Grand Maghreb

Tunisie : Le retour de Mekki dans la course présidentielle ravive les espoirs des Frères musulmans malgré l’érosion de leur popularité


Le tribunal administratif a réintégré le candidat des Frères musulmans Abdellatif Mekki dans la course à l’élection présidentielle prévue pour octobre prochain, une décision qui dissipe les allégations et accusations de partialité de la justice tunisienne, mais qui risque de raviver des tensions longtemps latentes en coulisses.

Mekki, président du « Parti du Travail et de l’Inauguration », rejoint les candidats acceptés pour les élections présidentielles, à savoir le président actuel Kaïs Saïed, le président du mouvement « Azmoun » Ayachi Zmail, et le président du mouvement « Le Peuple » Zouheir Magzaoui.

Selon les observateurs, cités par le journal « Al-Arab », les chances de Mekki de rivaliser sérieusement aux élections sont limitées. Ils soulignent que le parti Ennahdha a perdu de son éclat et que de nombreux Tunisiens se sont détournés de lui après sa sortie du pouvoir. De plus, beaucoup de ses partisans sont mécontents de sa gestion, et ils n’ont pas non plus oublié à Mekki son départ de la mouvance au plus fort de sa crise, ce qui restreint ses chances, même s’il parvient au second tour.

Ancien dirigeant d’Ennahdha et ministre de la Santé dans un gouvernement soutenu par le mouvement, Mekki a quitté Ennahdha pour fonder un nouveau parti. Néanmoins, il est attendu qu’il bénéficie d’un soutien non déclaré d’Ennahdha, qui n’a pas présenté de candidat.

Depuis 2019, Mekki représente l’aile anti-Rached Ghannouchi au sein des Frères musulmans, et les tensions ont atteint le point de rupture totale avec son beau-frère Rafiq Abdessalem, qui appelle à boycotter les élections présidentielles. Par conséquent, la candidature de Mekki pourrait, exacerber les conflits et les divisions parmi les Frères musulmans, l’aile expatriée voyant en lui un projet menaçant la position de Ghannouchi au sein de son mouvement.

Ce point de vue repose sur l’idée que la candidature de Mekki attirera et capturera les bases des Frères musulmans hésitantes, qui ont vécu une forme d’abandon politique après l’emprisonnement de leur leader (Ghannouchi) en raison des accusations portées contre lui, y compris des accusations de terrorisme.

Le 18 août, le porte-parole du tribunal administratif, Faïçal Boukra, a annoncé que les chambres d’appel chargées des recours concernant les candidatures à l’élection présidentielle avaient rejeté le recours dans le dossier de Mekki.

Mekki avait contesté le rejet de son dossier par l’Instance supérieure indépendante pour les élections, après avoir révélé « des falsifications des parrainages populaires ».

Conformément à la loi électorale tunisienne, chaque candidat doit recueillir au moins 10 000 signatures d’électeurs provenant d’au moins 10 circonscriptions électorales, ou 10 parrainages de députés du parlement ou de la même quantité provenant du Conseil des régions et des gouvernorats (la deuxième chambre du parlement), ou de la même quantité provenant des conseils locaux, régionaux ou municipaux.

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