Scénarios de riposte de l’Iran après le ciblage de son consulat : les moyens et les fronts possibles
L’Iran se rapproche d’une riposte à l’attaque israélienne contre son consulat en Syrie, mais la manière de se venger semble plus compliquée que la raison.
Des sources de renseignement américaines et israéliennes confirment que l’Iran se rapproche d’une riposte à l’attaque israélienne contre son consulat en Syrie, et qu’une « grande attaque de représailles est imminente », soit de la part de Téhéran, soit de ses mandataires dans la région. Cependant, la manière de se venger semble plus compliquée que la raison, selon l’agence « Bloomberg ».
À plusieurs reprises, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a menacé « Israël de représailles » pour l’attaque ayant entraîné la destruction du bâtiment du consulat et la mort d’au moins 13 personnes. Mais toute réponse de l’Iran pourrait entraîner une escalade du conflit au Moyen-Orient et mettre Téhéran davantage dans la ligne de mire.
En ce qui concerne les scénarios de riposte, Badr Al-Saif, professeur adjoint à l’Université du Koweït et chercheur associé non résident à l’Institut des études du Golfe arabe à Washington, a déclaré que « l’Iran est dans une situation très risquée », soulignant qu’elle serait « maudite » si elle ripostait ou si elle ne répondait pas.
L’Iran craint de détourner l’attention mondiale de la guerre à Gaza, qui a entraîné une pression croissante tant locale qu’internationale sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que la crise humanitaire s’aggrave dans le territoire.
« Bloomberg » a révélé différents scénarios pour les moyens et les fronts possibles de la riposte imminente de l’Iran, suscitant des inquiétudes sur les marchés pétroliers.
Une guerre totale
Le guide suprême Khamenei a estimé que « l’attaque contre le consulat de Damas équivaut à une attaque contre le territoire iranien, et par conséquent, la riposte la plus puissante serait de mener une attaque contre Israël, ce qui pourrait signifier une déclaration de guerre totale impliquant les États-Unis et d’autres alliés d’Israël ».
L’Iran a déjà attaqué des territoires israéliens en 2018 en lançant des missiles depuis la Syrie sur des sites dans le Golan occupé.
Cependant, le fait pour l’Iran de cibler les terres israéliennes signifie que ses forces doivent contourner les systèmes de défense israéliens, selon Fabian Heinz, chercheur au sein de l’Institut international d’études stratégiques.
Heinz a jugé que cette démarche était difficile à long terme à moins qu’elle ne soit complétée par des attaques du Hezbollah libanais le long de la frontière nord d’Israël, ce qui risquerait d’augmenter les tensions entre Israël et le parti.
L’Iran pourrait se contenter d’un déluge de missiles lancés par le Hezbollah sur le nord d’Israël ou par des attaques des Houthis contre les navires en mer Rouge.
Selon Heinz, « il ne fait aucun doute que les systèmes iraniens sont très bons », mais il a noté que « les défenses israéliennes sont exceptionnelles » et donc « leur interception de la plupart des missiles montrera l’inefficacité » des armes iraniennes. Néanmoins, cela pourrait indiquer que Téhéran est toujours capable de « remporter une victoire politique et symbolique », mais cela affaiblirait ses capacités de dissuasion.
La semaine dernière, Israël a envoyé des signaux de navigation au-dessus de la zone urbaine de Tel Aviv en prévision d’une attaque iranienne, ce qui était une démonstration de ses capacités.
Ciblage des ambassades israéliennes
L’Iran pourrait également viser les ambassades israéliennes, ce qui semblerait être une riposte mutuelle au ciblage de son consulat à Damas.
Cependant, cette option serait à haut risque pour les autres priorités de l’Iran au Moyen-Orient.
Les actions non militaires par le biais d’agents ou de groupes mandataires pourraient être l’option la plus pratique, mais l’Iran a un bilan médiocre en termes de succès de telles tentatives, selon Heinz, qui a déclaré que « les services de renseignement israéliens ont contrecarré de nombreuses attaques de ce type ».
Les bases militaires
L’Iran pourrait riposter en attaquant des bases militaires israéliennes ou américaines, comme elle l’a fait lors de précédentes escalades.
En janvier dernier, les États-Unis ont déclaré que des militants soutenus par l’Iran avaient tué trois membres du personnel américain et en avaient blessé 25 autres dans une attaque par drone près de la frontière syrienne.
L’Iran tient les États-Unis pour responsables de l’attaque de Damas en raison de leur soutien à Israël, ce qui a incité Washington à prendre une mesure rare et à contacter directement Téhéran pour confirmer son non-implication.
Les attaques contre les bases militaires sont l’approche privilégiée de l’Iran. En 2020, après que l’ancien président américain Donald Trump a ordonné l’assassinat du commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne, le général Qassem Soleimani, à Bagdad, l’Iran a frappé la base aérienne d’Al-Assad en Irak, blessant plus de 100 soldats américains. De plus, des mandataires iraniens ont lancé des missiles sur l’ambassade américaine à Bagdad.
Al-Saif a déclaré que « la réponse de l’Iran, que ce soit par la retenue ou par une attaque par mandataires, n’a pas beaucoup contribué à dissuader Israël », estimant que « la réponse directe est son véritable test ».
