Politique

Visages et mémoire derrière les chiffres : les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes


Israël a libéré près de deux mille prisonniers palestiniens ce mois-ci en échange de vingt otages israéliens vivants détenus par le mouvement Hamas, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, négocié sous médiation américaine. Parmi les prisonniers figuraient deux cent cinquante Palestiniens, dont certains membres de factions armées palestiniennes, condamnés ou accusés d’avoir participé, organisé ou planifié des attaques meurtrières. Le Hamas a indiqué que cent cinquante-quatre d’entre eux avaient été transférés en Égypte.

Pendant la guerre, l’armée israélienne a arrêté ou placé en détention administrative près de mille sept cents autres Palestiniens parmi ceux qui ont ensuite été relâchés.

Le nombre total de Palestiniens détenus dans vingt-trois prisons et centres israéliens s’élève désormais à plus de neuf mille cent personnes. Des organisations palestiniennes de défense des droits humains affirment qu’un nombre indéterminé d’habitants de Gaza sont également retenus dans des camps militaires israéliens, notamment à Sde Teiman dans le désert du Néguev et à Naftali, dans le nord d’Israël. Aucune donnée précise n’a été communiquée par les autorités israéliennes concernant leur nombre, leur lieu de détention ni leur sort.

Selon le Club des prisonniers palestiniens et plusieurs organisations de défense des droits humains, environ 3 544 détenus sur les 9 100 sont en détention administrative, sans jugement. Un rapport de l’Autorité palestinienne des affaires des prisonniers et des libérés mentionne que 77 détenus sont morts dans les prisons israéliennes depuis le début de la guerre.

Avant l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, le nombre total de prisonniers palestiniens s’élevait à environ 5 250, dont 1 320 détenus administratifs. Le service pénitentiaire israélien déclare ne pas être responsable des arrestations ni de la gestion juridique des détenus.

Les accusations portées contre les deux cent cinquante prisonniers récemment libérés, selon le ministère israélien de la Justice, vont de l’enlèvement au meurtre, en passant par des attaques armées, la possession illégale d’armes à feu et l’appartenance à une organisation extrémiste. Parmi les 9 100 détenus actuels, environ 1 200 ont été condamnés, 3 544 sont en détention administrative, et les listes font état de 400 mineurs et 52 femmes.

Des rapports d’organisations palestiniennes précisent que d’autres détenus, parmi lesquels des médecins et des enseignants, ont été arrêtés pour avoir participé à des manifestations ou pour leurs liens familiaux avec des suspects. Les accusations vont de l’appartenance à des groupes considérés comme extrémistes jusqu’à de simples jets de pierres.

Pour les Palestiniens, les prisonniers sont des symboles de résistance contre l’occupation, tandis qu’Israël les considère comme des terroristes responsables d’actes de violence contre ses citoyens.

En vertu des lois d’urgence, Israël peut détenir des personnes considérées comme une menace sécuritaire sans procès, une pratique dénoncée au niveau international. Ces détentions, souvent renouvelées indéfiniment, concernent principalement des Palestiniens, mais parfois aussi des Israéliens soupçonnés d’avoir attaqué des civils palestiniens. Les autorités justifient cette mesure par la nécessité de prévenir de nouveaux actes violents, notamment lorsque les preuves ne peuvent être divulguées sans compromettre des sources secrètes.

La loi prévoit qu’un tribunal examine l’ordre de détention dans les huit jours, avec possibilité d’appel, et peut accepter des preuves non communiquées au détenu si leur révélation est jugée dangereuse pour la sécurité nationale.

Les Palestiniens de Gaza sont souvent détenus en vertu de la loi sur les « combattants illégaux », qui autorise la détention illimitée de toute personne soupçonnée d’avoir participé, directement ou indirectement, à des hostilités contre Israël. Les ONG palestiniennes estiment que 2 673 personnes étaient détenues sous ce régime avant l’accord de cessez-le-feu, dont 1 700 ont depuis été libérées. Dans certains cas, les juges israéliens ont prolongé les détentions sans inculpation ni condamnation officielle.

L’armée israélienne affirme que les arrestations initiales sont effectuées conformément à la loi sur les combattants illégaux lorsqu’aucune preuve directe — comme une vidéo d’un crime — n’est immédiatement disponible, et que les arrestations pénales n’interviennent qu’une fois les preuves établies.

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