L'Europe

Réveil tardif… La Grande-Bretagne réévalue sa relation avec les Frères musulmans


Dans un tournant remarquable qui reflète un changement dans la boussole occidentale face aux dossiers de l’islam politique, le journaliste et chercheur politique Hossam Al-Ghamri a estimé que les réexamens britanniques récents concernant «  les Frères musulmans» constituent une reconnaissance implicite de la justesse des mises en garde lancées par Le Caire depuis 2013.

Cette lecture intervient à la lumière de déclarations faites par un ancien haut responsable des services de renseignement britanniques dans un podcast spécialisé, admettant que Londres avait mal évalué, dès le départ, les risques liés à l’accueil de l’organisation.

Al-Ghamri a expliqué, lors de son intervention sur la chaîne Al-Hayat, que cette nouvelle orientation retire au mouvement «le manteau de la victimisation» dont il a longtemps tiré profit dans les capitales européennes.

Il a analysé les dimensions du changement dans la position britannique à travers plusieurs points essentiels, lesquels ont mis en évidence l’effondrement des récits sur lesquels l’organisation s’était appuyée durant des années.

Il a souligné que l’Occident a fini par comprendre ce qu’il a qualifié de «positionnement malveillant», dans lequel le groupe adopte un discours apaisant en public, tout en gérant, en coulisses, des réseaux fermés et des financements douteux, transformant les libertés démocratiques en outils d’«infiltration douce» au cœur de l’État.

Il a affirmé que la carte présentant les Frères musulmans comme un partenaire politique est désormais tombée, après que les décideurs de Londres se sont assurés que l’organisation ne croit pas à l’État-nation et considère la démocratie comme un simple «pont temporaire» pour accéder au pouvoir.

Al-Ghamri a noté que cette reconnaissance s’accorde pleinement avec ce qu’avait présenté le président Abdel Fattah Al-Sissi dès le début, lorsqu’il affirmait que la bataille n’est pas avec la religion, mais avec une idéologie transfrontalière qui menace l’existence même de l’État-nation.

Le chercheur politique a insisté sur le fait que l’aveu de responsables britanniques disant qu’ils «avaient tort de ne pas prendre la menace au sérieux» met fin à une époque de prétendues exagérations sécuritaires que certains utilisaient contre l’Égypte. Il estime que ce virage envoie des messages rassurants aux alliés de l’Occident dans la région et confirme que le coût de la poursuite de l’accueil de telles organisations dépasse désormais tout gain politique supposé.

Il a conclu son analyse en affirmant que la scène actuelle a fait tomber trois mythes: la fausseté de la prétention à la modération du groupe, l’invalidité de l’idée selon laquelle les avertissements égyptiens n’étaient que des obsessions, et enfin l’illusion que l’Occident disposerait d’une vision plus profonde du dossier que les acteurs directement concernés dans la région.

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