Grand Maghreb

Un reportage télévisé en Tunisie maintient les Frères musulmans en « état d’urgence »


Un état d’urgence règne au sein des Frères musulmans en Tunisie après l’annonce par une chaîne de télévision privée de la diffusion d’un reportage révélant, selon elle, des détails sur le complot de l’organisation contre l’État.

Le groupe avait intensifié sa propagande dans une tentative de gagner la sympathie du public, quelques jours avant le début du procès de ses dirigeants pour complot et tentative de coup d’État. Cependant, l’annonce de la diffusion du reportage semble avoir anéanti leurs espoirs d’influencer l’opinion publique.

La chaîne privée « Attessia » a annoncé qu’elle diffusera, vendredi soir, un reportage explorant en profondeur le dossier du complot contre la sécurité de l’État, dans lequel sont impliqués le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, ainsi que d’autres dirigeants des Frères musulmans et de partis alliés.

La première audience du procès pour complot contre la sécurité de la Tunisie est prévue pour le 4 mars prochain et concerne environ 40 personnes.

Des complots dévoilés

Des observateurs estiment que l’interdiction médiatique imposée sur l’affaire du complot contre la sécurité de l’État a encouragé les Frères musulmans à « persévérer dans leurs mensonges » envers les Tunisiens. Ils soulignent l’importance de révéler les détails de cette affaire dans les médias pour faire taire toutes les voix islamistes.

La justice tunisienne avait interdit la publication d’informations sur cette affaire, mais cette interdiction a été levée en septembre dernier.

L’activiste et analyste politique tunisien, Abdelkrim Mahmoudi, a déclaré que « la couverture médiatique et la révélation des complots des Frères musulmans dans cette affaire sont cruciales pour contrer toute tentative de manipulation de l’opinion publique et de blanchiment de l’image du groupe. »

Dès l’annonce de la diffusion du reportage, les dirigeants des Frères musulmans l’ont attaqué, avant même d’en connaître le contenu. Selon les observateurs, cela montre que l’organisation est consciente de la nature des documents qui pourraient être révélés et craint leur impact sur l’opinion publique.

Mahmoudi affirme que « les preuves et les témoignages ont démontré que les personnes impliquées dans cette affaire ont tenté, au début de l’année 2023, de renverser le président Kaïs Saïed, en s’appuyant sur des éléments infiltrés au sein du palais de Carthage et avec le soutien de parties étrangères. »

Les faits de l’affaire

L’enquête menée sur les dirigeants des Frères musulmans et la surveillance des téléphones des détenus ont révélé ce que les autorités qualifient d’ »implication » dans une tentative de complot contre la sécurité de l’État tunisien. L’objectif présumé était de ramener le groupe au pouvoir en formant un nouveau gouvernement et en rétablissant la Constitution de 2014, rédigée par les islamistes et abandonnée en 2022.

Cette affaire, qui implique 86 personnes en Tunisie et à l’étranger, vise à « renverser le régime en place ». Parmi les accusés figure Rached Ghannouchi.

L’affaire remonte à février 2023, lorsque les autorités tunisiennes ont arrêté plusieurs personnalités politiques de premier plan, dont Khayam Turki (membre du parti Ettakatol, social-démocrate), Abdelhamid Jelassi (ancien cadre des Frères musulmans), et Noureddine Bhiri (ancien ministre de la Justice et vice-président d’Ennahdha).

Les autorités ont également arrêté Kamel Ltaïef, un homme d’affaires influent, Sami Hichri, ancien directeur général de la sécurité nationale, ainsi que Fawzi Fqih, un célèbre homme d’affaires.

D’après les investigations, les accusés auraient tenté, le 27 janvier 2023, de renverser le pouvoir en attisant les tensions sociales et en déclenchant des troubles nocturnes, en s’appuyant sur des contacts au sein du palais présidentiel.

Cependant, les forces de sécurité et les services de renseignement tunisiens ont réussi à déjouer ce complot en surveillant leurs communications et leurs déplacements. Il est apparu que Khayam Turki, présenté comme le successeur désigné de Kaïs Saïed par les Frères musulmans, était l’intermédiaire clé du plan.

Les dirigeants islamistes se seraient réunis au domicile de Khayam Turki, en compagnie de Kamel Ltaïef, surnommé « l’homme des intrigues », ainsi que de diplomates et d’autres hommes d’affaires, dans la banlieue nord de Sidi Bou Saïd.

Le groupe aurait planifié de provoquer des manifestations en exploitant la hausse des prix et la crise des produits de première nécessité.

L’analyste politique tunisien Riadh Jerad a déclaré que « depuis deux ans, la défense des accusés tente de manipuler et de déformer la vérité pour minimiser l’ampleur du dossier et remettre en cause son sérieux. »

Il a ajouté : « Pour la première fois, les dessous de cette affaire énigmatique seront dévoilés, ainsi que les détails du complot et la manière dont ils ont planifié de renverser l’État et Kaïs Saïed. »

 

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