Politique

Sinwar flatte Nasrallah avec un message «rare» : objectifs et mystère du timing


Dans son deuxième message en quelques jours, après un an de silence, le chef du bureau politique du mouvement Hamas, Yahya Sinwar, a adressé une lettre à la milice libanaise Hezbollah, suscitant des interrogations quant à son timing et ses objectifs.

Alors que l’étoile de la trêve s’estompe à cause de l’entêtement des deux parties – le Hamas et Israël – à parvenir à un compromis, et au moment où les États-Unis suspendent leurs propositions pour raviver l’espoir d’une solution, l’escalade est de retour entre le mouvement palestinien et l’État hébreu.

Au milieu de cette escalade, Yahya Sinwar a écrit un message rare au leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, selon la milice libanaise, dans lequel il a réaffirmé « son engagement à lutter contre Israël et à soutenir l’alliance armée pro-iranienne connue sous le nom d’axe de la résistance ».

Sinwar, le dirigeant politique du Hamas qui serait caché sous terre à Gaza, a déclaré à Nasrallah que le mouvement palestinien « est engagé sur la voie de la résistance empruntée par son prédécesseur Ismaël Haniyeh, et dans l’unité de la nation islamique, avec en son cœur l’axe de la résistance face au projet israélien ».

Selon la chaîne américaine CNN, le message, publié par la chaîne du Hezbollah sur l’application Telegram, a été rédigé pour exprimer de la gratitude envers la lutte continue du Hezbollah contre Israël, débutée le 8 octobre dernier, un jour après une attaque du Hamas contre Israël, qui a déclenché une réponse israélienne dévastatrice sur Gaza.

Sinwar, l’un des hommes les plus recherchés par Israël, n’a pas été vu depuis la guerre. Il n’avait pas pris la parole publiquement depuis près d’un an, jusqu’à cette semaine.

Mardi, il a publié une première déclaration depuis la guerre, félicitant le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour sa victoire électorale, selon la chaîne Telegram du Hamas. Le lendemain, son bureau a annoncé qu’il avait envoyé des lettres de remerciement à ceux qui avaient présenté leurs condoléances après la mort de Haniyeh.

Objectifs et mystère du timing

À propos du message de Sinwar, le politologue Mohamed Chahada de Gaza déclare qu’il « tente de dire : je suis ici, je suis en vie, et je dirige avec force. Je suis parfaitement informé de tout ce qui se passe en dehors de Gaza. »

Le politologue ajoute que Sinwar « veut montrer qu’il est capable d’agir sur plusieurs fronts : le front intérieur – le champ de bataille à Gaza – et le front diplomatique – la médiation. »

Il souligne que le public visé par de tels messages est principalement Israël, insistant sur le fait que Sinwar cherche à montrer à Israël qu’en dépit des efforts pour le traquer, il est toujours capable de continuer à œuvrer sans interférence.

Un autre objectif, selon Chahada, est de s’adresser au Hamas, y compris à ceux qui doutent de ses capacités à mener la résistance depuis les tunnels à Gaza.

Sinwar a été nommé chef politique du Hamas après l’assassinat de Haniyeh dans la capitale iranienne Téhéran en juillet. Il est considéré comme plus dur que son prédécesseur dans ses relations avec Israël et privilégie la coopération et les relations étroites avec l’Iran et les groupes qui lui sont alliés, comme le Hezbollah.

Chahada ajoute que Sinwar est « l’un des partisans les plus ardents d’une relation renforcée avec le Hezbollah et l’Iran, et d’un approfondissement de l’alliance avec l’axe de la résistance ». Il est vu au sein du mouvement comme une personne pragmatique, mais aussi imprévisible et impulsive.

Dans son message à Nasrallah, Sinwar s’est engagé à continuer de défendre les lieux saints islamiques, à commencer par la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, « jusqu’à l’expulsion de l’occupant de nos terres et l’établissement de notre État indépendant, pleinement souverain, avec Jérusalem pour capitale ».

Il a ajouté que l’attaque du 7 octobre a été « l’une des batailles les plus honorables de l’histoire de notre peuple palestinien ».

Échanges de tirs

La frontière entre le Liban et Israël connaît des échanges quotidiens de tirs entre le Hezbollah et Israël. Le Hezbollah affirme viser des positions militaires israéliennes « en soutien à Gaza et à sa résistance ». En réponse, l’État hébreu frappe ce qu’il décrit comme des « infrastructures militaires » du Hezbollah, ainsi que ses combattants.

Depuis le début de l’escalade, au moins 622 personnes ont été tuées au Liban, la plupart étant des combattants du Hezbollah et au moins 142 civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et les hommages du Hezbollah et d’autres groupes.

Côté israélien et sur le Golan occupé, les autorités ont annoncé la mort de 24 soldats et 26 civils.

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