, et garantir que cela ne se reproduira pas. Ils doivent également indemniser les dommages qu’ils ont causés. »
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Le rapport précise qu’Araghtchi et l’envoyé spécial américain, Steve Witkoff, ont échangé des messages tout au long du conflit, depuis son déclenchement. Le diplomate iranien a souligné la nécessité de parvenir à une « solution mutuellement bénéfique » pour mettre fin à l’impasse sur le programme nucléaire de Téhéran.
Araghchi, principal négociateur iranien sur le nucléaire, a insisté sur l’importance de « mesures concrètes de renforcement de la confiance » avant toute reprise des pourparlers, notamment des compensations financières et des garanties contre toute future attaque pendant les négociations.
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Les États-Unis avaient lancé des frappes aériennes en juin contre des installations nucléaires iraniennes, qu’ils estiment liées à un programme d’armement nucléaire. De son côté, Téhéran réaffirme que son programme est strictement civil.
Mercredi, le Département du Trésor américain a annoncé des sanctions contre plus de 115 individus, entités et navires liés à l’Iran. Ce nouveau train de mesures s’inscrit dans la stratégie de « pression maximale » engagée par l’administration Trump, après les frappes de juin sur des sites nucléaires clés.
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Les sanctions visent notamment les intérêts maritimes de Mohammad Hossein Shamkhani, fils d’Ali Shamkhani, conseiller du Guide suprême Ali Khamenei. Le Trésor américain a qualifié ces mesures de plus importantes depuis 2018, sous la première présidence Trump.
Selon le Trésor, Shamkhani contrôle un vaste réseau de navires, opérant via des intermédiaires complexes pour vendre du pétrole iranien et russe, ainsi que d’autres marchandises, dans le monde entier. Il est accusé d’avoir utilisé ses liens personnels et des réseaux de corruption à Téhéran pour engranger des dizaines de milliards de dollars, dont une large part servirait à soutenir le régime iranien.
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Globalement, les sanctions ciblent 15 compagnies de transport maritime, 52 navires, 12 individus et 53 entités, opérant dans 17 pays, de Panama à l’Italie en passant par Hong Kong.
Un haut responsable américain a déclaré que ces mesures rendront la vente de pétrole iranien « beaucoup plus difficile », tout en estimant qu’elles ne perturberont pas durablement les marchés pétroliers mondiaux. Il a précisé que les exportations iraniennes sont déjà tombées à environ 1,2 million de barils par jour, contre 1,8 million en début d’année.
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« Nous continuerons à réduire ce chiffre davantage », a-t-il ajouté, rappelant que la première phase de sanctions sous Trump avait réduit les exportations iraniennes à quelques centaines de milliers de barils par jour.
Ismaïl Baqaei, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a dénoncé ces sanctions comme « une manifestation flagrante de l’hostilité américaine envers le peuple iranien », selon l’agence ISNA. Il a qualifié les sanctions pétrolières d’« acte malveillant visant à nuire au développement économique de l’Iran et au bien-être de sa population ».
L’Union européenne a également imposé des sanctions à Shamkhani en juillet, en raison de son rôle dans le commerce du pétrole russe.
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La Chine demeure le principal importateur de pétrole iranien. Un responsable américain a reconnu que les mesures de mercredi visent tant la Russie que l’Iran, mais sont centrées principalement sur ce dernier.
« Vu sa position, ses liens avec le Guide suprême, et le rôle de son père dans les précédentes sanctions, cette mesure est fortement ciblée sur l’Iran et aura un impact significatif », a-t-il affirmé. Les États-Unis avaient déjà sanctionné Ali Shamkhani en 2020.
Cette annonce survient alors que les perspectives d’un retour au dialogue entre Washington et Téhéran restent minces, dans le sillage des frappes américaines contre les sites nucléaires iraniens.
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Lundi, Donald Trump a averti que de nouvelles frappes seraient ordonnées si l’Iran tentait de réactiver ses installations nucléaires ciblées. « L’Iran envoie de mauvais signaux », a-t-il déclaré aux journalistes, « toute tentative de relancer son programme nucléaire sera immédiatement écrasée ».
Les États-Unis avaient mené cinq séries de discussions avec l’Iran avant les frappes de juin, que Trump a décrites comme ayant « anéanti » un programme destiné, selon Washington et Israël, à développer l’arme nucléaire. Des experts contestent toutefois l’ampleur réelle des dommages, tandis que Téhéran nie toute ambition militaire.
Un haut responsable de la Maison Blanche a récemment affirmé que Washington restait ouvert à un dialogue direct avec l’Iran. Mais des diplomates européens et iraniens jugent improbable une reprise des négociations dans le contexte actuel.
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