Soudan : Arène d’influence iranienne et des Frères musulmans
Le Soudan émerge comme un champ de bataille pour l’influence iranienne et celle des Frères musulmans, conduisant à un partage de sphère entre les Frères et l’Iran, se transformant ainsi en un État fragmenté.
Les rapports de renseignement récents révèlent les efforts continus de l’Iran pour renforcer son influence au cœur de l’Afrique, le Soudan émergeant comme une nouvelle arène de compétition régionale. Ces rapports indiquent l’offre alléchante de Téhéran à Khartoum pour établir une base navale dans la mer Rouge, en échange d’un soutien militaire comprenant des drones avancés.
Cependant, on dit que l’armée soudanaise a rejeté cette offre, compliquant le paysage géopolitique de la région. La démarche de Téhéran est perçue comme une tentative d’élargir sa sphère d’influence non seulement au Soudan, mais aussi sur les routes commerciales maritimes vitales et les passages stratégiques menant au canal de Suez et aux eaux régionales d’Israël. Ce développement souligne le rôle des puissances régionales dans le façonnement de l’avenir du Moyen-Orient et met en lumière l’importance stratégique de la mer Rouge en tant que zone contestée d’influence.
Soudan, les Frères et la rencontre avec al-Ghariani
Autrefois exilé, le mufti et visage politique des Frères musulmans en Libye, Sadiq Al-Ghariani, a rencontré le président du Conseil souverain de transition au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan, en marge de sa visite officielle dans la capitale libyenne, Tripoli.
Les analystes suggèrent que les Frères musulmans soudanais considèrent la Libye comme un refuge, et que la rencontre d’al-Burhan avec Al-Ghariani est une tentative de signifier son alignement avec les Kizans, le Mouvement islamique et l’ancien régime, car il n’était pas obligé de rencontrer Al-Ghariani lors de sa visite en Libye. Cette rencontre constitue une déclaration officielle du chef de l’armée soudanaise sur son allégeance aux Frères musulmans, une démarche qui pourrait ouvrir la porte à toutes les formes de violence et d’extrémisme, ramenant potentiellement le Soudan à des années d’isolement international.
Les analystes spéculent sur le fait que la réunion a porté sur l’aide qui serait fournie à l’armée soudanaise par des milices et des brigades affiliées aux Frères musulmans, exécutant les directives d’Al-Ghariani à la lettre.
Iran, expansion de l’influence et alliances
L’analyste politique soudanais Adel Hamad affirme des preuves claires de renforcement des relations irano-soudanaises, comme la livraison de drones « Mohajer-6 » à l’armée soudanaise, remettant en question le démenti du Soudan concernant les rapports américains sur le rejet de l’établissement de la base navale, laissant entendre la présence d’experts iraniens à la base « Wadi Seidna ».
Il a ajouté que de nombreuses sources bien informées ont remis en question les affirmations du Wall Street Journal concernant le rejet par l’armée soudanaise de l’offre iranienne, suggérant que la source mentionnée dans le rapport pourrait être fabriquée.
Compétition régionale et sécurité
De son côté, l’analyste politique soudanais Alim Al-Din Omar a mis en garde contre les tentatives de l’Iran de contrôler la mer Rouge pour influencer la navigation, soulignant que les islamistes à Port-Soudan, alignés sur l’Iran, pourraient faciliter ce contrôle. Omar a ajouté que les grandes puissances comme la Russie et l’Arabie saoudite ne le permettraient pas, mais les relations iraniennes avec le gouvernement de Port-Soudan pourraient renforcer les chances de l’Iran.
Omar a noté que la propagation de l’idéologie chiite dans la société soudanaise fait partie de la stratégie de l’Iran pour influencer d’autres pays, ajoutant que la présence de l’Iran dans la mer Rouge constitue une menace pour la sécurité régionale dans son ensemble, potentiellement perturbant la navigation internationale et déstabilisant la stabilité régionale.
Équilibre des pouvoirs
Il convient de mentionner qu’un rapport de Bloomberg en janvier a révélé l’implication directe de l’Iran dans les conflits militaires au Soudan, contribuant à l’escalade des conflits et menaçant la stabilité de la région dans son ensemble.
Le rapport indiquait que l’Iran avait soutenu l’armée soudanaise en fournissant des drones, manifestant un parti pris clair en faveur des forces gouvernementales face aux Forces de soutien rapide.
Cette intervention est considérée comme faisant partie d’une stratégie plus large de l’Iran visant à étendre son influence militaire et politique en Afrique, le Soudan étant un pivot essentiel dans cette stratégie, compte tenu de sa position géographique stratégique et de ses abondantes ressources naturelles. Les analyses suggèrent que l’Iran pourrait utiliser le Soudan comme une plate-forme pour renforcer sa présence sur le continent, potentiellement modifier l’équilibre des pouvoirs dans la région.